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04/10/2013

CIPAV : Éléments de réflexions sur le concept de « Profession libérale »

CIPAV : Éléments de réflexions sur le concept de « Profession libérale »

http://www.cipav-retraite.fr/medias/cms/file/Mission%20PL...

Eléments d'étymologie

L'expression « professions libérales » dénote un genre (professions) mais aussi une différence
spécifique (libérales). Ces deux éléments n'ont pas toujours été associés...

A - Le terme « profession »

Le terme « profession » procède du latin « professio » qui signifie « déclaration publique ». Il fait son entrée dans l'espace catholique médiéval en tant que « profession de foi » c'est-à-dire d'abord «choix de vie». Sa transposition à l'activité économique assimile l'entrée en profession à l'ordination. Elle favorise en même temps bien sûr l'émergence de la notion de « corps ». Ce modèle cohérent avec l'organicisme thomiste s'imposera en France. Max Weber montrera comment le providenlialisme luthérien lui substituera le modèle collégial en Allemagne nuis dans les pays anglo-saxons (voir Éléments de sociologie)

B –L’application de l'adjectif « libérales »

L'application de l'adjectif « libérales » à certaines activités semble avoir lui aussi une origine latine. Le droit romain distinguait en effet entre :

- des operae libérales donnant droit à l'honorarium ou manifestation de la reconnaissance du client pour un service inappréciable ;

- des operae illiberales donnant droit à la merces ou contrepartie réservée au travail manuel.

Cette distinction inspirera celle sur laquelle se développera le mouvement universitaire au XIIIc siècle entre « arts libéraux » et « arts mécaniques » ou « serviles » seuls ces derniers s'appliquant à la transformation d'une matière tangible. Les arts libéraux se distribuaient en deux groupes :

  • le trivium comprenant la grammaire, la rhétorique et la dialectique ;
  • la quadrivium comprenant l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique

Ces cycles respectivement consacrés aux maîtrises du langage et des nombres constitueront le socle commun aux « professions libérales » (professeurs, juristes, notaires, médecins ou hommes de lettres). Ils représentent le passage obligé pour progresser dans la hiérarchie écolier/bachelier/docteur. Une hiérarchie homologue de celle que l'on retrouve dans les « arts mécaniques » entre apprentis/compagnons/maîtres...

Eléments de sociologie

Ainsi que le soulignent Dubar et Tripier, «Marx et Engels, dans leur impatience de voir le capitalisme accoucher d'un nouveau type de société, rejoignent les libéraux dans la crainte qu'ils ont de laisser s'installer des activités qui n'obéiraient pas aux lois communes (issues du marché ou du pouvoir législatif) ».

Ils se joignent donc à Adam Smith pour rejeter les deux modèles d'organisation des professions qui dominaient l'Europe depuis plusieurs siècles. Modèles que Dubar et Tripier trouvent pour ainsi dire à l'état pur dans :

- la corporation à la française telle que décrite dans « L'idiome corporatif » par Sewel ;

- le collège à l'allemande tel que décrit par Gierke, Wëber ou Karpik.

Nous livrons ci-dessous ces deux modèles tels que les transcrivent Dubar et Tripier dans leur Sociologie des professions.

A - L'idiome corporatif selon Sewell
  1. La ratification des statuts par une «lettre patente du roi» établissant un état en «état juré» pour y avoir «corps, confrérie et communauté» et permettant de considérer le corps comme une personne, « sujet du roi » ;
  2. Le droit exclusif d'exercer leur activité dans un périmètre et sur un territoire donnés ; les litiges entre groupes posent sans cesse des questions de frontières et sont réglés juridiquement par les instances spécialisées ;
  3. L'existence d'un langage spécialisé, avec son vocabulaire propre véritable « langage de l'art », qui permet de justifier de « qualités et règles propres » ;
  4. Le choix d'officiers parmi les membres du corps chargés de « garantir la qualité et l’honnêteté des travaux », de vérifier le respect de la déontologie professionnelle ;
  5. Des règles pour la formation des apprentis (un seul maître, durée de trois à six ans, existence d'un contrat...)

B - Le modèle « collégial » scion Gierke, Weber et Karpic

  1. Auto-gouvernement de la profession considérée comme une «communauté d'égaux partageant le même métier » : chacun y est considéré comme un égal et jouit des mêmes droits que tous les autres ;
  2. Accès libre et volontaire des individus à l'association professionnelle sur la base des règles qu'elle s'est donnée et qui sont reconnues juridiquement ;
  3. Serment constitutif de la confraternité, scellant le caractère fraternel de la communauté partageant les mêmes valeurs et engageant chacun personnellement.
  4. Système de prises de décision assurant le consensus du groupe et son auto-régulation excluant l'appel à une autorité extérieure et supérieure.
  5. Devoir de participation aux activités et aux décisions comme contrepartie des droits ; obligation acceptée de défense du groupe contre les attaques extérieures ;
  6. Existence d'un code éthique impliquant une discipline morale, une auto-restriction de la production, une économie de la modération destinée à éviter les excessives inégalités de condition ou de pouvoir.
  7. Conception de la profession comme vocation personnelle, valable théoriquement pour les hommes et pour les femmes, et revêtant une signification religieuse imminente : suivre le chemin voulu par Dieu.;
  1. Des règles de passage à la maîtrise (réalisation d'un chef-d'œuvre, serment solennel, hérédité professionnelle...) et de carrière professionnelle; les corps sont théoriquement des espaces de mobilité devant permettre de gravir les échelons au cours de la vie active ;
  2. Une conception particulière, à la fois paternaliste et patriarcale, des relations sociales : primauté du groupe, autorité paternelle, exclusion des femmes (à l'exception de la Mère, épouse du Maître, chargée de l'éducation morale des apprentis ;
  3. Un serment de fidélité considéré comme une profession de foi, une ordination intronisant un membre dans le groupe, des vœux (de rester dans son corps, de ne pas trahir les secrets) sur le modèle des ordres monastiques ;
  4. L'existence de groupements religieux, parallèles aux groupes de métier, avec un saint patron, des emblèmes, des fêtes, des célébrations (funérailles) ;
  5. Une dimension morale et spirituelle essentielle impliquant unité, fraternité, amour, c'est- à-dire un esprit de corps sur le modèle de l'Église, corps du Christ ou de l'État, corps social dont la tête est le roi.

Synthèse provisoire

Les éléments réunis plus haut évidemment à compléter évidemment, n'en permettent pas moins d'en esquisser une première synthèse.

A - L'étymologie

D'abord, le sens de «professio » nous apprend qu'on fait toujours «profession de... ». La question devient du coup celle de la légitimité de cet « acte de langage ». Elle peut s'acquérir de plusieurs façons qui ne sont pas exclusives :

  • Diplôme ;
  • Qualification ;
  • Adoubement par des pairs...

Les économistes libéraux (cette fois au sens d'Adam Smith) promeuvent une autre voie qui est le comportement du marché. Cette voie conteste a priori la légitimité de la « profession ».

Ensuite le « libéral » est un homme « libre »... Le fait que ce soit aussi un citoyen parmi d'autres renvoie à la question « libre de quoi ? ». L'histoire converge ici sur l'idée que le professionnel se dit « libéral » en tant qu'il est libéré de la « matière » — domaine réservé des « arts serviles » chargés de la « transformer ». Elle ajoute que la condition de cette « libération » est une patiente initiation aux « arts libéraux » — socle commun garantissant la maîtrise du langage et des nombres.

B — La sociologie

Les modèles traditionnels français (corps) et allemand (collèges) ont des points communs.
On constate la présence dans les deux cas — même sous des formes très différentes de :

  • organisations professionnelles ;
  • conditions d'appartenance ;
  • cursus de formation ;
  • rites professionnels ;
  • règles de l'art ;
  • déontologies ;
  • pouvoirs disciplinaires.

Ils divergent en revanche sur de nombreux points parmi lesquels :

  • l'autonomie de l'organisation ;
  • l'égalité des membres ;
  • la fraternité ;
  • la participation aux activités collectives ;
  • le monopole territorial...
C - Le droit

Des tendances se dessinent à l'examen des définitions proposées par le droit, la jurisprudence et la doctrine. Si Ton accepte un «recodage» (technique usuelle en sociologie) des caractéristiques recensées plus haut, on peut esquisser le profil suivant :

Quant au statut :

  • Le statut du professionnel libéral s'oppose à ceux du fonctionnaire et du salarié

Quant au régime :

Un régime de droit civil spécifique

  • Le régime du professionnel libéral s'oppose à ceux de l'artisan et du commerçant

Quant à l'activité :

Une activité essentiellement intellectuelle : Science ou art, Activité intellectuelle ,Services conceptuels .

  • L'activité du professionnel libéral s'oppose à celles de l'industrie et de l'artisanat

Quant aux conditions :

Des conditions d'exercice dérogatoires au principe de libre concurrence : Professionnalisme, Compétence, Connaissance élevée, Qualification professionnelle

  • Les conditions d'exercice de « la profession » libérale l'opposent à « l'occupation » anglo-saxons

Quant aux finalités :

Des finalités en relation à l'intérêt général : Activité désintéressée, Éthique et déontologie, Qualité du service, Priorité à l'intérêt du client, Confidentialité.

  • Les finalités des professions libérales les opposent aux professions de « business »

12:00 Publié dans Parcours professionnel, Traditions | Lien permanent | | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

01/05/2012

Télérama sur les recruteurs et leurs méthodes. Violentes? Asservissements volontaires ?

Le développement des “méthodes qualité”

http://television.telerama.fr/television/polemiques-en-ca...

http://television.telerama.fr/television/les-recruteurs-d...

Polémiques en cascade autour de “La Gueule de l’emploi”

Le 28 octobre 2011 à 17h15    -    Mis à jour le 31 octobre 2011 à 9h41

Le 6 octobre, sur France 2, était diffusé “La Gueule de l’emploi”. Un documentaire qui dénonçait les processus de recrutement et la violence du monde du travail. Les recruteurs, cloués au pilori sur Internet, se défendent.

10 réactions

Dans le documentaire “La Gueule de l'emploi”, un processus de recrutement qui a choqué les téléspectateurs. DR.

Décidément, le documentaire La Gueule de l’emploi, réalisé par Didier Cros et diffusé sur France 2 le 6 octobre 2011, n’en finit plus de susciter des réactions. Après les nombreuses critiques à la fois enthousiastes (sur la forme) et horrifiées (sur le fond) de l’ensemble de la presse, et notamment à Télérama (qui l'a diffusé en avant-première sur Télérama.fr), les téléspectateurs ont multiplié les commentaires sur Twitter, dans des blogs ou des forums de discussion, partageant leurs émotions entre colère, ironie et incrédulité : « Je n’arrive pas à prendre ce film pour ce qu’il est présenté : un documentaire sur une cession de recrutement ».

