De l’ABCD de l’égalité à la Théorie des Genres (16/02/2014)

Ce n’est pas Jean-François Coppé avec “Tous à poils” qui m’a donné l’idée d’aller lire les productions ministérielles sur ce sujet mais Gaspard Proust, l’humoriste de Salut les Terriens (Canal+ samedi 8/2/2014 vers 20h vers 2mn45) pour vérifier si tout ce qu’il avait sélectionné pour son sketch était bien réel. Et ça l’est : “Je confirme ce que j’ai vu c’est vraiment de la branlette … mais attention de classe internationale” dit-il ! Et de railler, après avoir donné un aperçu de l’activité “GRS avec Ruban et Ballon” : “Tu feras de la GRS esthétique mon fils et tu donneras des coups de boule ma fille… et ainsi ils affronteront la Mondialisation”. (On trouvera l’histoire de l’album HECTOR, en page 5 de “Dentelles, Rubans, Velours et Broderies”).

Salut les Terriens du 08/02 - Gaspard Proust

Sur la page http://www.education.gouv.fr/cid76775/l-enseignement-de-l... on peut : "Télécharger la convention interministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif 2013-2018" de lien : http://cache.media.education.gouv.fr/file/02_Fevrier/17/0...

Si comme moi vous avez entendu je ne sais combien de fois que dans l'ABCD de l'égalité, il n'était pas question de théorie du genre, comptez combien de fois apparait le mot genre dans le document officiel ci-dessus.

Côté élèves, l’ABCD de l’égalité ne leur impose certes aucun enseignement théorique du genre, mais il les y préparent bien.

Côté enseignants, de très nombreux efforts sont déployés par l’éducation nationale pour former les maîtres à cette logique et s’assurer qu’ils ne passent pas à travers…

http://www.cndp.fr/ABCD-de-l-egalite/outils-pedagogiques....

 



Gendarmes et Voleur

les perdants ne doivent pas être éliminés

Danser : Le petit chaperon rouge

en proposant une mixité pour les deux rôles

Roi clandestin

échecs

les perdants ne doivent pas être éliminés

Roi

On peut enfin s’interroger sur le sens de luttes contre les stéréotypes et les inégalités hommes/femmes ciblées essentiellement sur une formation malgré tout permissive des plus jeunes individus, même si subsistent quelques interdits.

Comment ces jeunes vont-ils comprendre et intégrer ces expériences scolaires et artificielles, en étant immergés dans une société elle même permissive , ambigüe et très trouble, au sens où jadis une caricature était une caricature, alors qu’aujourd’hui une caricature est aussi devenu un moyen de faire un buzz, et que le relativisme perce et gagne tous les domaines ?

Voir aussi le débat sur France 2, émission Mots-Croisés du 10/02/2014 : http://www.france2.fr/emissions/mots-croises/diffusions/1...

Dupont-Aignan a été le seul interlocuteur de l’émission à revenir aux textes du gouvernement (insuffisamment d’ailleurs, vers 37e minute). Il  observait finement (vers 38e minute) que “ce qui est fort c’est rechercher des conditions d’égalité quelles que soient nos différences” sans chercher à les nier, et qu’au contraire, chercher à améliorer les conditions d’égalité homme/femme en gommant le sexe au profit du genre, introduit des rôles flous qui risquent de poser plus de problèmes dans la construction des individus que d’en résoudre sur les questions d’inégalité entre hommes et femmes.

Il a pointé cette confusion en citant Elisabeth BADINTER,   “je pense que l’idée de rayer une fois pour toute, tous les stéréotypes et d’offrir des trains électriques aux filles et les poupées aux garçons, est une aberration. Ce n’est pas libératoire, mais c’est une source de confusion dont les enfants auront du mal à se remettre. Il faut lutter pour l’égalité mais il faut respecter le besoin de différenciation. Il faut rappeler les expérience qu’on mène dans certaines maternelles et certaines crèches suédoises, où on n’a plus le droit de dire il ou elle, mais il faut trouver un mot neutre. Je trouve cela scandaleux. Je voudrais qu’on respecte les enfants et qu’on n’impose des modèles totalement abstraits. Les enfants ne sont pas des animaux d’expérience” (vers 38e minute) .

