24/04/2013
Jean-Claude Carrière, une fenêtre ouverte sur l’histoire du cinéma (Télérama)
RENCONTRE VIDÉO
http://www.telerama.fr/cinema/
Il a écrit pour Buñuel, Etaix, Godard, Milos Forman et vient de signer le scénario de “Syngué Sabour” d'Atiq Rahimi. Jean-Claude Carrière revient sur les films de sa vie.
Le 21/02/2013 à 12h17 - Interview et réalisation : Jean-Baptiste Roch et Jérémie Couston.
Jean-Claude Carrière, une fenêtre ouverte sur... par telerama
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25/03/2011
Starring Liz Taylor
SÉLECTION CRITIQUE
Starring Liz Taylor
Le 24 mars 2011 à 19h00 - Mis à jour le 25 mars 2011 à 9h45
Tags :
Elizabeth Taylor
cinéma américain
LE FIL CINÉMA - Elle a commencé le métier d'actrice à l'âge de 10 ans, mais ce n'est vraiment qu'en 1966, à 34 ans, qu'Elizabeth Taylor fut enfin reconnue comme une grande comédienne, avec “Qui a peur de Virginia Woolf ?”. Sélection, en textes et en images, de ses meilleurs films.
La Chatte sur un toit brûlant
(Cat on a hot tin roof)
Film américain de Richard Brooks (1958)
Avec Paul Newman; Elizabeth Taylor; Burl Ives; Jack Carson
Tennessee Williams était fou de rage lorsque, sur le tournage d'Un tramway nommé Désir, la censure avait refusé que Vivien Leigh avoue avoir poussé son jeune mari au suicide parce qu'il était homosexuel. La censure sévira encore, et pour les mêmes raisons, ici. L'intrigue en est quelque peu affadie, même si Paul Newman, avec un beau courage pour l'époque, interprète volontairement Brick comme une icône homo. Dans ce règlement de comptes familial, Richard Brooks, pas forcément subtil mais toujours efficace, a essayé – et, par moments, réussi – à opposer Newman, objet sexy abîmé (il s'est cassé une jambe) à Elizabeth Taylor, femme dans toute sa plénitude charnelle, constamment repoussée et néanmoins triomphante. Le couple embrase le film.
Soudain l’été dernier
(Suddenly, last summer)
Film américain de Joseph L. Mankiewicz (1959)
Avec Elisabeth Taylor; Montgomery Clift; Katharine Hepburn
Le poète Sebastian, pleuré par sa mère, est mort dans des circonstances mystérieuses. Avec l'aide d'un psychiatre, Catherine, sa cousine, va parvenir à se rappeler l'atrocité de ce qui s'est passé « soudain, l'été dernier ». Gore Vidal et Mankiewicz ont amplifié le propos de la pièce en un acte. Et élargi le décor : on passe d'une serre très inquiétante à un hôpital psychiatrique carrément terrifiant. Les difficultés rencontrées par Mankiewicz avec Montgomery Clift et, surtout, Katharine Hepburn n'affaiblissent en rien la force du film. Sa complicité avec le réalisateur permit, en revanche, à Elizabeth Taylor de réussir l'interprétation de sa vie. Son long récit hypnotique, ponctué de flash-back qui occupent une partie de l'écran, reste, aujourd'hui encore, un étonnant morceau de bravoure. Surprise : la censure accepta ce scénario sur l'impuissance, l'homosexualité, l'inceste et l'anthropophagie. Certaines copies subirent, néanmoins, des coupes. Motif : un dialogue trop cru.