« Mon travail s’arrête au film »
Filmant in extenso une session de recrutement organisée par le cabinet RST Conseil pour le groupe GAN, le réalisateur Didier Cros ne s’attendait pas à de telles réactions : « Le film a cristallisé une forme de colère sociale, et l’Internet a servi d’exutoire. Dans mon travail je mets en avant l’humain. Avec ce projet, j’ai tout fait pour rendre impliquant le film pour les téléspectateurs, ce qui explique peut-être les réactions brutales ».
Depuis dix ans, Didier Cros privilégie un travail en immersion, souvent en huis clos, autour de thématiques de société – les sans logis dans Un ticket de bains douches, le handicap dans Parle avec moi, les jeunes réfugiés afghans dans Ado d’ailleurs, la prison dans Parloirs et Sous Surveillance, diffusés prochainement sur France 2. Visiblement un peu dépassé par les polémiques, il précise : « Mon travail s’arrête au film ».

Suite à la diffusion, un internaute a créé un site Internet sur lequel il donnait les coordonnées personnelles des recruteurs qui apparaissent dans le film, et invitait les internautes à exprimer « la gêne, la colère ou le dégoût » ressentis en contactant lesdits recruteurs par téléphone ou en imprimant des affiches et des flyers afin « de les déposer dans les zones géographiques où vivent ces personnes » !

Très vite, suite à une mise en demeure du GAN, le site a été fermé par son son auteur, Baptiste Fluzin (@soymalau sur Twitter), qui tient à s’expliquer : « Je savais pertinemment que les adresses étaient l'élément clé, qui déclencherait la réaction en chaîne. Aujourd’hui, lorsque l'on délivre un message trop policé, trop réfléchi, les gens ne le lisent même plus. Il me fallait donc choquer ! Mais l'idée n'était absolument pas de dire : “Voici l'adresse des recruteurs, allez leur casser la gueule” ».

Pour Didier Cros, cette initiative est « irresponsable » et « son auteur a fait un contre-sens sur mon film. Je n’invite pas au lynchage public. Le film est plus subtil qu’une opposition entre bons et méchants. Je propose une analyse, pas un règlement de compte. Ce qui m’intéressait, c’était plutôt pointer la question de l’asservissement volontaire ». Reste que suite à la création du site de Baptiste Fluzin, plusieurs personnes ont tenté d’entrer dans le cabinet de recrutement RST Conseil. Le standard de l’entreprise a également reçu de nombreux coups de téléphone d’insultes, comme chez GAN, où un salarié témoigne : « On s’est fait traités de porcs par quatre personnes le jour même de la création du site ».

« Le film a évolué au cours du projet »
Face aux critiques, Rogers Teunkam, l'un des deux associés de RST Conseil, a décidé de s'exprimer. Sur Télérama.fr, il estime que le réalisateur lui a caché l’angle véritable du docu – ce qui arrive parfois, pour ne pas effaroucher ceux que l'on veut filmer. Dans la note de présentation du projet, Didier Cros explique « qu’il s’agit certes d’offrir une parole aux candidats à l’emploi, mais aussi aux professionnels du recrutement, premiers observateurs de cette étape majeure : la mise en relation d’un candidat et d’une entreprise ». Le réalisateur mentionne « l’originalité » du « positionnement » de RST Conseil, et précise : « Sa technicité ainsi que le dynamisme de ses dirigeants nous ont séduits ». Mais au final, il s’intéresse en fait surtout aux candidats. « Le film a évolué au cours du projet, explique t-il. Un documentaire, c’est le regard d’un auteur. Je n’ai pas fait un film informatif. Je ne suis pas journaliste. Mon film, c’est principalement le point de vue des candidats ». Il interviewera les recruteurs pendant quatre heures pour n’en retenir que quelques secondes au montage : « Ils n’avaient aucune distance avec leur fonction et ils ne m’ont tenu qu’un discours de com’ ».

Plus ennuyeux : selon une personne ayant participé au projet du documentaire, mais souhaitant conserver l’anonymat, le processus de recrutement tel qu’il apparaît dans le film n'est pas le processus habituel. « Pour le film, tout a été chamboulé. Un process de sélection normal se déroule sur une journée, » or, selon cette source, « Didier Cros a soumis [aux dirigeants de RST Conseil, NDLR]un projet d'accord dans lequel apparaissaient des étapes nouvelles dans le process entièrement ajoutées par son équipe. Par exemple l'emploi du test de personnalité “Thomas” qui est assez fréquent pour des postes à grandes responsabilités. Concernant la “vente du voisin”, il a demandé à ce que soit reformulée la présentation de cet exercice pour que les candidats soient “dans la vente” et non dans la mise en valeur du CV de leur voisin : généralement, les candidats s'appuient sur les CV puisque les recruteurs ne les connaissent pas. Le débat du deuxième jour est une idée de lui, afin de voir s’opposer les candidats en frontal… Enfin, le point le plus important, le déroulement sur deux jours, du jamais vu chez RST… » Didier Cros affirme de son côté que ces changements se sont décidés en concertation avec RST Conseil et tient à préciser : « Ils ont validé absolument tout ce qui a été mis en place. Ils étaient tout à fait au courant de la procédure ».

Mises en scènes et pressions ?
Autre point litigieux : les dirigeants de RST Conseil disent que le réalisateur a décidé lui-même de certaines mises en scène et d'éléments du décor – la disposition des tables, l’entrée des membres du jury un à un, par l’arrière, à travers un grand rideau noir, le choix des vêtements portés par les membres du jury. Ils affirment même que Didier Cros aurait fait pression sur le jury. L'intéressé s'en défend : « C’est vrai que je leur ai dit que je voulais retrouver dans le film ce que j’avais vu lors des sessions qu’ils m’avaient permis de voir avant le tournage. Alors qu’ils étaient un peu crispés, au début, devant les caméras, car ils pensaient à leur boîte, je leur ai rappelé que l’idée du film était de faire comme d’habitude ». Le réalisateur est en tous cas formel : « Je n’ai absolument pas été interventionniste. Le film n’était pas écrit d’avance, les gens n’ont pas été pilotés, et je ne savais pas ce que les gens allaient donner. C’est sûr que Rogers Teunkam est beaucoup dans la théâtralité. Au final, tous jouent un rôle dans leur fonction, mais ils n’en mesurent pas la conséquence ».

Le documentariste assure également avoir parlé avec les dirigeants de RST Conseil après qu’ils ont vu le documentaire, et ces derniers, selon lui, ne l’auraient pas trouvé « déloyal ». « En fait, ils s’attendaient à ce que tout le monde trouve ça formidable. Ils ne sont pas sentis trahis par le film ». Une employée de RST Conseil explique pourtant : « Quand nous avons vu le film avec nos patrons, ces derniers se sont décomposés… ». Et pour cause, GAN représenterait près de 80 % du chiffre d’affaires du cabinet de recrutement. Jusqu’à présent, entre onze et seize sessions de recrutement par mois étaient organisées pour l’assureur. Suite aux polémiques, GAN aurait décidé de suspendre sa collaboration avec RST Conseil. Les emplois d’au moins huit salariés sont en jeu. Des informations que le cabinet n’a pas voulu confirmer.

Selon un spécialiste du secteur, « la profession DRH et les cabinets de recrutement profitent de ce film pour faire de RST Conseil un bouc émissaire ». Alain Gavand, l’un des « déontologues » du recrutement, a écrit une tribune prenant ses distances avec RST Conseil, pourtant membre fondateur de son association, À compétence égale. Notre témoin anonyme conclut : « Je savais qu’on allait à la boucherie. Cros nous a expliqué que pour vendre son documentaire à France 2, il lui fallait du “sensationnalisme” et surtout “des personnages”. Nous faisons habituellement du bon travail, mais la perspective d’être médiatisé a fait prendre la grosse tête à Teunkam et Babayou qui adorent se mettre en valeur ». N’était-ce pas l’idéal pour Didier Cros qui souhaitait à travers ce documentaire filmer « la comédie du travail » ? Une scène du documentaire résume « l’affaire ». Celle où le réalisateur lance à Rogers Teunkam : « C’est comme ça qu’on commence à Hollywood ». Et où le recruteur part dans un éclat de rire…

Lire aussi l'entretien avec Rogers Teunkam.

Marc Endeweld

Le 28 octobre 2011 à 17h15    -    Mis à jour le 31 octobre 2011 à 9h41

 

10 réactions

VOS AVIS (10 COMMENTAIRES)

RouetM - le 31/10/2011 à 09h52

Quoiqu' il en soit.. il est évident que la position de "recruteur" est souvent doublée d'un sentiment de toute - puissance. Qu' aussi, à force aussi de vouloir faire rentrer des humains dans des cases, le côté " humain" de l'entreprise part en miettes. bon.. c'est la vie d'aujourd'hui. C'est comme çà. Il y a deux ans, j'ai voulu monter avec un ami un site " Sherlock Job", permettant , et de façon objective, à des candidats de donner des quotations sur le service de recrutement des entreprises qui les avaient reçu. Sur base d'une vingtaine de critères. ( par exemple adéquation entre le contenu de l'annonce et ce qui était vraiment proposé etc etc). Une moulinette permettait de créer une moyenne globale, par entreprise, par secteur de métiers, secteur géographique etc etc. Intéressant aussi pour les services RH des entreprises, qui pouvaient bien sûr consulter ces données, les comparer avec celles d'entreprises concurrentes etc. et redresser le "tir " s'il y avait raison d'être. Nous avions reçu le soutien financier ... d'une compagnie d 'assurances.. Mais très vite nous avons reçus menaces et pressions. Le site n'a jamais vu le jour..
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RouetM - le 31/10/2011 à 09h50

Quoiqu' il en soit.. il est évident que la position de "recruteur" est souvent doublée d'un sentiment de toute - puissance. Qu' aussi, à force aussi de vouloir faire rentrer des humains dans des cases, le côté " humain" de l'entreprise part en miettes. bon.. c'est la vie d'aujourd'hui. C'est comme çà. Il y a deux ans, j'ai voulu monter avec un ami un site " Sherlock Job", permettant , et de façon objective, à des candidats de donner des quotations sur le service de recrutement des entreprises qui les avaient reçu. Sur base d'une vingtaine de critères. ( par exemple adéquation entre le contenu de l'annonce et ce qui était vraiment proposé etc etc). Une moulinette permettait de créer une moyenne globale, par entreprise, par secteur de métiers, secteur géographique etc etc. Intéressant aussi pour les services RH des entreprises, qui pouvaient bien sûr consulter ces données, les comparer avec celles d'entreprises concurrentes etc. et redresser le "tir " s'il y avait raison d'être. Nous avions reçu le soutien financier ... d'une compagnie d 'assurances.. Mais très vite nous avons reçus menaces et pressions. Le site n'a jamais vu le jour..
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Teoyan - le 31/10/2011 à 09h32

Je n'ai pas vu ce reportage mais les réactions ne m'étonnent pas. Je suis entrepreneur, ex- membre de direction d'une PME, ex- salarié de grands groupes, les RH en entreprise vous apprennent à vous en méfier comme de la peste et les gens qui s'en occupent devraient se poser des questions sur eux-mêmes et leurs motivations, car il détiennent un pouvoir discrétionnaire fort dans l'entreprise, ce sont souvent des personnes à la botte, des petits soldats, qui oublient souvent qu'ils ne sont QUE des salariés... C'est la dernière fonction que je recruterai dans mon entreprise (et encore), et pour les recrutements, on s'en occupera nous mêmes. Quant aux consultants en RH... no comment.
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shadock-06 - le 31/10/2011 à 07h49