Extraits de la convention interministérielle :


La présente convention est porteuse d’une vision partagée : la réussite de tous et toutes,
élèves, apprentis ou étudiants, qui est au cœur de la mission du service public, suppose de
créer les conditions pour que l’École porte à tous niveaux le message de l’Égalité entre les
filles et les garçons et participe à modifier la division sexuée des rôles dans la société. Cela
nécessite que :

[…]

1. Acquérir et transmettre une culture de l’égalité entre les sexes

[…]

En ce sens, les parties s’engagent à :

1 1  Intégrer dans les enseignements dispensés, dans les actions éducatives,  dans  les  supports  pédagogiques,  la  thématique  de l’égalité entre les femmes et les hommes

[…]

1 3  Intégrer des actions de formation à l’égalité et de déconstruction des stéréotypes sexistes dans la formation continue des personnels enseignants, d’éducation et d’orientation

c’est pourquoi :

2. Renforcer l’éducation au respect mutuel et à l’égalité  entre les filles et les garçons,  les femmes et les hommes

[…]

En ce sens, les parties s’engagent à :

2.1  Mieux  connaître  et  prévenir  les  situations  liées  aux comportements et violences à caractère sexiste et sexuel dans le système éducatif

De nombreuses autres références au “genre”, non citées ici,  peuvent être trouvées dans l’annexe de ce document.

2 articles sur l’historique des études de genres


… qui éclairent le concept de genre sous l’angle de la philosophie, la sociologie et la psychanalyse (illustrées par $).

http://cdsonline.blog.lemonde.fr/2014/02/07/tout-ce-que-v...

« La catégorie psychanalytique de la différence sexuelle a été des le milieu des années 1980 considérée suspecte et en grande partie abandonnée en faveur d’une catégorie plus neutre, celle du genre.

Oui, neutre. J'insiste la dessus parce que c'est spécifiquement le sexe dans "la différence sexuelle » qui est lâché quand ce terme a été remplacée par genre.

La théorie du genre a réalisé un exploit majeur : elle a ôté le sexe au sexe ; tandis que les théoriciens du genre continuent de parler des pratiques sexuelles, ils ont cessé de remettre en questionnement ce que le sexe ou la sexualité signifient ; en bref, le sexe n'est plus le sujet d'une quête ontologique mais retourne a ce qu’il a toujours été dans le langage commun : une vague sorte de distinction, mais fondamentalement une caractéristique secondaire (une fois appliquée au sujet), un qualificateur qui s’ajoute à d'autres, ou (une fois appliquée à un acte) quelque chose d’un peu vilain » (Joan Copjec)

La Gender Theory (théorie des genres), dominante dans les universités américaines — et in fine dans l'Université tout court — s'origine sur ce que les anglo-saxons ont appelé French Theory (incluant les travaux de Foucault, Derrida, Deleuze, Levi-Strauss, Althusser, Baudrillard, etc. jusqu'à… Lacan ! ) pour accoucher d'une argumentation fine et détaillée sur la différence qu'il faut faire entre:

la dimension faussement "destinale" du SEXE en tant qu'anatomique, "biologique": homme / femme)

et

la construction sociale du GENRE en tant que discursive, culturelle: masculin / féminin

Cette réflexion, fallacieusement présentée comme d'origine "psychanalytique" et "marxiste" en trahit en vérité doublement les (prétendus) fondements théoriques par:

1/ la méconnaissance de la pensée freudo-lacanienne dans son essence, et donc dans son radical antagonisme aux présupposés philosophiques courants

et

2/ une approximation opportuniste de la pensée marxienne, qui ne prend pas en compte le dernier Marx, et notamment sa redéfinition du prolétariat dans son rôle d'agent historique…

Cette erreur de perspective est suffisamment fréquente pour être devenue la norme, les tenants du discours universitaire s'avérant incapables de saisir l'écart fondamental entre la philosophie et la psychanalyse sur la "différence sexuelle".

Ainsi, l'homme, l'être, l'individu, la personne, le da-sein, le sujet… ce sont des mots qui définissent un certain horizon de sens. Et de non-sens.