Cléopâtre
(Cleopatra)
Film américain de Joseph L. Mankiewicz (1963)
Avec Elizabeth Taylor; Rex Harrison; Richard Burton; Roddy McDowall; Martin Landau
Le film des paradoxes : le plus gros succès commercial de Mankiewicz, dans l'absolu, mais son plus gros échec en terme de rentabilité (budget colossal, vu les retards). Une œuvre personnelle, pleine de fulgurances et de beautés, mais dont le cinéaste refusa, jusqu'à sa mort, de prononcer le titre, tant sa réalisation avait été éprouvante. Bataille d'égos, scandale des amours Taylor-Burton, assiégés par les journalistes. On se souvient de la réplique excédée de Mankiewicz, lors d'une conférence de presse : « Leur liaison est une couverture. En fait, c'est M. Burton et moi qui sommes amants ! » De toutes les superproductions antiques tournées dans les années 50 et 60, Cléopâtre est, avec Spartacus, de Kubrick , la plus intelligente et la plus somptueuse. Du moins dans sa version dite longue, car toutes les variantes existent entre celle de trois heures exploitée à l'époque et la récente restauration du film, qui inclut des scènes retournées par Mankiewicz, sous la contrainte. Magnifique partition d'Alex North et photo de Leon Shamroy.
Le Chevalier des sables
(The Sandpiper)
Film américain de Vincente Minnelli (1965)
Avec Elizabeth Taylor; Richard Burton; Eva Marie Saint; Charles Bronson
Laura, peintre désenchantée, s'installe à Big Sur, au bord de l'océan Pacifique. Son fils fréquente un collège dirigé par un pasteur marié, soudain amoureux de Laura. Liaison qui éloigne les deux amants de la société (toujours hostile, chez Minnelli), mais leur permet, paradoxalement, de vaincre leur propre isolement. Lui prendra conscience de la faiblesse de l'être humain. Elle, de sa beauté (le visage d'un enfant remplacera, sur ses toiles, le « chevalier des sables », cet oiseau qu'elle peignait sans fin). Quelques thèmes à la mode dans les années 60 – donc démodés –, quelques improbables beatniks (dont Charles Bronson !) ne parviennent pas à faire oublier la splendeur de la mise en scène et de la photographie (Milton Krasner), l'élégante et obsédante musique (The Shadow of your smile, succès mondial de Johnny Mandel). La couleur rouge domine : couchers de soleil, feux sauvages sur la plage et robes d'Elizabeth Taylor, inoubliable en créature aussi tourmentée qu'une déferlante du Pacifique, peignant devant son chevalet, chevelure au vent au bord de l'océan...
Qui a peur de Virginia Woolf ?
(Who's afraid of Virgina Woolf ?)
Film américain de Mike Nichols (1966)
Avec Elizabeth Taylor; Richard Burton; George Segal; Sandy Dennis
Mieux que le souvenir qu'on en avait. L'interprétation tonitruante d'Elizabeth Taylor (Oscar) et celle, magnifiquement retenue, de Richard Burton (pas d'Oscar) sont appuyées par une mise en scène très soignée, très discrète et très tendre. Trente-cinq ans après, le côté psychanalytique (enfant imaginaire, enfant non désiré) de la pièce d'Edward Albee a cédé la place à une peinture au vitriol de l'Amérique. Le jeune couple est le plus terrible : elle (Sandy Dennis), souris grise aux hanches étroites, déjà alcoolique, déjà frustrée ; lui (George Segal), petit coq ambitieux, prêt au pire pour réussir. Les autres, les vieux, Martha et George, sont des victimes, depuis longtemps foutues et donc forcément bouleversantes. Surtout lorsqu'on les voit tenter de survivre à coups de fureur et de dérision. Superbe photo d’Haskell Wexler.
La Mégère apprivoisée
(The Taming of the shrew)
Film britannico-italien de Franco Zeffirelli (1966)
Avec Richard Burton; Elizabeth Taylor; Michael Hordern; Cyril Cusack; Michael York
Le meilleur Zeffirelli. La violence de la pièce de Shakespeare se perd un peu – dans la seconde partie, surtout – dans la préciosité chère au réalisateur. Mais les costumes (Irene Sharaff et Danilo Donati) et la lumière (Oswald Morris et Luciano Trasatti) sont vraiment magnifiques. Et puis Burton et Taylor, qui, à l'époque, semblaient choisir leurs films rien que pour pouvoir s'engueuler devant et derrière la caméra, sont épatants. Notamment lors de la scène du mariage : à la question du prêtre « Voulez-vous prendre pour époux... ? », etc., Taylor, toute souriante et gentille répond : « I will... » Et c'est alors que Burton l'embrasse fougueusement, avant qu'elle n'ait eu le temps de hurler le « not » qui allait suivre. A voir en VO, évidemment.