Le film est visible ici:
http://www.youtube.com/watch?v=FR271UHde4E
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Orotava - le 31/10/2011 à 07h33

« On s’est fait traités (sic) de porcs par quatre personnes le jour même de la création du site ».
@ telerama.fr : vous devriez vous autoriser à corriger l'orthographe des propos cités (surtout si vous avez recueilli le témoignage oralement...)
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paraclet - le 29/10/2011 à 15h18

Ken Loach a traité le sujet dans 'it's a free world' il me semble que le mode de recrutement et les moeurs libérales tendent à l'universalité du harcèlement tranquille. Un fonctionnement social prévu par la théorie du mimétisme...
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Founious - le 29/10/2011 à 09h15

Internet a ceci de très intéressant, c'est qu'il peut désormais empêcher certains d'agir impunément : on réfléchira peut-être à deux fois avant de licencier une hôtesse de caisse pour avoir ramassé un ticket de caisse, ou de licencier un employé pour avoir récupéré des légumes périmés, et l'on ne condamnera peu-être plus à 18 mois de prison un SDF malien sur simple dénonciation calomnieuse après une enquête bâclée (Vamara Kamagate est décédé début juillet 2011)... L'information va maintenant très vite, obligeant certains à prendre leur responsabilité et les empêchant d'agir dans l'ombre. Policiers, magistrats, officiers supérieurs, députés, recruteurs, contremaîtres, et autres petits chefs de services, dormiront certainement moins tranquilles...
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benBOULOGNE - le 29/10/2011 à 00h27

Quand on regarde ce reportage, il y a quelque chose de frappant: alors que la parole est donné en permanence aux candidats, à aucun moment les recruteurs ne sont interrogés sur ce qu'ils font, comment et pourquoi ils le font. La communication est à ce sens unique.....A charge!
Ce documentaire, si tant est que l'on puisse encore lui donner ce nom, pose un problème de fond....qui valide et vérifie la véracité, la validité des choix d'un réalisateur, comment la chaine qui diffuse de tels reportages s'assure t'elle de la validité des infos qui y sont transmises à un public pouvant aller jusqu'à plusieurs millions de personnes dont certaines vont jusqu'à la délation publique avec des méthodes digne d'une époque que l'on préfèrerait oublier..?
Quel crédit apporter à toutes les émissions dites "d'investigation" quand on voit les manipulations dont celle-ci a manifestement fait l'objet de sa réalisation à son montage?
Cet exemple n'est pas de nature à nous rassurer sur la qualité des informations que la télévision aujourd'hui nous apporte, et c'est malheureux.
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Nykopol - le 28/10/2011 à 20h06

De deux choses l'une : ou on se fout de l'a gueule du monde et on diffuse une documentaire bidonné ou on assume le côté "fiction" de l'exercice, mais en aucun cas on ne prend les gens pour des cons et on ne joue certainement pas avec les nerfs des plus fragiles : il y a quand même eu en france depuis plus d'un an des salariés de grandes entreprises qui se sont foutus par la fenêtre parce qu'ils ne supportaient plus leurs conditions de travail et la pression de leur hiérarchie!
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Magalie_tutu - le 28/10/2011 à 18h15

Malheureusement ce genre de pratiques sont courantes... Alors bien sûr M. Didier Cros doit se réjouir, son documentaire a buzzé, mais si les faits reprochés sont avérés il s'agit tout de même d'une manipulation qui a eu un préjudice important sur les personnes filmées et sur la boîte. Ca ressemble plus à un lynchage médiatique qu'à un vrai travail de fond sur les méthodes de recrutement et la situation actuelle des chômeurs. Alors maintenant va-t-on créer un site fournissant les coordonnées de M. Didier Cros??

Les recruteurs de “La Gueule de l'emploi” contre-attaquent

Le 28 octobre 2011 à 17h15    -    Mis à jour le 31 octobre 2011 à 10h34

Responsable du cabinet de recrutement RST Conseil, mis en cause dans “La Gueule de l'emploi” (France 2), Rogers Teunkam estime que le documentaire donne “une image biaisée” de son travail.

5 réactions

Debout, Rogers Teunkam, recruteur de RST Conseil, dans le documentaire “La Gueule de l'emploi”. DR.

Comment avez-vous réagi au site Internet qui publiait les coordonnées personnelles des recruteurs présents dans le documentaire ?
Rogers Teunkam : J’étais décontenancé, comme le reste de mon équipe, par la diffusion du documentaire dans lequel nous n’avons pas du tout retrouvé ce que nous faisons au quotidien chez RST Conseil. L’image que l’internaute a eue de nous est totalement différente du message que nous voulions faire passer. Nous nous efforçons chaque jour de donner une chance à ceux qui ont été inactifs pendant un certain temps. A travers ce documentaire, cette idée a été dénaturée. Ce film ne donne qu’une image biaisée de notre métier, où il est extrêmement important d’aimer les gens, d’éprouver de l’empathie, de les sentir pour pouvoir les évaluer. On comprend que le téléspectateur puisse retenir de ce reportage une mauvaise idée du processus de recrutement.

Vous comprenez donc l’émotion suscitée par ce documentaire ?
Bien entendu, comment ne pas comprendre cette émotion ? Moi-même, au visionnage, j’ai été choqué ! Le travail de Didier Cros exprime son point de vue. Mais je pense que quelqu’un d’autre avec les mêmes images aurait pu présenter un visage tout à fait différent de notre travail. Je ne connaissais pas les techniques et les méthodes de la télévision. Je me suis aperçu que les images, c’est comme les chiffres : on peut leur faire dire ce que l’on veut !

Comment le réalisateur Didier Cros vous a-t-il présenté son projet ?
Nous lui avons permis d’observer plusieurs de nos sessions de recrutement. Il a nous a expliqué qu'il était intéressé de tourner avec notre cabinet parce qu’on donne une chance à ceux qui ont connu des accidents de parcours : il avait remarqué que dans nos sessions, il y avait des gens qui avaient subi des cassures, de tous âges, sexes, origines… Une diversité importante à ses yeux et qu’il ne retrouvait pas systématiquement ailleurs. Et puis, il nous trouvait, mon associé et moi, dynamiques et sympathiques, comme il le rappelle dans sa note. Voilà les circonstances de la rencontre, et l’objet du documentaire qui devait d’ailleurs s’appeler au départ : « Il y a un trou dans votre CV ».

Pourquoi avoir accepté ce projet ?
Nous pensions que donner une chance à ceux qui ont été mis de côté, et que souvent la société stigmatise, est une bonne chose. On veut dire aux candidats : « Vous avez tous une chance d’être recruté et de réussir à condition de le vouloir ».
Vous avez l’impression qu’il y a une différence entre l’intention de départ et le produit fini ?
C’est un travail techniquement de qualité, mais par rapport à notre travail au quotidien, ce n’est pas complet ! Trois exemples. A un moment du film, les candidats disent : « On ne sait pas pourquoi on est là ». Or, il y a quand même eu un tournage au cabinet, non montré, où nos chargés de recrutement convoquaient les candidats par téléphone avec des informations sur l’entreprise, le poste et la rémunération. Il est évident qu’on ne fait pas venir quelqu’un en session sans que celui-ci sache auparavant de quoi il s’agit !

Le deuxième élément est que le tournage a duré deux jours par la volonté du réalisateur et de la production, alors que nos sessions se déroulent habituellement sur une journée. Or, dans le documentaire, on laisse croire que nos sessions durent deux jours.

Troisième élément, la rémunération. Celle d’un vendeur est composée d’un fixe et d’une partie variable. Or, dans le film, l’on s’arrête volontairement sur la rémunération fixe, ce qui suscite les réactions du type : « Tout ça pour un smic ».Le réalisateur aurait pu laisser davantage développer le système de rémunération pour une meilleure information des téléspectateurs.
Comment s’est déroulé le travail de Didier Cros avec vous ?
Il a participé à plusieurs sessions animées par mon associé et moi-même. Avant le tournage proprement dit, il a filmé les présélections téléphoniques, et a tenu à rencontrer un maximum de candidats à l’extérieur afin d’affiner son choix. On lui a présenté un peu plus d’une trentaine de candidats, il en a retenu douze, et le jour de la session, dix se sont présentés.

Didier Cros a-t-il modifié le déroulement habituel du recrutement ?
Il voulait une grande salle, et on lui a prêté les locaux de l’un de nos clients. Durant le tournage, il ne cessait de nous dire de « mettre plus la pression » sur les candidats. « N’hésite pas à les chercher », « n’hésite pas à les pousser dans leur retranchement », « n’aie pas peur », « tu ne vas pas assez loin, je n’ai pas assez de matière ». Il nous rassurait en nous disant : « Je reverrai tout cela au montage ».C’était la première fois que nous participions à un documentaire, nous nous en remettions à son professionnalisme. Il fallait créer une ambiance dure pour que ce soit parlant à l’écran.

Un effet dramatique a été crée par la disposition de la table d’entretien, par les grands rideaux noirs. D’habitude, les candidats ne sont pas face à ce décorum qui les impressionne. Dans le documentaire, les recruteurs arrivent par ce dispositif comme si c’était un jury de tribunal. On lui a fait la remarque, et il nous a répondu que cette mise en scène répondait aux exigences de la lumière. Il souhaitait également la présence des deux associés du cabinet : « Vous avez une belle complicité », disait-il. Du coup, chaque candidat se retrouvait devant cinq recruteurs, ce qui renforçait l’effet tribunal.

Mais pourquoi avoir accepté ces conditions ?
Nous lui avons fait totalement confiance, peut-être trop. Dans notre naïveté et face aux caméras qui créent une distanciation avec soi-même, on s’est trouvé à exécuter ses directives, il nous rassurait. Sans oublier à quel point la caméra pouvait, en choisissant un point de vue, déformer la réalité. Nous n’avons pensé à aucun moment que cela pouvait être contre nous.

Avez-vous l’impression d’avoir été instrumentalisé ?
Oui. Quand on voit comment les candidats ont répondu aux questions posés par le réalisateur lors des interviews qui ont suivi le documentaire, on peut se demander quel a été le fil directeur des questions posées. On peut, à travers les réponses données par les candidats, retrouver le message que le réalisateur voulait faire passer. Les mêmes thèmes reviennent : l’humiliation, la déstabilisation, la soumission, le chômage, le système, l’infantilisation… En permanence, ces mots reviennent comme une musique lancinante, écrite à l’avance, un refrain à prononcer à chaque fin de phrase.

Didier Cros explique qu’il a essayé de préserver un certain « équilibre »
Quand je regarde le documentaire, l’équilibre, je ne sais pas où il se situe. Nous avons fait quatre heures d’interview avec lui au Forum des images, soi-disant pour répondre aux remarques des candidats. Les quatre heures d’interview se résument à dix secondes à la fin du documentaire !

Vous avez pu visionner le film avant la diffusion ?
Didier Cros nous a prévenus seulement deux semaines avant que son film allait être diffusé le 6 octobre sur France 2. A ce moment là, nous lui avons demandé s’il y avait un moyen de le voir avant, ne serait-ce pour prévenir les clients, les amis… Il nous a dit alors : « On essaye de tout faire pour que vous puissiez le voir avant, mais je ne vous promets rien ». Quelques jours plus tard, il nous rappelle : « Ecoutez, je vais vous donner les coordonnées de la responsable documentaire de France 2, essayez de plaider votre cause auprès d’elle, peut-être qu’elle sera plus sensible, mais de notre côté, on a tout fait, ça n’a pas été accordé ». Nous l’avons alors appelée. C’est une femme au demeurant très gentille qui nous a parlé de la position des juristes de France 2 : « On ne peut pas visionner les documentaires avant diffusion ».