Dans la tradition philosophique pré-lacanienne, ce qui s'appelle sujet (cf. L'herméneutique du sujet de Foucault) n'est pas en soi sexualisé, la sexualisation c'est quelque chose qui se passe au niveau empirique, contingent, il y aurait ainsi d'abord un sujet, et ensuite sa sexualisation…

Dans la théorie psychanalytique, c'est l'inverse, c'est la sexuation qui est la condition formelle a priori de la constitution d'un sujet, raison (entre autres) pour laquelle le sujet de l'inconscient, le sujet de la psychanalyse, est un sujet divisé, un sujet clivé, un sujet barré, inconsistant, qui se note $.

La différence sexuelle thématisée par Lacan, avec son inéluctable sexuation des "parlêtres" ne peut donc jamais coïncider avec la problématique déconstructionniste de la "constitution sociale du genre", un gouffre séparant les deux approches…

Lorsque Lacan dit que la différence sexuelle est "réelle" il ne DIT PAS que si vous n'occupez pas la place qui vous est attribuée par l'ordre hétérosexuel en tant qu'un "homme" ou en tant qu'une "femme", vous êtes exclu du domaine symbolique, il dit qu'IL N'Y A PAS DE NORME SEXUELLE.

La différence sexuelle est "réelle", cela veut dire qu'elle est IMPOSSIBLE.
Impossible à dire, impossible à formuler, impossible à exprimer en éléments de la chaîne signifiante, impossible à articuler. Définitivement.

Les tenants de la Gender Theory ne veulent rien savoir du sujet de la psychanalyse (noté $) qui est irréductible définitivement aux histoires qu'il peut se raconter sur lui-même ou sur le monde, car c'est un "vide", ce moment cartésien du vide qui constitue l'angoissante promesse de notre possible liberté.

Mais d'où vient la sexuation? Le fait qu'il y ait deux sexes?

Pour Patrick Valas : "Le sujet est sexué avant même de venir au monde ou d'être conçu, cela ne veut pas dire que son "identité sexuée" détermine son sexe anatomique.
On est aujourd'hui incapable encore de dire comment la rencontre de l'ovule et du spermatozoïde détermine le sexe, lequel est impossible à savoir.

La conséquence en est qu'il n'y a pas qu'une alternative à ce choix de l'identité sexuée:

1) En cas de forclusion du signifiant, comme dans la psychose ou la science (biologie), le sujet erre englué dans l'imaginaire sans pouvoir le distinguer du réel, faute chez lui de l'usage du symbolique.

2) Ce peut être le choix forcé d'un ...ou bien...ou bien.
C'est la position du sujet divisé ($) qui reconnait la castration symbolique.

3) Ce peut-être la fondation d'un impossible du choix, celle d'un ni l'un, ni l'autre. Cela caractérise la névrose obsessionnelle.

4) Ce peut-être le démenti pervers du réel, qui tout en reconnaissant la castration fait en sorte de la tourner en dérision par ses simulacres.
Il est alors "condamné" a rester fixé à son narcissisme spécifique, pour autant qu'il substitue l'imaginaire au symbolique.

5) Ce peut être enfin le choix préférentiel d'un "pas l'un sans l'autre".
C'est celui que propose la psychanalyse, mais qui existe depuis toujours bien avant la découverte de Freud, qui l'a formalisé et dont Lacan a produit ses formules de la sexuation, qui montre bien que "homme" et "femme", comme signifiants ne s'excluent pas tout en étant radicalement différent, puisque le signifiant se définit de sa pure différence d'un autre signifiant.
C'est pourquoi dans les formules de la sexuation les côtés homme et femme sont séparés par une barre tout en étant joints par des vecteurs orientés." (Patrick Valas)

Pour bien saisir de quel enjeu est porteuse cette neutralisation forcée de la différence sexuelle que nous impose l'idéologie aujourd'hui, il convient de la mettre en rapport avec la lutte des classes.

La notion marxienne de lutte des classes est l'héritage (et la conséquence logique) de la manière dont Hegel révolutionne la notion de contingence dans son rapport à la nécessité: quelle que soit la position que l'on prend vis-à-vis de la lutte des classes, y compris le plus "théorique", elle est toujours déjà un moment de la lutte des classes, qui implique en-soi un "parti pris", il n'y a pas de point de vue impartial, objectif, "neutre" qui permettrait au sujet de la décrire, car pour pouvoir en parler, le sujet doit toujours se situer à priori à l'intérieur de son horizon.