Reflets dans un œil d’or
(Reflections in a golden eye)
Film américain de John Huston (1967)
Avec Elizabeth Taylor; Marlon Brando; Robert Foster; Julie Harris; Brian Keith
Un œil d'or, mais d'abord un miroir. Quelque part en Géorgie, dans un fort militaire, trois personnages se découvrent à travers le regard de l'autre. Et s'y voient dénudés. Le capitaine Brando et ses pulsions homosexuelles, son épouse Liz Taylor et ses frustrations, l'amant de celle-ci, et son imbécillité paranoïaque. Le regard, l'autre, c'est le soldat qui chevauche, nu, un cheval nommé Firebird et, voyeur innocent, contemple, la nuit, la femme de son capitaine, endormie. Groupe d'êtres humains, allant du fétichisme à l'automutilation, de la caresse au meurtre. Huston a filmé comme un conte oppressant le bref roman, complexe et torturé, de son amie Carson McCullers. Le cinéaste le plus cultivé de Hollywood peint ces égarés en évitant le jugement, le traité de psychanalyse, la caricature. Un rien d'humour macabre souligne le détachement du metteur en scène, contrepoint à sa compassion pour les inadaptés de la vie, pauvres misfits. Audacieux, très calmement subversif, c'est tout un art de l'inexprimé, du non-dit dont on meurt, qui est, ici, porté au sommet.
Cérémonie secrète
(Secret Ceremony)
Film britannique de Joseph Losey (1968)
Avec Elizabeth Taylor; Mia Farrow; Robert Mitchum
Au cimetière londonien où Leonora, prostituée, se rend souvent – sur la tombe de sa fille –, une jeune femme étrange l'observe. C'est Cenci. Nymphomane, on l'apprendra vite, perverse et surtout perdue, elle s'imagine que Leonora est sa mère, qu'on suppose morte et qui, peut-être, ne l'est pas. Transferts, culpabilité : terrain connu. Une incroyable maison 1900 sera le théâtre de leurs affrontements, avec cadavre dans le placard, divan de Freud et cercueil symbolique. Ecrit par un disciple de Brecht spécialiste du macabre grinçant, le dramaturge George Tabori, c'est un épuisant duel de femmes, dévastateur par son humour sombre, sa sauvagerie, sa folie furieuse. Elizabeth Taylor, Mia Farrow, Robert Mitchum s'y détruisent à nu, dépourvus de leur armure de stars, fragiles, désemparés. Une phrase du dialogue donne la clé de ce film longtemps sous-estimé : « Il faut choisir entre le bon goût et la vérité humaine. » Optant bien sûr pour celle-ci, Losey montre quel moraliste il était, exemplaire, impitoyable, sans jamais de repos ni de paix.
Textes tirés du Guide cinéma Télérama
Le 24 mars 2011 à 19h00 - Mis à jour le 25 mars 2011 à 9h45
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Elizabeth Taylor
cinéma américain
VOS AVIS (4 COMMENTAIRES)
Koshka849 - le 25/03/2011 à 13h50
Ce n'est pas parce que Tavernier n'a pas apprécié l'interprétation de Liz Taylor dans Qui a peur de Virginia Woolf qu'il a nécessairement raison... J'ai vu ce film pour la première fois hier soir et j'ai été scotchée par le couple Burton/Taylor ainsi que par la violence de l'histoire et des dialogues, un chef d'oeuvre du genre, bien au-dessus de La chatte sur un toit brûlant, en effet. Scènes de la vie conjugale, en comparaison, c'est un conte pour enfants! Magnifique.
Personnellement, je suis contente que la sélection parle du Chevalier des sables, un beau film intimiste imprégné du talent, que dis-je, du génie de Minelli.