Sur le site de France 2, le documentaire était toujours appelé « Il y a un trou dans votre CV », mais l’article associé commençait à nous refroidir. On rappelle alors Didier Cros qui nous dit : « Mais non, ne vous inquiétez pas, ça se passe toujours comme ça… ». Quelques jours encore après, on apprend qu’il y a eu une diffusion à la RTBF, et les commentaires commencent à fuser sur Internet. On apprend aussi qu’il y a eu une présentation presse, sans qu’on y soit invité, et toute la presse télé commence à se déchaîner sur le documentaire, « un film haletant de Didier Cros à ne pas louper… ». Et c’est là qu’on a commencé à se demander ce qui se passait. On avait prévu de déjeuner avec Didier Cros et sa productrice, à qui on demande pourquoi le documentaire s’appelle désormais La Gueule de l’emploi. Ils nous répondent que c’est France 2 qui a insisté pour changer le titre. On a fini par télécharger le documentaire deux jours avant sa diffusion grâce à un téléspectateur belge qui nous a envoyé un lien. Et c’est de cette manière là que nous avons pu regarder le film avant.

Pourquoi n’avez-vous pas réagi immédiatement ?
On a été dans un premier temps atterré. Dans notre cabinet, ni moi, ni mon associé n’avons l’habitude des médias. Après tout nous ne sommes que de simples chefs d’entreprise. Notre premier rôle est de rassurer nos employés et nos partenaires. Et même si on avait voulu réagir, qu’est ce qu’on aurait pu faire ? Auprès de qui ? La diffusion avait lieu deux jours plus tard. On était abattu.

Quelles sont les conséquences pour votre RST Conseil ?
Nous pensons que ceux qui nous connaissent depuis des années ont déjà testé nos méthodes et évalué leur sérieux. Ils nous ont heureusement renouvelé leur confiance. Cependant, ce reportage, en donnant une image aussi négative de notre travail, va hélas rendre nos prospections futures très délicates. On espère néanmoins que le public pourra aller au delà de ce parti-pris qui ne montre aucunement tout le travail fait en amont et en aval.

Propos recueillis par Marc Endeweld

Le 28 octobre 2011 à 17h15    -    Mis à jour le 31 octobre 2011 à 10h34

 

5 réactions

VOS AVIS (5 COMMENTAIRES)

marieP - le 31/10/2011 à 08h26

Et bien messieurs les recruteurs vous me semblez bien naïfs!
Quand votre métier est de recruter THE super employé pour vos clients, à vous voir si facile à manipuler et abuser je me demande qui vous a recrutés vous!
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Davesnes - le 31/10/2011 à 03h24

Pourquoi avoir accepté ce projet ?
Rogers Teunkams :
"Nous pensions que donner une chance à ceux qui ont été mis de côté, et que souvent la société stigmatise, est une bonne chose. On veut dire aux candidats : « Vous avez tous une chance d’être recruté et de réussir à condition de le vouloir »."
Tout la monde à sa chance ! Ça y est, Bernard Tapie est revenu. Ce type nous prend vraiment pour des billes. Le chômage repart au galop et il ose nous dire que chacun à sa chance. Comme s'il n'y avait rien de structurel.
Je regrette que le gars qui donnait leur adresse ait dû fermer son site. Ils méritent qu'on leur envoie des tombereaux de fumier, ces s....
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n1co_m - le 28/10/2011 à 20h15

Ouais, enfin, le rideau, le salaire (dont on avait compris Monsieur, qu'il était accompagné d'une prime sur objectif. Ce mec prend vraiment les gens pour des cons, dans et hors le film...), c'est pas ce qu'il y avait de plus choquant dans le docu. Le bonhomme ne se justifie absolument pas sur son comportement vis-à-vis des candidats. Ni sur cette petite remarque hallucinante autour de la machine à café, où les types s'étonnent "qu'en temps de crise" il reste des gens qui ne sont pas prêts à n'importe quoi pour un taf (sous payé, qui plus est)...
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genielambda - le 28/10/2011 à 19h23

Trop marrant le rea qui balance : "ah ça va être compliqué de le voir avant diffusion. On a tout fait mais c'est pas possible!!". Toute personne qui bosse dans la Tv ou le ciné sait pertinemment que des projections privées sont organisées avant la diffusion sur les chaînes. Ce rea est juste malhonnête et savait très bien quelle serait la réaction des personnes filmées! Surtout que c'est pas ce qu'on peut appeler de l'investigation (les personnes sont consentantes et y a clairement de la mise en scène) donc il n y a aucune raison de ne pas dévoiler le documentaire avant sa diffusion, sauf si on a quelque chose à cacher...
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Sunny75 - le 28/10/2011 à 18h01

C'est un autre son de cloche que l'on entend cette fois-ci. Le réalisateur Didier Cros avait argué de sa bonne foi, prétendant que les intéressés avaient visionné le docu avant la diffusion, ce qui apparemment est un mensonge... C'est vrai que le documentaire sent quand même la mise en scène, par le choix des angles de caméra, les décors, qui sont porteurs de sens. J'attends la réaction du réalisateur qui doit répondre à tous les points abordés ici et qui laissent fortement suspecter une mauvaise foi intellectuelle.
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08/10/2011

En hommage à la mémoire de Steve Jobs – Son discours de 2005 à Stanford .



Stay Hungry - Stay Foolish
http://www.freerepublic.com/focus/chat/1422863/posts

Une belle traduction d’Anne DAMOUR publiée en 2005 sur le site lemagchallenges.nouvelobs.com, reprise ce 6/10/2011 ici http://www.challenges.fr/actualite/high-tech/20111006.CHA... :

steve-jobs-stanford

« C’est un honneur de me trouver parmi vous aujourd’hui et d’assister à une remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde. Je n’ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n’ai même jamais été témoin d’une remise de diplômes dans une université. Je veux vous faire partager aujourd’hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C’est tout. Rien d’extraordinaire. Juste trois expériences.

« Pourquoi j’ai eu raison de laisser tomber l’université »

La première concerne les incidences imprévues. J’ai abandonné mes études au Reed Collège au bout de six mois, mais j’y suis resté auditeur libre pendant dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement. Pourquoi n’ai-je pas poursuivi ?

Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs. Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon apparition, ils décidèrent au dernier moment qu’ils préféraient avoir une fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d’attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit : « Nous avons un petit garçon qui n’était pas prévu. Le voulez-vous ? » Ils répondirent : « Bien sûr. » Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n’avait jamais eu le moindre diplôme universitaire, et que mon père n’avait jamais terminé ses études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs d’adoption et ne s’y résolut que quelques mois plus tard, quand mes parents lui promirent que j’irais à l’université.

Dix-sept ans plus tard, j’entrais donc à l’université. Mais j’avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité. Au bout de six mois, je n’en voyais toujours pas la justification. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n’imaginais pas comment l’université pouvait m’aider à trouver ma voie. J’étais là en train de dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant. Je décidai donc de laisser tomber. Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c’est un des meilleurs choix que j’aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j’abandonnais les matières obligatoires qui m’ennuyaient pour suivre les cours qui m’intéressaient.

Tout n’était pas rose. Je n’avais pas de chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis. Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5 cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la ville et m’offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal. Et ce que je découvris alors, guidé par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l’avenir. Laissez-moi vous donner un exemple : le Reed Collège dispensait probablement alors le meilleur enseignement de la typographie de tout le pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était parfaitement calligraphiée. Parce que je n’avais pas à suivre de cours obligatoires, je décidai de m’inscrire en classe de calligraphie. C’est ainsi que j’appris tout ce qui concernait l’empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d’une typographie. C’était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science. J’étais fasciné.

Rien de tout cela n’était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, dix ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l’incorporâmes dans le Mac. Ce fut le premier ordinateur doté d’une typographie élégante. Si je n’avais pas suivi ces cours à l’université, le Mac ne possèderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels. Et comme Windows s’est borné à copier le Mac, il est probable qu’aucun ordinateur personnel n’en disposerait. Si je n’avais pas laissé tomber mes études à l’université, je n’aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n’auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussions quand j’étais à l’université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.

On ne peut prévoir l’incidence qu’auront certains évènements dans le futur ; c’est après coup seulement qu’apparaissent les liens. Vous pouvez seulement espérer qu’ils joueront un rôle dans votre avenir. L’essentiel est de croire en quelque chose – votre destin, votre vie, votre karma, peu importe. Cette attitude a toujours marché pour moi, et elle a régi ma vie.

« Pourquoi mon départ forcé d’Apple fut salutaire »

Ma deuxième histoire concerne la passion et l’échec. J’ai eu la chance d’aimer très tôt ce que je faisais. J’avais 20 ans lorsque Woz [Steve Wozniak, le co-fondateur d’Apple N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans le garage de mes parents. Nous avons ensuite travaillé dur et, dix ans plus tard, Apple était une société de plus de 4 000 employés dont le chiffre d’affaires atteignait 2 milliards de dollars. Nous venions de lancer un an plus tôt notre plus belle création, le Macintosh, et je venais d’avoir 30 ans.

C’est alors que je fus viré. Comment peut-on vous virer d’une société que vous avez créée ? C’est bien simple, Apple ayant pris de l’importance, nous avons engagé quelqu’un qui me semblait avoir les compétences nécessaires pour diriger l’entreprise à mes côtés et, pendant la première année, tout se passa bien. Puis nos visions ont divergé, et nous nous sommes brouillés. Le conseil d’administration s’est rangé de son côté. C’est ainsi qu’à 30 ans je me suis retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et fracas. La raison d’être de ma vie n’existait plus. J’étais en miettes.

Je restais plusieurs mois sans savoir quoi faire. J’avais l’impression d’avoir trahi la génération qui m’avait précédé – d’avoir laissé tomber le témoin au moment où on me le passait. C’était un échec public, et je songeais même à fuir la Silicon Valley. Puis j’ai peu à peu compris une chose – j’aimais toujours ce que je faisais. Ce qui m’était arrivé chez Apple n’y changeait rien. J’avais été éconduit, mais j’étais toujours amoureux. J’ai alors décidé de repartir de zéro.

Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais mon départ forcé d’Apple fut salutaire. Le poids du succès fit place à la légèreté du débutant, à une vision moins assurée des choses. Une liberté grâce à laquelle je connus l’une des périodes les plus créatives de ma vie.

