ADEME – Le débat Maitrise de l’énergie (clôturé juillet 2007). Fiche d’information “facteur 4″
11/09/2009
Articles d’actualité :
- Slate.fr : L’introduction de la Taxe Carbone - Passage aux travaux pratiques
- Caisse des dépôts et Consignations : Tendance Carbonne (Lettre mensuelle sur ce sujet depuis mars 2007)
Fiche d’information “facteur 4″
La division par 4 à l’échelle de la France et par 2 à l’échelle du monde des émissions des 6 Gaz à Effet de Serre (GES) actuellement couverts par le Protocole de Kyoto nécessitera d’activer au cours des 20 à 30 prochaines années une gamme cohérente de mesures (ex : mécanismes économiques, réglementation, cadre institutionnel) dans l’ensemble des 6 secteurs émetteurs de GES (agriculture et pêche, production d’énergie, industrie manufacturière, bâtiments résidentiel et tertiaire, transport et utilisation des terres).
L’objectif « facteur 4 » repose sur les hypothèses simplifiées et le raisonnement suivant.
- Selon le GIEC [1], pour une stabilisation de la concentration atmosphérique en CO2 à 450 ppm [2], la croissance de la température s’établirait dans une fourchette comprise entre 1,5 et 3,9°C. Autrement dit, la probabilité pour qu’on reste en dessous de 2°C pour une concentration de 450 ppm est largement inférieure à 50%.
- Cet objectif de 450 ppm est sans doute le plus bas qu’on puisse se fixer puisque nous sommes aujourd’hui à 382 ppm avec une croissance proche de 2 ppm par an qui ne s’atténuerait que progressivement, même si nous supprimions toute émission.
- Pour stabiliser à 450 ppm, il faut avoir réduit les émissions annuelles mondiales en 2050 à 4 Gt [3] de carbone, soit, pour une population actuelle de 6,5 milliards d’habitants, 0,6 t de carbone par habitant et par an.
- La France, avec 61 millions d’habitants, aurait droit, pour une répartition proportionnelle au nombre d’habitants, à 38 Mt de carbone, c’est-à-dire une division par quatre par rapport à ses émissions actuelles (140 Mt C).
L’expression « facteur 4 » n’est en fait directement mentionnée dans aucun rapport du GIEC. Il ne figure pas plus dans un texte réglementaire de l’Union européenne qui définirait la stratégie de long terme face au changement climatique. Par ailleurs, les pays ayant formulé des engagements ou des objectifs de long terme n’utilisent pas cette référence. En France, le concept « facteur 4 » a été intégré dans la vie politique par le Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin. Celui-ci a déclaré, lors de l’ouverture de la 20ème session plénière du GIEC, le 19 février 2003 à Paris, qu’il faut « diviser par deux les émissions de GES avant 2050 à l’échelle de la planète » ; pour la France, pays industrialisé, « cela signifie une division par quatre ou par cinq. En vertu du principe de responsabilité commune mais différenciée, nous devons montrer l’exemple en matière de mise en œuvre des politiques domestiques de lutte contre l’effet de serre ». Cet objectif a été ensuite repris dans l’article 2 de la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique du 13 juillet 2005.
Plus globalement, au niveau international, l’enjeu d’une stratégie de type « facteur 4 » est de voir les gouvernements reprendre le contrôle de leur futur énergétique. Les changements dans les modes de production et de consommation devront être majeurs (l’ampleur du chantier à mener s’agissant des bâtiments existants ou de l’automobile suffit pour en convaincre). Il s’agit donc bien d’écrire, et non d’essayer de décrire, le futur à l’horizon 2050. Il s’agit bien de politique et non de prévision.
Les éléments explicatifs du concept de facteur 4 présentés dans cette fiche sont extraits du rapport du groupe facteur 4 présidé par Christian de Boissieu.
[1] GIEC : Groupement international d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
[2] ppm : parties par millions, une mesure de concentration.
[3] Gt : giga-tonnes ou milliards de tonnes. Mt : méga-tonnes ou millions de tonnes.