Brouillard verbal sur la campagne … (15/01/2012)

Sur Télérama : réflexions inspirées par la campagne présidentielle 2012; garanties ni caniveau ni bas niveau …

Extraits de Télérama “Journal à cent voix” des Présidentielles 2012 :
http://www.telerama.fr/tag/journal-a-cent-voix/

Télérama - Présidentielle J-100 : la campagne vue par Marie Desplechin

Bon alors, cette campagne, il paraît qu’elle a commencé, même pour ceux qui n’ont pas vraiment commencé, même pour ceux qui vont en sortir bientôt. On voit un type faire des simagrées autour de Jeanne d’Arc, un autre type faire des simagrées autour de Mitterrand, un tas de types faire des simagrées dans les usines qui ferment.

Ça ressemble à une suite de danses nuptiales désarticulées. Elles s’accompagnent d’un brouillard verbal récemment désigné comme « éléments de langage », sous-produit des argumentaires élaborés par des professionnels de la manipulation (yaourts, fringues, assurances, bagnoles, centrales nucléaires, médicaments, présidents de la République). Des sondages incessants infligent le rythme, des flèches qui montent et qui descendent, machin a pris des points, truc en a perdu, tu parles d’un suspens. On peut suivre comme on suit le sport à la télé. Qui entre en Ligue Un, qui en sort.

Et tout ça nappé dans la rhétorique épaisse des gars et des filles qui sont en course. Tous ces mots qui ne servent à rien, toutes ces fausses phrases. Il y a sûrement un tas de gens là-dedans qui valent beaucoup mieux que ce qu’ils sont amenés à dire. Revenez après l’élection, les amis, revenez quand vous pourrez parler, ça nous fera plaisir.

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Présidentielle J-98 : la campagne vue par Mariette Darrigrand

[…]l’élu n’est pas censé incarner des abstractions mais représenter des individus bien vivants.

L’assemblée des citoyens désigne son président : littéralement celui qui, pra-sedere, s’assoit devant eux pour se faire leur ambassadeur. Depuis les cahiers de doléances jusqu’au suffrage universel, ce mécanisme ascensionnel – du bas vers le haut –, nourrit notre démocratie dite, précisément, représentative.

L’incarnation traduit un mouvement inverse. Un homme ou une femme incarnant des valeurs, c’est un être qui est relié au ciel et s’en fait le représentant. Tel l’Objet de la caverne platonicienne, il descend par moments dans le monde de l’ici-bas, se faire le reflet de l’Idée qui tout en haut brille comme une étoile.

Cette relation originelle – imaginée par un philosophe qui n’aimait guère la démocratie – a été parfaitement prolongée par notre histoire religieuse. Aujourd’hui, la France devenue post-chrétienne, reste tout de même persuadée – question d’habitus plus que de foi – que l’incarnation, c’est toujours un Verbe qui se fait Chair. Comme une âme tombant dans un corps, une catégorie abstraite (La Liberté, Le Changement, la Fracture sociale, la Rupture, l e Courage…) vient animer un personnage charismatique. Celui-ci alors, élu entre mille, déploie sa foi sur les écrans et amène à lui tous ces petits enfants attardés que sont les média-consommateurs.

Ce mécanisme narcissico-christique pointait déjà le nez à la fin de la campagne présidentielle de 2007 : les deux candidats finalistes, bras en croix et voix doucereuses, désireux, pour l’un, de ramener au bercail les brebis égarées du Front national ; pour l’autre, de créer une société de fraternité, ont martelé leur commune prière : Aimez-moi les uns les autres.

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