Pendant les cinq années qui suivirent, j’ai créé une société appelée NeXT et une autre appelée Pixar, et je suis tombé amoureux d’une femme exceptionnelle qui est devenue mon épouse. Pixar, qui allait bientôt produire le premier film d’animation en trois dimensions, Toy Story , est aujourd’hui la première entreprise mondiale utilisant cette technique. Par un remarquable concours de circonstances, Apple a acheté NeXT, je suis retourné chez Apple, et la technologie que nous avions développée chez NeXT est aujourd’hui la clé de la renaissance d’Apple. Et Laurene et moi avons fondé une famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été viré d’Apple. La potion fut horriblement amère, mais je suppose que le patient en avait besoin. Parfois, la vie vous flanque un bon coup sur la tête. Ne vous laissez pas abattre. Je suis convaincu que c’est mon amour pour ce que je faisais qui m’a permis de continuer. Il faut savoir découvrir ce que l’on aime et qui l’on aime. Le travail occupe une grande partie de l’existence, et la seule manière d’être pleinement satisfait est d’apprécier ce que l’on fait. Sinon, continuez à chercher. Ne baissez pas les bras. C’est comme en amour, vous saurez quand vous aurez trouvé. Et toute relation réussie s’améliore avec le temps. Alors, continuez à chercher jusqu’à ce que vous trouviez.

« Pourquoi la mort est la meilleure chose de la vie »

Ma troisième histoire concerne la mort. A l’âge de 17 ans, j’ai lu une citation qui disait à peu près ceci :
« Si vous vivez chaque jour comme s’il était le dernier, vous finirez un jour par avoir raison. » Elle m’est restée en mémoire et, depuis, pendant les trente-trois années écoulées, je me suis regardé dans la glace le matin en me disant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, est-ce que j’aimerais faire ce que je vais faire tout à l’heure ? » Et si la réponse est non pendant plusieurs jours à la file, je sais que j’ai besoin de changement.

Avoir en tête que je peux mourir bientôt est ce que j’ai découvert de plus efficace pour m’aider à prendre des décisions importantes. Parce que presque tout – tout ce que l’on attend de l’extérieur, nos vanités et nos fiertés, nos peurs de l’échec – s’efface devant la mort, ne laissant que l’essentiel. Se souvenir que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur.

Il y a un an environ, on découvrait que j’avais un cancer. A 7 heures du matin, le scanner montrait que j’étais atteint d’une tumeur au pancréas. Je ne savais même pas ce qu’était le pancréas. Les médecins m’annoncèrent que c’était un cancer probablement incurable, et que j’en avais au maximum pour six mois. Mon docteur me conseilla de rentrer chez moi et de mettre mes affaires en ordre, ce qui signifie : « Préparez-vous à mourir. » Ce qui signifie dire à ses enfants en quelques mois tout ce que vous pensiez leur dire pendant les dix prochaines années. Ce qui signifie essayer de faciliter les choses pour votre famille. En bref, faire vos adieux.

J’ai vécu avec ce diagnostic pendant toute la journée. Plus tard dans la soirée, on m’a fait une biopsie, introduit un endoscope dans le pancréas en passant par l’estomac et l’intestin. J’étais inconscient, mais ma femme, qui était présente, m’a raconté qu’en examinant le prélèvement au microscope, les médecins se sont mis à pleurer, car j’avais une forme très rare de cancer du pancréas, guérissable par la chirurgie. On m’a opéré et je vais bien.

Ce fut mon seul contact avec la mort, et j’espère qu’il le restera pendant encore quelques dizaines d’années. Après cette expérience, je peux vous le dire avec plus de certitude que lorsque la mort n’était pour moi qu’un concept purement intellectuel : personne ne désire mourir. Même ceux qui veulent aller au ciel n’ont pas envie de mourir pour y parvenir. Pourtant, la mort est un destin que nous partageons tous. Personne n’y a jamais échappé. Et c’est bien ainsi, car la mort est probablement ce que la vie a inventé de mieux. C’est le facteur de changement de la vie. Elle nous débarrasse de l’ancien pour faire place au neuf. En ce moment, vous représentez ce qui est neuf, mais un jour vous deviendrez progressivement l’ancien, et vous laisserez la place aux autres. Désolé d’être aussi dramatique, mais c’est la vérité.

Votre temps est limité, ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. Ne laissez pas le brouhaha extérieur étouffer votre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. L’un et l’autre savent ce que vous voulez réellement devenir. Le reste est secondaire.

Dans ma jeunesse, il existait une extraordinaire publication The Whole Earth Catalog , l’une des bibles de ma génération. Elle avait été fondée par un certain Stewart Brand, non loin d’ici, à Menlo Park, et il l’avait marquée de sa veine poétique. C’était à la fin des années 1960, avant les ordinateurs et l’édition électronique, et elle était réalisée entièrement avec des machines à écrire, des paires de ciseaux et des appareils Polaroid. C’était une sorte de Google en livre de poche, trente-cinq ans avant la création de Google. Un ouvrage idéaliste, débordant de recettes formidables et d’idées épatantes.

Stewart et son équipe ont publié plusieurs fascicules de The Whole Earth Catalog . Quand ils eurent épuisé la formule, ils sortirent un dernier numéro. C’était au milieu des années 1970, et j’avais votre âge. La quatrième de couverture montrait la photo d’une route de campagne prise au petit matin, le genre de route sur laquelle vous pourriez faire de l’auto-stop si vous avez l’esprit d’aventure. Dessous, on lisait :
« Soyez insatiables. Soyez fous. » C’était leur message d’adieu. Soyez insatiables. Soyez fous. C’est le vœu que j’ai toujours formé pour moi. Et aujourd’hui, au moment où vous recevez votre diplôme qui marque le début d’une nouvelle vie, c’est ce que je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous.
Merci à tous.
»

MIDI LIBRE

Extrait de l'article du 6/10/2011 Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Apple sans jamais le demander

Le succès des "i"

Apple aurait vendu plus de 275 millions d'iPods, 100 millions d’iPhone.
Et d'après Apple, il se vendrait un iPad toutes les 3 secondes depuis son lancement.
Le 22 juin 2010, soit 80 jours après son lancement aux États-Unis, Apple annonçait avoir vendu 3 millions d'appareils.

Lors de la Keynote du 2 mars 2011, Apple affirme qu'en 9 mois (période avril-décembre) la société aurait vendu plus de 15 millions de tablettes.

Lors de l'annonce de ses résultats du second trimestre 2011, Apple a indiqué avoir vendu 9,25 millions d'Ipad contre 4,64 millions d'exemplaires au premier trimestre 2011.

17:33 Publié dans Conférence, Hommage, Parcours professionnel, Vidéo | Lien permanent | | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

07/11/2009

Hommage à Claude Lévi-Strauss, le goût de l'Autre

Claude Lévi-Strauss nous a quitté le 30 octobre, à l’âge de 100 ans.

Dossier Télérama http://www.telerama.fr/livre/claude-levi-strauss-le-gout-...

Le 5 novembre 2009 à 18h00
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Tags : claude lévi-strauss anthropologie structuralisme

Claude et Dina Levi-Strauss dans leur campement - Photo : DR

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LE FIL LIVRES - Il aura passé sa vie à comprendre comment fonctionne l'esprit des hommes. Le célèbre anthropologue et ethnologue français Claude Lévi-Strauss est mort. Il avait 100 ans. Nous republions ici un article paru en mai 2008 dans “Télérama”, retraçant l'œuvre de cette figure de la pensée structuraliste.

Sur les pas de Lévi-Strauss | 5 novembre 2009

Peuples disparus, par Claude Lévi-Strauss | 5 novembre 2009

“Claude Lévi-Strauss par lui-même”, à ne pas rater sur Arte | 4 novembre 2009

Il existe peu d'ouvrages de sciences humaines dont les premiers mots se sont imprimés dans la mémoire ­collective, à l'égal du « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » de Proust. Mais on en compte au moins un : Tristes Tropiques, et son fameux incipit, « Je hais les voyages et les explorateurs. »

Claude Lévi-Strauss a 47 ans quand paraît, en 1955, dans la collection Terre humaine que l'ethnographe et écrivain Jean Malaurie vient de créer chez Plon, ce livre qui, au sein de son ample bibliographie, demeure le plus célèbre et le plus ­accessible. Le plus personnel aussi, le plus subjectif qu'ait donné le grand anthropologue.

Un ouvrage tout ensemble scientifique et profondément méditatif, écrit quelque vingt ans après les expéditions qui l'ont nourri : le Brésil, São Paulo, l'Amazonie, les Indiens Caduveo et Bororo auprès de qui Lévi-Strauss, alors jeune ethnographe, a vécu à plusieurs reprises au cours des années 1935-1938.

Enthousiastes, les jurés du Goncourt songèrent à donner leur prix à Tristes Tropiques. Ils y renoncèrent finalement, mais la postérité et la notoriété du livre n'en ont pas pâti : c'est Tristes Tropiques qui a révélé Claude Lévi-Strauss au grand public, qui a posé les premiers jalons de la reconnaissance unanime de l'anthropologue comme une des figures majeures de la pensée au XXe siècle : un ­scientifique doublé d'un moraliste, doté d'un talent ­d'écrivain - on a beaucoup évoqué Chateaubriand et ­Bossuet à son sujet.

Celui qu'on a longtemps regardé, à son corps défendant souvent, comme le « pape du structuralisme », celui dont les travaux et les méthodes ont influencé, en France et ailleurs, toute une génération d'intellectuels ressortissant à des disciplines aussi diverses que la philosophie ou la ­critique littéraire, la sociologie ou l'histoire - « son œuvre fait penser, et penser indéfiniment », écrivait ­Roland Barthes -, fêtera cet automne ses 100 ans. Et connaît dès aujour­d'hui la consécration éditoriale que constitue la publication dans la Biblio­thèque de la Pléiade : un volume ­d'Œuvres, par lui choisies parmi ses travaux multiples et savants. Lesquels, résuma-t-il un jour, n'ont eu sa vie durant qu'un seul et unique objectif : « comprendre comment fonctionne l'esprit des hommes » (1).

« Je me suis laissé tenter car j'avais envie de voir
le monde et j'aimais faire du camping,
de la marche à pied, de l'alpinisme. »

Tout a donc commencé il y a cent ans, le 28 novembre 1908, lorsque naît Claude Lévi-Strauss, à Bruxelles, dans un milieu bourgeois, esthète et plutôt conservateur. Son père est artiste peintre, l'un de ses grands-pères est grand rabbin de Versailles, la ­famille compte en outre un aïeul ­musicien, violoniste renommé au temps de Napoléon III. Claude Lévi-Strauss, lui, se tourne vers les lettres, puis le droit et la philosophie - préparant l'agrégation, il côtoie Simone de Beauvoir et Maurice Merleau-Ponty -, entre dans l'enseignement tout en militant à la SFIO. Il a raconté souvent le coup de téléphone reçu, à 9 heures, un dimanche matin de l'automne 1934, lui proposant de postuler pour une chaire de sociologie à l'université de São Paulo. Il se trouve que la philosophie à laquelle il s'est voué intellectuellement ne le satisfait pas complètement - elle lui semble se réduire à « une sorte de contemplation esthétique de la conscience par elle-même », écrit-il dans Tristes Tropiques - et qu'il a commencé à s'intéresser à l'ethnologie, sur les conseils de Paul Nizan. Il part donc pour le Brésil, en février 1935.

De son départ de France, il a donné plus tard cette explication bien trop prosaïque pour être honnête : « Je me suis laissé tenter car j'avais envie de voir le monde et j'aimais faire du camping, de la marche à pied, de l'alpinisme »... C'est, dans la vie de Lévi-Strauss, le moment de l'expérience du terrain. De l'immersion dans la différence, de la confrontation directe et saisissante à l'Autre - ses conditions de vie, sa ­façon de voir le monde, de le penser.