En ce sens précis, la lutte des classes "n'existe pas" puisqu'il n'y a pas d'élément qui y échappe, on ne peut l'appréhender "comme telle", "objectivement", car ce à quoi on a affaire n'est que l'objet partiel dont la cause absente est "la lutte des classes" en tant que réel qui fissure la société et l'empêche à jamais de coïncider avec elle-même.

En ce sens, la lutte des classes est la transposition au plan collectif de la différence sexuelle au niveau individuel ("Le collectif n'est rien d'autre que le sujet de l'individuel" - Lacan) les "classes" ne pré-existent pas à la "lutte des classes", c'est l'engagement du sujet dans la lutte qui crée les classes. C'est un effet de la performativité rétroactive du signifiant, propre à la théorie psychanalytique ET à la dialectique de Hegel.

Les Gender Studies représentent la forme contemporaine la plus avancée du Discours Universitaire (au sens lacanien) l'agent en est fondamentalement désengagé, il se pose lui-même comme un exécutant de "Lois Objectives", observateur s'effaçant lui-même en tant que sujet de l'énonciation, devant un Savoir Neutre (en termes cliniques, sa position est proche de celle du pervers).

La finalité du Discours de l'Université (discours scientifique) est d'exclure le $ujet divisé, le $ujet qui souffre, le $ujet qui parle, tout ça au service du Bien, voilà pourquoi je parle de l'idéologie libéral-fasciste qui sous-tend le Discours Capitaliste, c'est la menace qui avance sous le masque du sentimentalisme, de la "tolérance", de le bien-pensance "égalitariste"…

1984, c'est maintenant.

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http://www.gaucherepublicaine.org/combat-feministe/de-quo...

Publication originale sur le site HuffingtonPost  http://www.huffingtonpost.fr/elisabeth-roudinesco/theorie...

Elisabeth ROUDINESCO  le 3/2/2014 :

{…] il faut d’abord rappeler que le genre, dérivé du latin genus, a toujours été utilisé par le sens commun pour désigner une catégorie quelconque, classe, groupe ou famille, présentant les mêmes signes d’appartenance. Employé comme concept pour la première fois en 1964 par le psychanalyste américain Robert Stoller, il a ensuite servi à distinguer le sexe (au sens anatomique) de l’identité (au sens social ou psychique). Dans cette acception, le gender désigne donc le sentiment de l’identité sexuelle, alors que le sexe définit l’organisation anatomique de la différence entre le mâle et la femelle. A partir de 1975, le terme fut utilisé aux États-Unis et dans les travaux universitaires pour étudier les formes de différenciation que le statut et l’existence de la différence des sexes induisent dans une société donnée. De ce point de vue, le gender est une entité morale, politique et culturelle, c’est-à-dire une construction idéologique, alors que le sexe reste une réalité anatomique incontournable.

En 1975, comme le souligna l’historienne Natalie Zemon Davis, la nécessité se fit sentir d’une nouvelle interprétation de l’histoire qui prenne en compte la différence entre hommes et femmes, laquelle avait jusque-là été “occultée” : “Nous ne devrions pas travailler seulement sur le sexe opprimé, pas plus qu’un historien des classes ne peut fixer son regard sur les paysans (…) Notre objectif, c’est de découvrir l’étendue des rôles sexuels et du symbolisme sexuel dans différentes sociétés et périodes.” L’historienne Michelle Perrot s’est également appuyée sur cette conception du genre dans ses travaux sur l’histoire des femmes, ainsi que Pierre Bourdieu dans son étude de la domination masculine. Et d’ailleurs, à bien des égards, cette notion est présente dans tous les ouvrages qui traitent de la construction d’une identité, différente de la réalité anatomique : à commencer ceux de Simone de Beauvoir qui affirmait en 1949, dans Le deuxième sexe, qu’on “ne nait pas femme mais qu’on le devient”.

Dans cette catégorie des gender studies, il faut ranger aussi l’ouvrage exemplaire de Thomas Laqueur, La Fabrique du sexe, (Gallimard 1992) qui étudie le passage de la bisexualité platonicienne au modèle de l’unisexualité créé par Galien afin de décrire les variations historiques des catégories de genre et de sexe depuis la pensée grecque jusqu’aux hypothèses de Sigmund Freud sur la bisexualité.