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chpitt - le 25/03/2011 à 11h30
d'accord et pas d'accord avec les avis précédents: je suis d'accord que l'oubli des premiers films de Taylor est malheureux, effectivement "Ivanhoé" est un chef-d'oeuvre, et les affrontements avec Georges Sanders sont remarquables, notamment le dernier, lorsque Bois-Guilbert est à l'agonie. Sans parler de l'interprétation magistrale que Taylor donne de son amour malheureux pour Ivanhoé. Par contre, je pense que la sélection Cléopâtre & Co est représentative du reste de la carrière de Taylor, et que ce sont tous de bons films, même si le côté Freud, Lacan etc... du film de Losey a vieilli.
Et vive Liz Taylor!
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nego - le 25/03/2011 à 08h00
On ne peut pas dire que votre sélection soit très heureuse! D'accord avec l'avis précédent Elisabeth Taylor existait avant 1958.Elle est superbe dans Ivanhoé, par exemple de plus, en revanche les films qu'elle a tourné en héroïne de Tenessee Wylliams sont particulièrement malheureux; la comparaison avec Leigh ou Wood dans Propiété interdite est accablante pour elle. La chatte sur un toit brûlant est un film sans intérêt. Soudain l'été dernier est d'une lourdeur et d'une surchage thématique inssuportable, même si Taylor est excellente à titre personnel. Que dire de Cleopatre, 4 heures pour ressasser une idéee cent fois mieux exprimés dans L'affaire Cicéron ou Eve. De l'avis même de Tavernier sa prestation dans Qui a peur de Virginia Wood est inssuportable de surchage et d'hystérie. Lyz Taylor préféra être une star plutôt qu'une actrice. Elle incarne splendidement un certain âge d'or d'Hollywood. Dont acte, sur le plan professionnel son rayonnement est infiniment moindre que celui d'une Kate Hepburn par exemple. Quand aux références obligés aux cinéastes dit intellectuel de Losey à John Huston, c'est un travers bien français. Non vraiment un hommage bien malheureux!
14 internautes sur 37 ont trouvé cet avis intéressant.
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cricribxl - le 24/03/2011 à 21h15
Incroyables omissions tout de même, E. Taylor a tourné dans quelques grands films avant 1958!!!
Dont "Une place au soleil" de George Stevens en 1951, qui est tout simplement l'un des plus bouleversants chef-d'oeuvre du cinéma américain!
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24/03/2011
Liz Taylor, la femme au cœur brûlant
HOMMAGE
Liz Taylor, la femme au cœur brûlant
Le 24 mars 2011 à 17h00
Tags :Hollywood hommage Elizabeth Taylor
LE FIL CINÉMA - On la croyait immortelle… Image de la passion hollywoodienne (version tempétueuse), Liz Taylor, huit mariages et des dizaines d’histoires enflammées, vient de disparaître après une longue lutte contre la maladie. Elle avait tourné avec Mankiewicz, Minnelli, George Stevens… donné la réplique à Rock Hudson, James Dean, Montgomery Clift ou Richard Burton, l’homme de sa vie… Disparue des écrans depuis le milieu des années 80, érigée en icône gay, elle fut très active dans la lutte contre le Sida. A 79 ans, la Diva aux yeux violets, l’un des plus grands mythes du cinéma, disparaît. Un volcan s’éteint.
Pour commencer, il faut arrêter de l’appeler Liz, parce qu’elle détestait ça. Elizabeth donc, née le 27 février 1932, à Londres, fille de Francis Taylor, marchand d’art, et de Sara Taylor, actrice. Comme Judy Garland dix ans plus tôt, Elizabeth est poussée par sa mère vers les studios Universal, mais c’est finalement la MGM qui la récupère. Elle a à peine 10 ans quand elle devient la star de Fidèle Lassie, dont le héros est un chien. Un an plus tard, elle est la petite fille qui aime si fort son cheval dans Grand National. L’Amérique se découvre une passion pour cette nouvelle enfant-star, cette Amérique qui a tant aimé les facéties du tandem Judy Garland/ Mickey Rooney et les merveilleuses anglaises de Shirley Temple. Et de fait, jusqu’en 1951, la splendide brunette au regard violet sera cantonnée dans un seul type de films, familiaux, gentillets, voire franchement gnangnans. Entre Les Quatre filles du Docteur March, et Le Père de la mariée, Elizabeth Taylor attend son heure en jouant les jeunes filles de bonne famille.