Ce temps est, pour le chercheur, ­plutôt bref : une première expédition auprès des Indiens a lieu au cours de l'hiver 1935, une seconde en 1938, durant neuf mois. Mais les observations réalisées alors nourriront toute l'œuvre intellectuelle à venir - jalonnée par les ouvrages Les Structures élémentaires de la parenté d'abord (1949), puis bien sûr Tristes Tropiques (1955), aussi plus tard Anthropologie structurale (1958 et 1973), La Pensée sauvage (1962), les quatre ­volumes des Mythologiques (1964-1971), La Voie des masques (1975), Histoire de Lynx (1991)...

Le « passage de la nature à la culture
est le problème fondamental de l'ethnologie. »

En 1939, Claude Lévi-Strauss rentre en France, avant de s'exiler l'année suivante à New York, face à la menace nazie. Il y demeure jusqu'en 1944, y fréquente les nombreux ­artistes et intellectuels européens exilés comme lui, y croise notamment les surréalistes André Breton et Max Ernst.

Surtout, il y fait la connaissance du linguiste d'origine russe Roman Jakobson, dont les travaux vont avoir sur lui une influence décisive. Jakobson l'initie en effet à la linguistique structurale, et c'est de cette approche que va s'inspirer Lévi-Strauss pour fonder l'anthropologie structurale. Lors d'un entretien pour la télévision réalisé dans les années 1970, Lévi-Strauss évoquait en ces termes ce que fut, pour lui, l'intuition de la méthode structurale : « Un jour, allongé dans l'herbe, je regardais une boule de pissenlit. J'ai alors pensé aux lois d'organisation qui devaient nécessairement présider à un agencement aussi complexe, harmonieux et subtil. Tout cela ne pouvait pas être une suite de hasards accumulés. »

Ces « lois d'organisation », ces structures souterraines et fondamentales, il va donc chercher au sein desquelles il a vécu. S'attachant dans un premier temps à saisir et comprendre les systèmes de parenté. Elargissant plus tard son objet d'étude, en se penchant sur la littérature orale des sociétés amérindiennes - essentiellement les mythes, leurs permanences et leurs infinies variantes, et ce qu'on peut en apprendre du « passage de la nature à la culture, qui est le problème fondamental de l'ethnologie, et même celui de toute philosophie de l'homme ».
« On a cru trop souvent que l'homme se laissait aller dans la mythologie à sa fantaisie créatrice et qu'elle relevait ainsi de l'arbitraire,
ajoute-t-il. Or si on réussit à montrer qu'en ce domaine même, qui offre un caractère de limite, il existe quelque chose qui ressemble à des lois, on pourra en conclure qu'il en existe aussi ailleurs et peut-être partout. »

Le mot « structuralisme » a été
« mis à tant de sauces que
je n'ose plus l'employer »

Le structuralisme est ainsi, pour Lévi-Strauss, non pas une philosophie, non pas une conception du monde, mais une méthode, une discipline, presque un outil. Le moyen de mettre de l'ordre et de la rigueur dans les sciences humaines « qui essaient de devenir positives ».

Quant au structuralisme en tant qu'école, mouvement intellectuel étendant ses ramifications dans toutes les disciplines intellectuelles, il s'en méfie, y voit souvent « un dévergondage sentimental nourri de connaissances sommaires et mal digérées » : le mot « structuralisme » a été « mis à tant de sauces que je n'ose plus l'employer », confiait-il au début des années 1980, s'agaçant du « tic journalistique qui consiste à associer le nom de Lacan » et le sien. Les seuls dont Lévi-Strauss se sent proche, ce sont les linguistes. Avec les historiens, les relations sont plus contrariées.

A la discipline historique, il reproche son « anthropocentrisme » : « A propos de l'histoire, il faut toujours se demander s'il en existe une seule capable de totaliser l'intégralité du devenir humain, ou une multitude d'évolutions locales qui ne sont pas justiciables d'un même destin. [...] Vouloir exiger que ce qui peut être vrai pour nous le soit pour tous et de toute éternité me semble injustifiable et relever d'une certaine forme d'obscurantisme. » De l'histoire, il ne nie pas pourtant l'intérêt, la ­validité, l'utilité, expliquant qu'« une recherche qui se veut positive ne lance pas d'exclusive ; elle fait plutôt ­flèche de tout bois. [...] En matière d'analyse mythique, chaque fois que je peux éclairer mon objet par des renseignements historiques, psychologiques, biographiques même sur la personne du conteur, je n'en suis pas gêné mais puissamment aidé ».

Incarnation d'une modernité extrême de la pensée au XXe siècle,
nourri de Proust, de Montaigne, de Rousseau, Claude Lévi-Strauss se définit paradoxalement comme « un homme du XVIIIe siècle, ou peut-être du XIXe ». Un classique et un moderne tout ensemble, à qui ses prises de position ont parfois valu d'être ­accusé de « réactionnaire » hostile au progrès, de « relativiste », d'« anti-humaniste ».

« Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui. Les institutions, les mœurs et les coutumes, que j'aurai passé ma vie à inventorier et à comprendre, sont une efflorescence passagère d'une création par rapport à laquelle elles ne possèdent aucun sens, sinon peut-être de permettre à l'humanité d'y jouer son rôle », écrivait-il déjà dans Tristes Tropiques, avec sous la plume des accents de moraliste, intensément mélancolique.

« Le monde a commencé sans l'homme
et il s'achèvera sans lui.  »


Les accusations dont il a fait l'objet n'ont pas ébranlé pourtant la figure de sage qu'incarne Claude Lévi-Strauss, défenseur ardent et inlassable des peuples dits « premiers », pleurant face à leur lente agonie, ­inconsolable d'appartenir au camp des destructeurs. Vieil homme en colère contre l'homme occidental et sa conduite à l'égard des autres hommes, à l'égard aussi de la nature :
« La seule chance offerte [à l'humanité] serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d'égalité avec toutes les autres formes de vie qu'elle s'est employée et continue de s'employer à détruire. Mais si l'homme possède d'abord des droits au titre d'être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l'humanité en tant qu'espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l'humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l'existence d'autres espèces », déclarait-il il y a trois ans.

Léguant, au terme d'une vie passée à tenter de comprendre comment vivent et pensent les hommes, un testament controversé : la certitude que l'homme est « une partie prenante et non un maître de la création ».

Pour écouter 2 courts extraits d’interviews de Claude Lévy-Strauss, archives de l’INA, aller sur la page Télérama : http://www.telerama.fr/livre/claude-levi-strauss-le-gout-de-l-autre,28901.php

Nathalie Crom
Télérama n° 3044

(1) Propos tenus en 1967 lors d'un entretien avec Raymond Bellour, paru dans la revue Les Lettres françaises et reproduit dans le volume Œuvres de la Pléiade.

A LIRE :

Œuvres, édition établie par Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé et Martin Rueff, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2 064 p., 64 EUR jusqu'au 31/8/2008, 71 EUR ensuite.
De près et de loin, entretiens avec Didier Eribon, éd. Odile Jacob (1988).
Claude Lévi-Strauss, de Catherine Clément, éd. PUF, coll. Que sais-je ? (2003).
Claude Lévi-Strauss, biographie de Denis Bertholet, éd. Plon (2003).

Le 5 novembre 2009 à 18h00
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VOS REACTIONS (3 commentaires)

Corto M - le 4/11/2009 à 07h44
Si j'ai passé ma vie à courir le monde à la rencontre, entre autres, des indiens d'Amazonie, des tribus mélanésiennes perdues dans les fonds de vallée au Vanuatu, aux Salomon, en PNG ou en Irian Jaya, les aborigènes de la terre d'Arnheim ainsi que les Hmong du Triangle d'or, je le dois à Claude Lévi-Strauss.
J'avais 16 ans quand j'ai lu Tristes tropiques pour la première fois et ce fut comme un grand soleil qui entra dans ma vie. CLS a été pour moi un des pères spirituels qui ont guidé ma vie. Grâce à lui, j'ai découvert de véritables civilisations, méconnues et injustement qualifiées de sauvages. Par exemple, aucune pensée dite civilisée n'atteint le degré de connaissance de l'environnement et de vision poétique du monde atteint par les aborigènes qui m'ont beaucoup appris. Je pense aussi à mes amis Bororo qui doivent se sentir bien orphelins.

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la rouille - le 3/11/2009 à 19h07
Merci à cet humaniste d'avoir éclairé de sa pensée des générations de chercheurs et d'étudiants. Triste époque qui voit l'auteur de "race et histoire " s'éteindre au moment où un débat sur l'identité nationale ressurgit des égouts. Oui, il faut absolument lire ces pages formidables d'intelligence et espérer que nous saurons écouter la sagesse de ce grand homme.

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Jéwémy - le 19/05/2008 à 15h30
On ne saurait trop recommander de relire "Tristes Tropiques" ou bien le "finale" de "l'homme nu". Au delà du regard ethnologique, de la théorisation du structuralisme, ce qui en ressort encore aujourd'hui c'est l'humanisme. Si les yeux de Levi-Strauss sont embués de tristesse face à un monde qui s'en va, face à une terre fourmillante de civilisations en train de s'uniformiser (déjà dans les années 1950...), sa parole n'est pas au désespoir. Plutôt qu'à se résigner, Levi-Strauss appelle chaque individu à se montrer responsable, à faire chacun sa tâche avec ,conscience et humilité. Les pages de "Tristes tropiques" n'ont pas pris une ride, la volonté critique est manifeste, qui n'a rien perdue de sa force. Alors lisons et relisons, avant tout pour se nourrir sans se borner à célébrer.

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Télérame 25.10.2009 - Philippe Starck : “Je suis le rapide le plus lent du monde”

Philippe Starck le N°1 du DESIGN nous livre les traits de caractère et de comportements, qui l'ont modelé et hissé au somment de la réussite dans son métier de designer.

"Philippe Starck ne dit pas qu'il a eu raison avant tout le monde mais explique pourquoi :-) Autrement dit il donne accès au processus créatif qui lui a permis d'anticiper et donc de prendre de bonnes décisions."

Je ne me considère pas comme intelligent.
Je suis très bon pour comprendre
les signes inconscients d'une société,
comprendre où ça va et pourquoi..”


“Je prépare l'ingénierie de l'astroport
des vols galactiques de Virgin.
Les premiers vols sont pour 2012.
Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées”;

Jeune homme de 18-20 ans, le design n'est pas encore un concept très en avance en France. Philippe Starck, fils de André Starck concepteur et constructeur d'avions, apprend son métier auprès des grands designers espagnols puis italiens.

Il "galère" plus de 20 ans avant de pourvoir monter son agence UBIK et commencer à bien vivre de ses créations.

Sa passion, l'aide à comprendre que dans le monde de changements rapides qui s'est développé depuis la fin des années 60, qu'il doit se concurrencer lui même en créant des produits moins chers plus beaux que les éditeurs ne peuvent bouder. "A l'époque où j'ai commencé, une chaise digne de ce nom valait 1 000 €. C'est cinq fois moins aujourd'hui. J'ai vraiment combattu pour monter la qualité, casser les prix, être accessible à tous".