Dans le même temps, le livre magistral de la philosophe américaine Judith Butler, “Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion“ (La Découverte, 2005), publié à New York en 1990, eut un grand retentissement, non pas dans la société civile, mais dans le monde académique international. S’appuyant sur les travaux de Jacques Lacan, de Michel Foucault et de Jacques Derrida, elle prônait le culte des “états-limites” en affirmant que la différence est toujours floue et que, par exemple, le transsexualisme (conviction d’appartenir à un autre sexe anatomique que le sien) pouvait être une manière, notamment pour la communauté noire, de subvertir l’ordre établi en refusant de se plier à la différence biologique, construite par les Blancs.

Dans cette perspective se développa ce qu’on appelle “la théorie queer” (du mot anglais “étrange”, “peu commun”), tendance ultra-minoritaire au sein des études de genre et qui contribua à cerner des comportements sexuels marginaux et “troublés” : transgenre, travestisme, transsexualisme, etc… Elle permit non seulement de comprendre ces “autres formes” de sexualité mais de donner une dignité à des minorités autrefois envoyées au bûcher, puis dans les chambres à gaz, et aujourd’hui bannies, emprisonnées, torturées par tous les régimes dictatoriaux. Ce fut l’honneur des démocraties de les accepter et à ce titre la “théorie queer” eut le mérite de faire entendre une “différence radicale”. C’est un délire et une sottise d’imaginer que les trans-bi et autres travestis que l’on voit défiler depuis des années dans les Gay Pride puissent être source d’un quelconque danger pour l’ordre familial et la démocratie. Bien au contraire, cette présence témoigne de la tolérance dont est capable un Etat de droit.

[…]

Autrement dit, en touchant à une représentation de la sexualité inacceptable pour les tenants de l’ancien ordre familial, les études de genre ont réactivé dans la société contemporaine, minée la misère, le vieux fantasme d’une terreur de l’abolition de toutes les différences, à commencer par celle entre les hommes et les femmes. Comment s’en étonner quand on sait que ces études ont été suscitées par l’observation des transformations de la famille occidentale, par l’entrée des femmes dans un ordre historique autrefois dominé par les hommes et enfin par l’émancipation des homosexuels désireux de sortir, par le mariage, de la catégorie des “infertiles”?

Certes, ces études ont donné naissance à des extravagances et la “théorie queer” suscite des débats contradictoires dans le monde académique. Il faut s’en réjouir. Toute approche nouvelle engendre des dogmes, des excès, des attitudes ridicules, et la valorisation excessive du sexe construit (gender, queer, etc) au détriment du sexe anatomique est aussi critiquable que l’a été pendant des décennies la réduction de l’identité sexuelle à l’anatomie, c’est-à-dire à une donnée immuable induite par la nature. On connaît les dérives de ce “naturalisme” fort bien critiqué en France par Elisabeth Badinter. C’est sans aucun doute par référence à cette “théorie queer” et à ses minuscules dérives qu’a été inventée par des ignares la rumeur selon laquelle des comploteurs - adeptes de Foucault, Derrida, Lacan, Beauvoir, Bourdieu ou Freud - viseraient à pervertir les écoliers.

Pour ma part, il y a belle lurette que j’ai intégré dans mon enseignement d’historienne de la psychanalyse, les études de genre et je ne crois pas avoir fomenté le moindre complot contre l’école républicaine. N’en déplaise aux ligues fascistes. Il ne faut pas s’y tromper : l’ennemi à combattre aujourd’hui c’est la “bête immonde” dont les partisans accrochent pêle-mêle au cou de leurs enfants en bas âge, lors de leurs manifestations, des pancartes où l’on peut lire : “à bas les homos, à bas les Juifs, à bas Taubira, à bas les familiphobes, dehors les étrangers, etc…”. Je me demande ce que penseront ces enfants-là quand, parvenus à l’âge adulte, ils découvriront le spectacle de ces manifestations auxquelles, bien malgré eux, ils avaient été conviés.

03/02/2014


Autres points de vues :


Les 3 articles qui suivent, sont essentiellement des bilans, le 1e et le 3 politiques, le 2e celui de la tragique fin de l’expérience menée par John Money le Gourou US du Genre.

http://gaia2050.blogs.nouvelobs.com/archive/2014/02/03/la...

