LE MONDE 12.11.09 - L'Eglise catholique veut "sortir de ses ghettos" avec Internet
16/11/2009
LE MONDE | 12.11.09 | 10h23 • Mis à jour le 12.11.09 | 15h06
Le pape Benoît XVI avait laissé pantois nombre de catholiques en attribuant le plus gros couac de son pontificat à une utilisation insuffisante d'Internet. "Il m'a été dit que suivre avec attention les informations auxquelles on peut accéder sur Internet aurait permis d'avoir rapidement connaissance du problème", avait-il écrit, en mars 2009, aux évêques, dans une allusion à la levée de l'excommunication de Mgr Williamson, prélat intégriste et notoirement négationniste.
Document Eglise et Internet : le discours de Mgr Di Falco
Conçus avant cette "erreur de communication", les travaux qui s'ouvrent, jeudi 12 novembre à Rome, au sein de la Commission épiscopale européenne pour les médias (CEEM), pourraient contribuer à combler ces lacunes.
Durant quatre jours, une centaine de personnes (évêques, attachés de presse des diocèses) vont s'immerger dans la culture du Net, rencontrant des responsables du réseau social Facebook, du moteur de recherche Google, du microblogging (échange de messages courts) Identi.ca ou de l'encyclopédie sociale Wikipédia. Un hacker suisse et un spécialiste d'Interpol viendront compléter la présentation des possibilités existant sur la Toile.
"Nous devons avoir le souci de continuer à être là où sont les gens", insiste Mgr Jean-Michel Di Falco Léandri, l'évêque de Gap, président de la CEEM.
PRIÈRES EN LIGNE
Jeudi, l'ancien porte-parole des évêques de France devait livrer une réflexion sans langue de bois sur l'incapacité de l'Eglise à se saisir des ressources d'Internet, notamment comme "outil d'évangélisation". En filigrane, son analyse critique une communication trop marquée par l'organisation verticale de l'Eglise catholique. "Internet nous fait descendre de notre chaire magistrale, nous fait sortir de nos ghettos, de nos sacristies", selon l'évêque français.
Confrontés à la "Web-génération", les membres de la CEEM devraient s'interroger sur "les conséquences ecclésiologiques, les effets sur le gouvernement même de l'Eglise, la place de la religion sur le marché Internet, les manières d'y proclamer l'Evangile".
Mgr Di Falco Léandri souligne l'avantage pris par les sites protestants "évangélistes" en termes d'audience. "Les sites catholiques sont centrés sur eux-mêmes. Ils parlent la langue des initiés à l'usage exclusif des initiés. Les sites évangélistes, au contraire, veulent atteindre les internautes, utilisant Internet comme vecteur d'évangélisation."
Certes chaque diocèse possède un site plus ou moins alimenté, les blogs de prêtres se multiplient, les prières et les retraites "on line" apparaissent. Le Vatican, dont le site Internet est très peu convivial, a lancé en janvier sa propre chaîne sur Youtube. Mais cette présence n'est pas une fin en soi, insiste Mgr di Falco Léandri : les sites "chrétiens doivent être des éveilleurs de conscience".
Stéphanie Le Bars
Article paru dans l'édition du 13.11.09