Aujourd'hui, il s'adapte aux nouvelles tendances. Il prend le chemin du  Web 2.0 en permettant au public d'entrer en contact avec de jeunes créateurs qui ont mis leur modèle en souscription (mydeco.com), et s'engage avec passion dans le développement durable "Depuis, je n'ai cessé de militer pour voir émerger des produits justes, à la qualité juste et à la longévité juste". Il considère cependant que l'apogée du métier de designer est passée. "Mais là, aujourd'hui, face aux urgences... Chaque métier a son moment, et chaque moment a son métier. Aux jeunes qui veulent être designers, je dis que ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, il faut partir au combat. Et s'ils travaillent bien, dans quinze-vingt ans, on pourra se réintéresser au design...

Dans une société matérialiste comme la nôtre, toute question amène une réponse matérielle, comme si on ne pouvait pas répondre à quelqu'un sans lui refourguer un produit !
Mais désormais nous avons de sérieuses pistes pour, enfin, ne plus passer par le schéma traditionnel de la matière.
Le travail de designer doit être politique. En se demandant comment sauver de la matière, comment produire de l'énergie, comment changer l'esprit des gens, les dégoûter de l'achat de compensation du samedi après-midi
...

Il faut aussi expliquer, alerter. Qui, à part moi, entendez-vous poser publiquement la question de l'après-plastique ? L'après-pétrole, ça, oui, mais l'après-plastique, qui arrivera dans trente ans ?
Or le plastique est partout ! On rétorque qu'il y a le recyclage ; mais le plastique recyclé ne sert à rien. D'autres affirment qu'il y a le bioplastique, mais transformer les champs de céréales en plastique vraiment nul ou en carburant pour nos 4x4, c'est un crime contre l'humanité !
Les grandes famines sont annoncées pour 2020-2022. Et nous, on va ratiboiser deux tiers de la Terre et des forêts pour cultiver des choses que les gens ne peuvent pas manger ?
".


Dossier spécial - Grand entretien

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Le 25 octobre 2009 à 15h00
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Tags : Special design design Philippe Starck entretien

LE FIL ARTS ET SCÈNES -

Imaginer un objet, brosse à dents, maison, bateau, éolienne ou fusée, définir son concept, le dessiner, le développer... Un travail colossal. Qui n'occupe pourtant que 1 % du cerveau du designer star Philippe Starck. Attention : vous entrez de nouveau dans notre dossier spécial design, entamé jeudi. Dans quelques minutes, des images.

Un tycoon » : les Américains ont inventé ce nom pour ce genre de personnage. Un géant dans sa discipline ; mais un géant qui écraserait tous les autres, par son aura, sa réussite, ses créations multiples, sa surface médiatique. Starck est le tycoon du design. Sur la grande photo mondiale des créateurs d'objets, il y a lui au centre, royal, et les autres, relégués sur les bords de l'image. A 60 ans, Starck agace toujours, mais Starck épate toujours. Surtout quand il dresse un portrait acide de notre époque et pointe des pistes de réflexion et de changement profond.

Vous avez fondé votre agence, Ubik, en 1979. En trente ans, le monde du design a-t-il changé ?

Quand j'ai commencé, le mot « design » n'était même pas un terme générique. Il désignait tout au plus quatre dessinateurs de meubles italiens : Achille Castiglioni, son frère, Pier Giacomo, Enzo Mari, Vico Magistretti. J'étais arrivé dans cet univers par hasard – et ce n'était sans doute pas ma destinée... –, mais très vite, par ma forme de pensée, je suis tombé sur des solutions nouvelles, originales, et, il faut bien le dire, en avance. Ne connaissant personne dans le milieu, ni en général d'ailleurs, puisqu'à la fin des années 60 je n'avais que 17-18 ans, j'ai commencé à sonner à toutes les portes, chez des gros fabricants, des sociétés qui ont disparu depuis. Et on me répondait : « Vous êtes gentil, vous avez des idées, mais ce que vous nous racontez là, ça n'existera jamais. » Pourtant, ce que je leur montrais a abouti à tous les best-sellers des années qui ont suivi. Je me souviens qu'on ne comprenait pas quand je parlais de la « chaise à accoudoirs ». A l'époque, il y avait soit la chaise, soit le fauteuil. On me disait : « Mais pourquoi faire des chaises à accoudoirs ? » J'expliquais que les gens allaient rester à table plus longtemps, et que le salon, la salle à manger allaient finir par se confondre. Mais personne ne me croyait. Je me rappelle qu'un grand éditeur français, qui existe toujours celui-là, m'a dit à mon trente-quatrième coup de téléphone, j'avais beaucoup insisté car je crevais de faim : « Non, non, monsieur Starck, ce que vous faites, c'est de la création, et ça, on ne peut pas le faire ! » Ah ! ils s'en sont mordu les doigts ! Ils ont tout fait pour me récupérer ensuite ! Mais j'ai mis un point d'honneur à leur refuser ce qui a fait la fortune des éditeurs italiens ces vingt dernières années. Ils n'avaient vraiment pas le droit de dire : « Non, c'est de la création, on ne fait pas ça ! »

“Je dessine une chaise en moins
de cinq minutes mais ça fait quarante ans
que je pense aux chaises...”

Donc, vous êtes parti en Italie ?

Je suis parti voir ceux qui voulaient bien de moi ! En fait, mon premier éditeur était espagnol, Disform, et puis oui, il y a eu les Italiens, Alessi et les autres. Qui, eux, ont compris tout de suite ! Alors qu'en France je me sentais seul au milieu de la jungle, avec une machette et le ventre creux. Condamné à douter de mes intuitions. Heureusement, j'étais borné. Pourquoi, à 18-20 ans, attacher autant d'importance à une chaise ?

En 1982, on vous confie quelques pièces du palais de l'Elysée...

Jack Lang a soufflé l'idée à Mitterrand – très intéressé par le design – de donner l'Elysée à des créateurs français. Le projet était de sensibiliser les Français au design qui, à l'époque, roulaient en DS, avaient une télévision couleur, mais étaient toujours assis sur le sofa de leur grand-mère.

Vous arriviez déjà à vivre de votre métier ?

Pas du tout ! Les gens s'imaginent toujours que le design rend riche, mais moi, je n'ai commencé à en vivre vraiment qu'il y a quinze ans ! Si vous saviez combien on touchait à l'époque ! Pour la décoration du Café Costes, à Paris, j'ai reçu 13 400 francs ! Je ne vous raconte pas tout ce qu'on devait faire pour survivre. Même si on s'amusait, c'était la dèche absolue.

“Vous croyez que c'est avec 12 centimes
par brosse à dents vendue
qu'on devient millionnaire ?”

N'exagérez-vous pas un peu quand vous dites que vous n'avez vraiment vécu de votre métier qu'à 45 ans ?

Mais non ! Vous croyez que c'est avec 12 centimes par brosse à dents vendue qu'on devient millionnaire ? Depuis toujours, le designer ne touche qu'une toute petite part – fixe et non négociable – des objets vendus dans le commerce.

Les éditeurs italiens, qui ont été intelligents, ont passé il y a longtemps un accord entre eux pour fixer la rémunération des designers à environ 3,5 % du prix de vente. Pour éviter la surenchère. Et cela, quel que soit l'objet, quelles que soient ses ventes. Moi, ils me donnent un point de plus depuis cinq ans, et ce n'est pas illogique, vu que je suis numéro un des ventes partout. Mais je n'ai jamais rien touché de plus, ni prime, ni forfait. Peut-être que d'autres demandent, pas moi.

Dans la famille Starck, nous sommes des protestants, des luthériens. On ne profite jamais de quoi que ce soit, on ne fait jamais payer plus qu'il ne faut. On se fait un honneur d'être de simples artisans. C'est religieux, chez nous.

Il est très dur de faire profession du design ?

Tous les jeunes gens d'aujourd'hui veulent faire ce métier, mais combien de designers dans le monde en vivent ? En 2009, dix en vivent bien, cent correctement, et pour les autres, c'est la galère... Le milieu reste dominé par les stars du genre, même si les éditeurs aimeraient que ça bouge.

En fait, on va sans doute assister à une nucléarisation des activités. Notre agence Ubik y encourage, puisque la seule société qui permette cette évolution, mydeco.com – basée en Angleterre –, nous appartient en partie. Elle permet aux gens d'entrer en contact avec de jeunes créateurs qui ont mis leurs modèles en souscription.

J'essaie de faire exploser le système avec ce genre de démarche... Et, en même temps, ne rêvons pas : très peu de gens savent faire des choses qui fonctionnent. Par exemple, la chaise sur laquelle vous êtes assis – la Victoria Ghost, éditée par Kartell –, qui doit sûrement être numéro un mondial, a demandé cinq années de développement ! Ce sont des aventures de haute technologie et d'ingénierie. Il faut avoir la vision, avoir le concept, puis savoir le dessiner, savoir le développer, et là, il faut s'accrocher ! On peut dire ce qu'on veut de nous, mais on est des travailleurs !

Avez-vous hérité cette passion de l'ingénierie de votre père ?

C'est mon seul héritage ! Hélas, les usines d'aviation de mon père ont été laminées à l'après-guerre par l'industrie américaine, comme presque toute l'industrie aéronautique. Mais j'ai hérité de son goût pour l'élégance, la beauté du travail de l'ingénieur, ce qu'on appelle « l'esprit français ».

Car il n'y a quasiment que nous dans le monde à avoir une telle volonté de toujours bien faire, dans le moindre détail. On va y revenir de plus en plus, d'ailleurs, à cette ingénierie de haut vol, pour des raisons écologiques notamment. J'ai par exemple conçu un bateau de 120 mètres de long dont la coque est totalement innovante, parce qu'elle provoque moins de vagues et permet une consommation de carburant moins importante.

“Je ne me considère pas comme intelligent.
Je suis très bon pour comprendre
les signes inconscients d'une société,
comprendre où ça va et pourquoi..”

Comment parvenez-vous à passer ainsi d'ustensiles de cuisine à ces bateaux de 120 mètres ?

Cette question nous fait rire, avec ma femme, car on a un mode de vie particulier : des moines ! On ne sort pas, on n'est jamais nulle part, ou alors en transit. On ne va pas au cinéma, on ne regarde pas la télé, on ne lit pas les journaux, on ne fréquente pas les cocktails. On n'est au courant de rien et on ne connaît personne...

On est soit dans un avion, soit dans une petite cabane au milieu de la boue, de l'eau, parmi les pêcheurs, comme à Burano, dans la lagune de Venise. Là, on travaille à deux, dans une pièce avec un grand lit – qui nous sert beaucoup, c'est important pour la création ! – et deux tables.

Je dessine sept heures par jour. Elle organise et m'aide de plus en plus dans la création, surtout pour les vêtements... Je ne me considère pas comme étant intelligent. Ma fille dit que son père est un « autiste moderne ».

Je suis déconnecté des choses réelles parce que je ne peux rien apprendre. En revanche, je sais cultiver mon « magma » : je suis tout le temps en train de faire des corrélations, de classer. Je suis un spécialiste de l'organisation aux rayons X.