Sa carrière prend un virage décisif en 1951, avec Une Place au soleil, un film de George Stevens, qui le premier, décèle le tempérament de feu de l’actrice et de la jeune femme, en lui offrant le rôle d’une riche héritière capricieuse et mondaine. A ses côtés, Shelley Winters, et surtout surtout la beauté ombrageuse de Montgomery Clift. Le film de Stevens marque une rencontre capitale entre Elizabeth et Monty, une amitié sur le fil du rasoir de l’amour. Une photo glanée au hasard des archives de la belle en dit long sur le lien qui unit ces deux-là. Au cours d’une pause, sur le tournage de Soudain l’éte dernier, on y voit Elizabeth Taylor, lunettes noires à la Jackie, petit foulard soixante, pantalon cigarette, les jambes négligemment posées sur une chaise devant elle ; allongé à côté d’elle, la tête alanguie posée sur ses cuisses, Monty Clift. A propos d’Elizabeth, il confessera d’ailleurs que, si les hasards de l’orientation sexuelle l’avaient poussé vers les femmes plutôt que vers les hommes, elle aurait sans aucun doute été la femme de sa vie.
Cinq ans plus tard, le même George Stevens, décidément très inspiré, lui proposera, pour Géant, un autre partenaire tout aussi ténébreux, d’une sensualité brute de décoffrage, mais tout aussi homosexuel que Monty Clift : Rock Hudson qui deviendra, lui aussi, un de ses proches amis. On comprend mieux aujourd’hui d’où lui vient cette image d’icône gay. Icône peut-être, gay-friendly sûrement, et de la première heure, avant même que ce ne soit dans le coup. Géant offre aussi à l’actrice un rôle enfin à la mesure de son talent mais aussi de son physique de femme de plus en plus fatale, de plus en plus volcanique. Et en la voyant dansL’Arbre de vie, d’Edward Dmytrik, tourné un an plus tard, on ne peut s’empêcher de penser à Vivien Leigh en Scarlett O’Hara : même beauté délicate, même jeu en équilibre entre la force et la vulnérabilité, mêmes crinolines aussi, puisque le film a pour cadre le Sud des Etats-Unis après la Guerre de sécession. Côté ville et côté cœur, Elizabeth ne chôme pas. En 1957, à vingt-cinq ans seulement, elle en est déjà à son troisième mariage. Après Nicholas Hilton, Michael Wilding (dont elle a deux fils), elle épouse Mike Todd, dont elle aura une fille née la même année. Le bonheur avec Mike Todd sera de courte durée, il meurt dans un accident d’avion un an à peine après leur mariage.
Les dix années qui vont suivre gravent dans le marbre le mythe Taylor. Qu’elle ne doit pas seulement à sa beauté. Définitivement chatte sur un toit brûlant, elle joue à l’instinct, en dégageant une charge érotique à la limite du supportable pour le code Hays, qui régit les bonnes mœurs du cinéma de l’époque. Elle a bon goût en matière de cinéma et choisit ses rôles avec soin. Pas seulement les rôles, d’ailleurs, les metteurs en scène aussi. Avec Joseph Mankiewicz, l’homme qui donna aux actrices américaines quelques-uns de leur plus beaux rôles (Bette Davis dans Eve, pour ne citer qu’elle), servis par des dialogues ciselés, elle trouve un réalisateur à la mesure de son talent. Pour lui, elle plongera dans les affres deSoudain l’été dernier, chef-d’œuvre tordu qui gravera à jamais cette image d’Elizabeth Taylor en robe très décolletée, s’arrachant les cheveux dans un long hurlement en découvrant le cadavre de son cousin, victime d’une lapidation. C’est, en effet, parce qu’il s’approchait trop des jeunes gens que le personnage souffre cette mort atroce. Le film est hanté aussi par la présence de Katharine Hepburn, campant avec succès une formidable sorcière, mère vampire et rabatteuse pour son gentil fils. Le film vaudra un Gloden Globe de meilleure actrice à Elizabeth Taylor.