03/02/2014 La théorie du genre à l'école :

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France Info Idées

La théorie du genre en question

LE DIMANCHE 2 FÉVRIER 2014 À 11:15

La rumeur sur la théorie du genre 
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La théorie du genre, c'est quoi ?

La théorie du genre n'existe pas en tant que telle. En réalité, ce serait une invention. On parle plutôt d'études de genre, les gender studies, une somme de travaux divers et contradictoires, qui sont loin d'être homogènes et qui suscitent d'ailleurs beaucoup de débats entre eux. Mais il y a bien des professeurs de gender theory, en particulier aux Etats-Unis, comme Judith Butler ou Joan Scott, peut-être les plus connues aujourd'hui. Mais, on l'oublie souvent, les auteurs les plus cités sur cette question sont également français : Michel Foucault, avec son Histoire de la sexualité, Julia Kristeva, Monique Wittig, qui se veut "lesbienne radicale" et, bien sûr, la plus connue, Simone de Beauvoir, avec sa fameuse phrase du Deuxième sexe, "on ne nait pas femme, on le devient".

Alors il y a évidemment une dimension biologique, qui définit le sexe – personne ne le conteste –, mais il y a aussi, en plus, une dimension sociale. Et c'est là où les études de genre viennent compléter le débat. Le genre serait également une construction sociale. En gros, pour simplifier, rien ne doit prédestiner une petite fille habillée de rose à devenir femme de ménage ou à rester femme au foyer, ou un petit garçon habillé de bleu à devenir pompier ou chirurgien.

Quel est alors l'intérêt de parler de "genre" au lieu de sexe, quels sont les objectifs recherchés par les militants, et leurs limites ?

La théorie du genre est riche, utile, et en fait souvent positive. Si l'on sort des polémiques et des caricatures, elle permet de transmettre une culture de l'égalité : le sexe ne doit pas décider de notre condition sociale. Cela permet de lutter contre les stéréotypes et les inégalités sociales entre les hommes et les femmes, et d'expérimenter des méthodes nouvelles pour lutter contre ces discriminations.

Mais il y a aussi des limites. La question du genre devient parfois une idéologie, avec ses radicaux, qui prônent une indifférenciation des sexes. C'est aussi une sorte de "catéchisme" porté par une partie de l'ultra-gauche. Le mouvement s'est d'ailleurs un peu essoufflé sur les campus américains, à force d'être trop sectaire et dogmatique.

Beaucoup de critiques viennent aussi des homosexuels eux-mêmes : la plupart des gays sont des hommes et le revendiquent, la plupart des lesbiennes sont des femmes et le revendiquent aussi. L'altérité sexuelle homme-femme demeure, et ce n'est pas forcément un problème.

Ce débat montre aussi que la gauche n'est pas très à l'aise avec les problèmes de société, elle est, elle-même, très divisée sur le sujet, et le pays est finalement assez polarisé sur cette question.

Oui, c'est un contexte d'ensemble. On voit bien que François Hollande et le gouvernement ont des difficultés sur les questions de société depuis le Mariage pour tous, la PMA et la GPA, mais aussi sur les questions relatives à l'avortement ou encore la fin de vie, à nouveau dans l'actualité avec l'affaire Vincent Lambert, ou l'égalité homme-femme. Ce sont des sujets très clivants, qu'il faut peut-être manier avec plus de prudence. C'est d'ailleurs ce que souhaite sans doute François Hollande. Et Manuel Valls déclare ce matin, dans les colonnes du Journal du Dimanche : "Nous devons veiller sur d'autres débats, à les conduire dans le respect des consciences, avec la volonté d'apaisement, c'est le souhait profond du président de la République".

Derrière l'introduction à l'école de la théorie du genre, il y a la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, également ministre des Droits des femmes, que l'on retrouve depuis presque deux ans, derrière tous ces sujets clivants sur les problèmes de société ?

Tous ces sujets sont portés par la ministre, en effet, Najat Vallaud-Belkacem, et qui est au fond une énigme. Elle incarne le renouveau politique ; elle est un nouveau visage, elle a une bonne popularité. Elle est née au Maroc, possède la double nationalité. Elle représente donc une nouvelle France, jeune, moderne, issue de l'immigration. Mais en même temps, elle est très radicale sur tous ces sujets et parfois très clivante.