On comprend mieux pourquoi elle accepte le Cléopâtre que le même Mankiewicz lui propose quelques années plus tard, en 1963. Un rôle définitif qui lui collera à la peau toute sa vie. Pourtant, objectivement, le film est loin d’être le meilleur de Mankiewicz, ni d’Elizabeth Taylor. Mais ce Cléopâtre la porte aux nues. Elle trône désormais, forte de son cachet d’un million de dollars. C’est une première. Telle la reine d’Egypte, la reine d’Hollywood exige des centaines de costumes, le plus grand coiffeur du monde, le plus grand maquilleur. En 1963, rien ne sera refusé à Elizabeth Taylor, elle obtient tout.
Mais, au-delà de ce décorum dont il ne reste que quelques images fugaces, principalement à base de doré, il transpire du film quelque chose d’autrement plus fascinant et qui n’a rien à voir avec la cinéphilie. Nos yeux de spectateur enregistrent la naissance d’une des plus belles histoires d’amour du cinéma. La rencontre entre une femme-tempête et un homme-ouragan. A l’époque, Elizabeth est mariée depuis quatre ans à l’acteur Eddie Fisher, mais l’attraction exercée par Richard Burton est du genre irrésistible. Il faut dire qu’il porte beau en jupette et en cothurnes, et qu’il arrive sur le tournage précédé de cette auréole de comédien shakespearien qui impressionne tant les acteurs américains. Richard Burton n’est pas très beau, mais il a un charme dingue, malgré sa réputation confirmée d’homme à femmes et surtout de grand buveur.
Au fil du tournage, l’idylle devient passion, et c’est justement ce bouillonnement du sang échauffé par tant de passion entre les deux acteurs principaux qui rend le film passionnant. Et scandaleux aux yeux du Vatican, qui s’émeut publiquement de cet adultère étalé à la face du monde, mais aussi aux yeux des autorités américaines, qui multiplient les tentatives pour empêcher les scandaleux du Nil de revenir sur le territoire américain. Finalement, c’est la raison de l’argent qui l’emportera sur la morale. La Fox, productrice du film, après s’être agacée de cet amour inopportun, en voit tout le bénéfice possible. Neuf jours après son divorce prononcé, Elizabeth Taylor épouse Richard Burton, le 15 mars 1964, à Montréal. La même année, ils adoptent une petite orpheline allemande âgée de 3 ans, Maria Carson. Leur histoire d’amour survit à toutes les tourmentes pendant dix ans.
Richard Burton doit s’adapter à la vie de sa superstar de femme, s’habituer à la présence des paparazzis qui les harcèlent sans cesse, frayer avec une jet-set qu’il ne connaît pas. Toutes choses qui sont le quotidien d’Elizabeth Taylor depuis près de vingt ans. Ensemble, ils tournent deux films mémorables, La Mégère apprivoisée et surtout Qui a peur de Virginia Woolf ? (qui vaudra un Oscar à Elizabeth, rien à Burton qui le méritait tout autant). Le film laissera des souvenirs embarrassés à une équipe de tournage qui voit les deux acteurs se déchirer dans des scènes de ménage cinématographiques trop proches de la réalité.
En 1975, Burton et Taylor jettent l’éponge et se séparent. Trop d’alcool, trop de disputes. Un an plus tard, pourtant, ils font une deuxième tentative et se remarient. Pour l’occasion, il lui offre le plus gros diamant du monde. Elle est folle de joie. Pourtant, leur histoire est bel et bien finie en 1976. Richard Burton meurt en 1984 d’une hémorragie cérébrale alors qu’Elizabeth est divorcée d’un sénateur républicain, en attendant d’épouser son garde du corps en cinquièmes noces. A ce point de sa vie, Elizabeth Taylor se met en retrait du cinéma pour lutter contre toutes sortes de maladies qui lui empoisonnent la vie : alcoolisme, obésité, cancer de la peau, hémorragie cérébrale. Elle n’en reste pas moins étonnante dans cette façon d’annoncer son cancer à travers une photo d’elle prise sur son lit d’hôpital, où on la découvre quasiment chauve. Gonflé pour un sex-symbol. Dès le milieu des années 80, elle consacre beaucoup de son temps et de son énergie à la lutte contre le Sida. Sans épargner personne, et surtout pas Frank Sinatra (dont elle a acheté la maison de Bel-Air), qu’elle accuse publiquement d’avoir refusé de débourser le moindre centime. Une action qui donnera à son amie Line Renaud l’idée de faire de même en France.
Les dernières années de sa vie sont des années de souffrance. Pourtant, elle n’en reste pas moins une femme de bien. En septembre 2004, le magazine français Vogue lui consacre un reportage réalisé, pour la partie images, par le photographe Bruce Weber. Il appartient au clan des fidèles depuis cette photo historique, prise au temps de la gloire, où elle émergeait de sa piscine couverte de bijoux, avec un perroquet sur l’épaule. On y apprenait qu’elle ne pouvait presque plus bouger de son lit et que chaque mouvement de ce corps distordu par les maladies était une douleur. A la dernière page, une surprise sous forme de photo : Elizabeth Taylor âgée, en caftan lamé, la tête renversée en arrière buvant une bouteille non pas de champagne mais de Gatorade (sorte de limonade américaine). Pas une photo volée, non, une photo posée, approuvée forcément par la star, comme pour nous dire: « Tout ce que j’ai été, je le revendique, voilà comme je suis aujourd’hui. ». C’était ça, Elizabeth Taylor.
Marie Colmant
Hommages et déprogrammations :
Qui a peur de Virginia Woolf ?, de Mike Nichols (1966), jeudi 24, 0h10, France 2
La chatte sur un toit brûlant, de Richard Brooks (1958), jeudi 24, 20h35, France 3
Le miroir se brisa, de Guy Hamilton (1980), suivi d’un documentaire, mardi 29, 20h35, Paris Première
Le 24 mars 2011 à 17h00
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Hollywood
hommage
Elizabeth Taylor
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anarchy - le 25/03/2011 à 00h19
Ultime mariage pour l`etenité d`Elisabeth Taylor avec l`ensemble des stars de l`age d`or de la planéte Hollywood qu`elle est allée rejoindre ;
1 internaute sur 5 ont trouvé cet avis intéressant.
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ecoage - le 24/03/2011 à 19h05
@ M.Colmant (ou a Télérama)
pouvez-vous svp, me dire dans quel biographie ou quel article consacrer a M.Clift vous avez trouvez ce qui suit "
""Il confessera d’ailleurs que, si les hasards de l’orientation sexuelle l’avaient poussé vers les femmes plutôt que vers les hommes, elle aurait sans aucun doute été la femme de sa vie."
J’espère recevoir une réponse !!
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sporty - le 24/03/2011 à 18h18
Hommage trop "people" à mon goût. L'évocation de la filmographie est très superficielle (et on a droit au cliché qui prétend que personnages et interprètes se confondent dans "Qui a peur...'). Le couple d'acteurs (magnifique) qu'elle forme avec Burton me semble être à son meilleur dans "Le chevalier des sables" de Minelli, et je la trouve plus troublante que jamais dans "Reflets dans un oeil d'or" de Huston.
5 internautes sur 11 ont trouvé cet avis intéressant.
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Cactus S - le 24/03/2011 à 11h46
j'ai préféré ces quelques lignes de votres mains à l'hommage rendu hier par notre sinistre de la Culture au fait ! Sissi !!!!!!!!!!!!!!
14 internautes sur 18 ont trouvé cet avis intéressant.
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Cactus S - le 24/03/2011 à 11h41
j'ai pris bonnes notes Diapree ! je vais mettre l'avatar qui convient , merci à vous !