Le risque, pour elle, est que cette ministre-symbole, l'atout même du début du quinquennat de François Hollande, devienne un poids, parce qu'elle est un peu trop clivante. Et au fond elle a le choix entre évoluer comme Simone Veil, ministre de la Santé, qui a représenté un féminisme pragmatique, concret, qui part des réalités, de la santé, et est capable du coup d'unir une majorité du pays ; ou alors comme Yvette Roudy, cette ministre des Droits des femmes en 1981, que l'on a oubliée, qui incarnait une sorte de féminisme plus radical, une idéologie coupée des réalités, plus sectaire, comme celui défendu aujourd'hui par les théoriciens du genre.

* Pour aller plus loin :

- "Souligner ce qui est construit sur la différence biologique", entretien avec Frédérique Matonti, Libération, 30/01/2014

- "Théorie du genre à l'école: la polémique prend de l'ampleur", Le Figaro, 30/01/2014

- "Genre et identité : Judith Butler en France", Sciences Humaines,15/06/2011

- "Joan Scott : "Politique et histoire sont toujours liées", Le Monde, 25/06/2009

- Joan Scott : "Beauvoir, l'identité sans 'l'identique'", Libération, 20/01/1999

- Et pour finir l'analyse de la membre de la Cour Suprême américaine, une libérale de gauche, qui prône plus de prudence sur les questions de société : "Ruth Bader Ginsburg: Roe v. Wade Ruling Flawed", huffingtonpost.com, 11/05/2013

http://www.lepoint.fr/societe/l-experience-tragique-du-go... 

L'expérience tragique du gourou de "la théorie du genre"

Le Point - Publié le 31/01/2014

John Money, le père de la "théorie du genre", l'avait testée sur des jumeaux. Récit.

Au début des années 70 et à 6 ans, les jumeaux paraissent s'être conformés à leur rôle sexuel attribués.
Au Début des années 70 et à 6 ans, les jumeaux paraissent s'être conformés à leur rôle sexuel attribués. © CYNTHIA VICE ACOSTA/MAXPPP

Par EMILIE LANEZ

Qu'est-ce que le genre, ce drôle de mot pratiqué des seuls grammairiens ? Il est un complexe outil intellectuel à double face. D'un côté, une grille de lecture pertinente qui questionne les rôles que la société impose à chaque sexe, le plus souvent au détriment des femmes. De l'autre, il abrite une réflexion militante... D'après elle, l'identité sexuelle ne saurait se résumer à notre sexe de naissance ni se restreindre à notre rôle sexuel social. Chacun doit devenir libre de son identité, se choisir, se déterminer, expérimenter... Et basta, l'humanité est arbitrairement divisée en masculin ou féminin.

Les "études de genre", terme traduit de l'anglais gender studies, ne sont pas récentes. Explorées par la fameuse universitaire américaine Judith Butler dans les années 70, elles naissent sous la plume et le bistouri d'un sexologue et psychologue néo-zélandais, John Money. C'est lui qui, en 1955, définit le genre comme la conduite sexuelle qu'on choisira d'habiter, hors de notre réalité corporelle. Or le personnage est controversé. Spécialiste de l'hermaphrodisme à l'université américaine Johns Hopkins, il y étudie les enfants naissant intersexués et s'interroge sur le sexe auquel ils pourraient appartenir. Lequel doit primer ? Celui mal défini que la nature leur a donné ? Celui dans lequel les parents choisiront de les éduquer ? Il est rarement mis en avant par les disciples des études de genre de quel drame humain et de quelle supercherie scientifique le père du genre, John Money, se rendit responsable.

"Lavage de cerveau"

En 1966, le médecin est contacté par un couple effondré, les époux Reimer. Ils sont parents de jumeaux âgés de 8 mois, qu'ils ont voulu faire circoncire. Las, la circoncision de David par cautérisation électrique a échoué, son pénis est brûlé. Brian, son jumeau, n'a, lui, pas été circoncis. Que faire de ce petit David dont la verge est carbonisée ? Money voit dans cette fatale mésaventure l'occasion de démontrer in vivo que le sexe biologique est un leurre, un arbitraire dont l'éducation peut émanciper. Il convainc les parents d'élever David comme une fille, de ne jamais lui dire - ni à son frère - qu'il est né garçon. Le médecin administre à l'enfant, rebaptisé Brenda, un traitement hormonal et, quatorze mois plus tard, lui ôte les testicules. Ses parents la vêtent de robes, lui offrent des poupées, lui parlent au féminin.