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diapree - le 24/03/2011 à 11h40
@cactus singularus le fait que la mort soit un phénomène "normal" à partir d'un certain âge , personne n'en disconvient, ce qui n'empêche pas en l'occurrence de le déplorer, et ça aussi c'est une réaction tout à fait naturelle qui n'a rien à voir avec une quelconque réaction d'angélisme, enfin c'est mon avis, sinon plus aucun hommage n'existerait...
12 internautes sur 16 ont trouvé cet avis intéressant.
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telerama - le 24/03/2011 à 10h49
Merci chpitt et perroquet pour votre oeil acéré, ce n'est effectivement pas Monty Clift qui est lapidé, nous avons corrigé.
8 internautes sur 8 ont trouvé cet avis intéressant.
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Cactus S - le 24/03/2011 à 10h15
"On la croyait immortelle…etc etc etc " J'admirais cette grande actrice comme d'autres d'ailleurs et je ne veux pas briser l'ambiance bisounours ici comme ailleurs mais n'est-il pas normal de partir à un certain âge ? sinon huit mariages , quel destin ! sissi !
6 internautes sur 19 ont trouvé cet avis intéressant.
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Cactus S - le 24/03/2011 à 10h02
This Taylor was very rich too !
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Orotava - le 24/03/2011 à 08h37
"Il confessera d’ailleurs que, si les hasards de l’orientation sexuelle l’avaient poussé vers les femmes plutôt que vers les hommes, elle aurait sans aucun doute été la femme de sa vie." lit-on dans cet article
Il serait intéressant de savoir où et quand Montgomery Clift a fait cette "confession". Peut être directement à Marie Colmant, en privé...
On se demande une fois de plus si Marie Colmant est journaliste ou scénariste.....
7 internautes sur 22 ont trouvé cet avis intéressant.
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Horace92 - le 24/03/2011 à 08h17
Merci pour cet article malgré quelques approximations (pires sur Libé et dans Le Monde qui ont bêtement recopié l'AFP, Slate a rlégué l'information dans la rubrique SlateTV…) mais surtout merci pour les commentaires de qualité. Quand j'ai lu ceux du Monde.fr, c'était à pleurer…bref, les lecteurs de Télérama sont aussi de vrais cinéphiles et des gens normaux sans haine ni mépris. Bravo.
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perroquet - le 24/03/2011 à 07h44
Petite rectification , dans "soudain l'été dernier" , M. Clift est le psy qui évite à E. Taylor d 'être lobotomisée et ce n'est pas lui qui est lapidé ! ceci dit le film est un des + beaux de Taylor,il est à voir absolument ....
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Corto M - le 24/03/2011 à 06h45
Liz les yeux mauves, au-delà des grosses machineries hollywoodiennes, c'était aussi des films plus discrets mais ô combien plus intéressants : "Cérémonie secrète", "Le chevalier des sables", etc. Et puis, bien avant que cela devienne à la mode, elle aura été la confidente et la "maman" d'amis gay ou à la sexualité incertaine : Monty Clift, Rock Hudson, James Dean, Bambi, etc. RIP.
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diapree - le 23/03/2011 à 19h30
Dire qu'Elizabeth Taylor était belle relève sans doute d'une banalité affligeante, mais son fameux regard violet, la délicatesse de ses traits et la pureté de son ovale la rendaient rxceptionnelle.
Des films on pourrait en citer à l'infini, la comédienne a tourné avec les plus grands, mais quand je l'ai découverte, il n'y a pas si longtemps dans Ivanhoé, le personnage de Rebecca m'a éblouie, envoûtée, tant ce mélange de pureté et d'érotisme rendaient l'actrice unique et la femme suprêmement désirable...
Une légende d'Hollywood disparait, une page se tourne, ses films restent : La chatte sur un toit brûlant ressort aujourd'hui en salles, une reprise qui colle à une actualité qu'on aurait préféré autre...RIP
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Mel Tormé - le 23/03/2011 à 19h12
Elle avait tourné en 1953 sous la direction de Richard Thorpe un film dont le titre semble lui être dédié.......
La fille qui avait tout (The Girl Who Had Everything)
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