A 6 ans, les jumeaux paraissent s'être conformés au rôle sexuel qu'on leur a attribué. Ce serait donc bien l'éducation et la société qui feraient le sexe... Brian est un garçon harmonieux, Brenda une gracieuse fillette. Money les examine une fois par an. Bien qu'ils aient 6 ans, il les interroge sur leurs goûts sexuels, leur demande de se toucher. "C'était comme un lavage de cerveau", confiera Brenda-David plus tard à John Colapinto, qui, en 1998, écrira l'histoire dans Rolling Stones puis dans un livre, "As Nature Made Him : The Boy Who Was Raised As A Girl".

Combat féministe

Money est convaincu d'avoir prouvé que le sexe biologique s'efface pour peu qu'on lui inculque un autre "genre". Il publie de nombreux articles consacrés au cas "John-Joan" (c'est ainsi qu'il nomme David-Brenda), puis, en 1972, un livre, "Man - Woman, Boy - Girl". Il y affirme que seule l'éducation fait des humains des sujets masculins ou féminins. La "théorie du genre" est née.

Seulement, Brenda grandit douloureusement. A l'adolescence, elle sent sa voix devenir grave, confie être attirée par les filles, refuse la vaginoplastie que veut lui imposer Money. Brenda cesse d'avaler son traitement, se fait prescrire de la testostérone, divague, boit trop. Brenda se sent garçon engoncé dans un corps de fille. Effarés, les parents révèlent la vérité aux jumeaux. Brenda redevient David, il se marie à une femme. Mais les divagations identitaires ont ébranlé les garçons. En 2002, Brian se suicide. Le 5 mai 2004, David fait de même. De cette fin tragique Money ne fait point état. En 1997, Milton Diamond, professeur d'anatomie et de biologie reproductive à l'université de Hawaï, dénonce la falsification. Money réplique en évoquant une conspiration fomentée par des personnes "pour qui la masculinité et la féminité seraient d'origine génétique"... Est-ce si faux ?

Ce fait divers est étranger à la délicate, et bien réelle, question des personnes nées avec une identité sexuelle incertaine, dont le ressenti psychique ou physique demeure flou. Et, si cette histoire fut un drame, c'est bien parce qu'un enfant fut forcé à vivre selon une identité qui ne lui convenait pas et qu'à lui comme à son frère fut imposé un mensonge ravageur. Il importe de préciser que cette expérience ne saurait entacher les études de genre, qui d'ailleurs s'éloigneront de ces errements du champ médical pour se nourrir du combat féministe puis des travaux de l'anthropologie, interrogeant l'influence de la culture sur la nature, jusqu'à devenir un sujet transversal mêlant littérature, philosophie, sociologie...

Les doutes de la Norvège, pionnier du " genre "

La question des fondements scientifiques des études de genre se pose. En 2009, un journaliste norvégien, Harald Eia, y consacre un documentaire. Son point de départ : comment est-il possible qu'en Norvège, championne des politiques du " genre ", les infirmières soient des femmes et les ingénieurs des hommes ? Il interroge quatre sommités : le professeur américain Richard Lippa, responsable d'un sondage mondial sur les choix de métiers selon les sexes (réponse : les femmes préfèrent les professions de contacts et de soins), le Norvégien Trond Diseth, qui explore les jouets vers lesquels des nourrissons tendent les mains (réponse : tout ce qui est doux et tactile pour les filles), puis Simon Baron-Cohen, professeur de psychopathologie du développement au Trinity College de Cambridge, et l'Anglaise Anne Campbell, psychologue de l'évolution. Ces spécialistes répondent que naître homme ou femme implique des différences importantes. Et que leur inspirent les " études de genre"? Eclats de rire. L'évolution de l'espèce, le bain d'hormones dans lequel se fabrique notre cerveau font du masculin et du féminin des sexes distincts. Tout aussi intelligents, mais pas identiques. Il présente leurs réactions aux amis du "genre". Qui les accusent d'" être des forcenés du biologisme ". Soit. Eia les prie alors d'exposer leurs preuves que le sexe ne serait qu'une construction culturelle... Silence. Après la diffusion de son film, en 2010, le Nordic Gender Institute fut privé de tout financement public

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