En fait, je suis très bon pour comprendre les signes inconscients d'une société, comprendre où ça va et pourquoi. Je n'en fais rien de particulier, je ne suis ni politologue, ni sociologue, ni philosophe. Mais ça me permet de stocker des bouts d'intelligence plus ou moins cuits, plus ou moins en phase de polissage final.

Quand ce « magma » donne-t-il forme à un objet ?

A peine me passe-t-on une commande que c'est fait ! Parce que ça fait quarante ans que j'y pense ! Je suis le rapide le plus lent du monde. Je dessine une chaise en moins de cinq minutes mais ça fait quarante ans que je pense aux chaises... Aux chaises et à tout ce qui nous entoure.

Sans oublier l'amour, ma grande passion, ma grande question : comment mériter l'amour ? La femme avec laquelle je vis occupe 99 % de mon cerveau. Pour elle, je suis une sorte de Gatsby permanent, toujours en train de frimer, pour être le plus aimé...

Jean-Batiste Mondino pour Télérama

Et tout rentre dans votre grand magma créatif ?

Tout ça et bien plus. Ce qui m'intéresse, c'est nous : l'espèce animale et cette extraordinaire et romantique aventure.

Il y a quatre milliards d'années, nous étions une bactérie, puis nous sommes devenus un poisson, une grenouille, un singe, et maintenant un super-singe. Et nous sommes voués à disparaître dans quatre milliards d'années, quand le soleil va imploser. Cette histoire fermée comme un film, j'adore ça !

A la base, j'étais pessimiste – je suis russe. Je pensais à la vie de façon morbide. J'ai perdu ma morbidité le jour où j'ai compris la beauté de notre histoire. Pour moi, la beauté, c'est ça, le sujet ! Quête qui me permet de mettre la barre haut : j'étudie l'astrophysique en suivant les cours de Thibault Damour, la mathématique quantique, la biologie et l'imagerie cognitive électronique du cerveau, la grande clé aujourd'hui. Ce travail me donne des lignes qui m'inspirent, en terme d'éthique, de démocratie également.

La démocratisation du design, c'est fait ?

Oui. A l'époque où j'ai commencé, une chaise digne de ce nom valait 1 000 €. C'est cinq fois moins aujourd'hui. J'ai vraiment combattu pour monter la qualité, casser les prix, être accessible à tous.

Personne ne le voulait, mais chaque fois que je baissais le prix, j'améliorais aussi la qualité, et le produit se vendait mieux.

Donc les éditeurs étaient forcés de me suivre... Depuis, je n'ai cessé de militer pour voir émerger des produits justes, à la qualité juste et à la longévité juste.

“Soyons réalistes : être designer,
c'est pas une gloire ! Il est anormal
qu'une société donne autant d'importance
à des gens comme moi”

Vous avez pourtant tendance à dénigrer votre travail...

Par rigueur. Je suis très dur avec tout le monde et surtout avec moi-même. Si j'étais content de moi, j'aurais déjà tout arrêté. Je n'ai plus besoin de sous, j'ai une jolie jeune femme, on a une maison à la mer, je pourrais faire du bateau et continuer à rêvasser...

Malgré tout ce que la presse a pu dire, je ne suis pas mégalo. Soyons réalistes : être designer, c'est pas une gloire ! Il est anormal qu'une société donne autant d'importance à des gens comme moi qui n'ont quasiment aucune importance. Je fais juste bien mon métier.

Le design vous semble inutile ?

Il a pu être amusant, comme un nouveau petit confort sociétal, il y a vingt ans. Dans une période de « civilisation civilisée », comme on a pu l'entrevoir alors, pourquoi ne pas s'intéresser à une lampe ?

Mais là, aujourd'hui, face aux urgences... Chaque métier a son moment, et chaque moment a son métier. Aux jeunes qui veulent être designers, je dis que ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, il faut partir au combat. Et s'ils travaillent bien, dans quinze-vingt ans, on pourra se réintéresser au design...

Partir au combat, c'est-à-dire ?

Ça veut dire être radical. Quand on est producteur d'idées et producteur de matière, comme je le suis, il faut réfléchir à comment refuser la matière.

On entre là dans le « process » écologique. C'est peut-être une tarte à la crème pour les cyniques, mais ça reste une urgence ! Depuis trois-quatre ans, on cherche des moyens d'action efficaces.

Dans une société matérialiste comme la nôtre, toute question amène une réponse matérielle, comme si on ne pouvait pas répondre à quelqu'un sans lui refourguer un produit ! Mais désormais nous avons de sérieuses pistes pour, enfin, ne plus passer par le schéma traditionnel de la matière. Le travail de designer doit être politique. En se demandant comment sauver de la matière, comment produire de l'énergie, comment changer l'esprit des gens, les dégoûter de l'achat de compensation du samedi après-midi...

Il faut aussi expliquer, alerter. Qui, à part moi, entendez-vous poser publiquement la question de l'après-plastique ? L'après-pétrole, ça, oui, mais l'après-plastique, qui arrivera dans trente ans ?

Or le plastique est partout ! On rétorque qu'il y a le recyclage ; mais le plastique recyclé ne sert à rien. D'autres affirment qu'il y a le bioplastique, mais transformer les champs de céréales en plastique vraiment nul ou en carburant pour nos 4x4, c'est un crime contre l'humanité !

Les grandes famines sont annoncées pour 2020-2022. Et nous, on va ratiboiser deux tiers de la Terre et des forêts pour cultiver des choses que les gens ne peuvent pas manger ?

“Je prépare l'ingénierie de l'astroport
des vols galactiques de Virgin.
Les premiers vols sont pour 2012.
Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées”

Sur quoi travaillez-vous, actuellement ?

Des tas de choses.

  • On vient de finir l'éolienne individuelle. Le plus petit modèle, qui produit environ 1,5 kW, va coûter environ 500 euros. Il suffit de l'installer sur le toit, elle est munie d'un boîtier relié au compteur d'énergie du foyer.
  • On continue à travailler sur des capteurs solaires, une voiture électrique aussi.
  • Et deux chantiers navals, l'un dédié au solaire et à l'hydrogène, l'autre à la construction de bateaux de 2 à 70 mètres de long.
  • Je viens aussi de finaliser le projet Démocratique architecture, en Slovénie : des maisons préfabriquées écologiques développées avec de hautes technologies, qui ne coûtent vraiment pas cher. Et j'ai dessiné les quarante-cinq plans seul avec mon crayon, je ne travaille même pas sur ordinateur.
  • Sans oublier que je prépare l'ingénierie de l'astroport des vols galactiques de Virgin. Les premiers vols sont pour 2012. Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées.

Comment vivez-vous la dématérialisation des objets ?

Je ne suis pas un homme de l'objet, mais du concept. Cette dématérialisation, je la prône depuis trente ans !

Nous sommes la seule espèce animale qui contrôle la qualité de sa vitesse d'évolution. Or on refuse de comprendre nos mutations.

Si on prenait conscience de la beauté et de l'intelligence de l'homme mutant, tout s'éclaircirait.

Pourquoi ne pas accepter ainsi notre entrée dans le bionisme, le mélange du corps et des composants - majoritairement la puce -, mélange qui va nous aider à maintenir notre vitesse d'évolution.

Notre société a oublié le scénario de base : d'où elle vient, où elle va. Elle a oublié que notre civilisation est fondée sur l'idée de progrès. Que l'homme est censé être de plus en plus intelligent, et devenir meilleur.

Ces valeurs ne sont pas nouvelles, ce sont celles de la chrétienté comme de toutes les autres formes de civilisation.

Mais nous sommes tellement perdus, avides, que nous oublions que nous sommes des animaux grégaires, là pour partager. C'est une condition absolue à notre survie.

Propos recueillis par Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier
Télérama n° 3119

Le 25 octobre 2009 à 15h00
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Tags : Special design design Philippe Starck entretien

VOS REACTIONS (21 commentaires)

PAT THE ROCK - le 29/10/2009 à 17h29
STEVEMAC: autant pour moi!! salutations!! rock off!!!!!!!!!!!!

4 internautes sur 4 ont trouvé cet avis intéressant.

stevemac - le 29/10/2009 à 17h13
Bien parler Pat The Rock mais je ne suis pas dans la mouv’ j'ai 52 ans et Starck je m'en bas l'œil ce n'est pas une réaction positive sur un people qui va faire de quelqu'un un Fan ou je ne s'ai quel beauf et je suis tout d'accord sur la fin de votre texte 16h34
trés cordialement

3 internautes sur 6 ont trouvé cet avis intéressant.

stevemac - le 29/10/2009 à 16h58
Soit De Vielg !!! lire des livres est une chose les comprendre une autre ...  et c'est bien là que je rejoint Appas dans sa réaction de 10h27
Pour les fautes cela ne regarde que moi et surtout le log "Naturrally speaking" et je n'est pas l'intention de me faire formaté par qui que ce soit dans ce jugement ...
Quand on sait d'où l'on vient, on sait où l'on va ....
Si quelquefois tu te sent petit ,inutile, démoralisé ou dépressif, n’oublie jamais que tu as était un jour le plus rapide et le meilleur spermatozoïde de la bande c'est toi le grand gagnant ...
je m'en va lire d'autres bon interview du style Télérama ( waf waf ..)
car ma crémière me dit n'oublie jamais qu'au plus haut trône du monde tu est assis que sur ton cul ...
alors ne s'obstine pas au dialogue de sourd ....
good good à Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier pour votre dossier .

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PAT THE ROCK - le 29/10/2009 à 16h34
je fais aussi quelques faute d'orthographe et ne suis pas inculte pour autant:mais ce Steve mac donne bien l'image et se place en porte parole de la mouvance Starck et autres designer frime :je le redis encore et encore perso,je trouve que son univers est trop froid,trop superficiel. mais cela plait énormément a la jeune ou moins jeune mouvance bobo et intello branchouille arrogant qui pète plus haute que leurs petit cul.
je vais me faire assassiner ,mais je m'en tape :Philippe Starck ou jean nouvel même orientation: pour un parisianisme snob,pour un paris élitiste et branchouille friqué ,pour un paris ,qui ne sera plus un paris avec ses boutiques de designer,cette architecture froide et fascisante:non ,je ne veux pas de tout cela.
moi même,a une époque j'ai aimé ce qui était branché ,dans la mouvance ............mais c'était dans les années 80 ,le problème aujourd'hui c'est que ce ne sont plus quelques endroits qui est branché c'est 80 pour cent de paris qui est branchouille avec ces boutiques qui vendent de tout et n'importe quoi ces galeries de pseudo peintre a deux balles qui foisonnent aux Abbesses et alentour ou du coté du marais: bref beaucoup de vent et de futilités pour pas grand chose.

4 internautes sur 6 ont trouvé cet avis intéressant.

La mouche du Coche - le 29/10/2009 à 14h08 
@ Stevemac,
.. et j'ajouterais que l'impressionnant nombre de fautes d'orthographe et de grammaire de votre commentaire trahit le fait qu'à votre prétention, vous cumulez une propre inculture qui rejoint celle du maître et vous accorde à lui.

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La mouche du Coche - le 29/10/2009 à 14h01 
@ stevemac,
Mais qu'en savez-vous que nous ne connaissons pas Starck parfaitement ?
Je vous rappelle que dans mon premier commentaire je précisais que Starck se vante dans ses livres de faire un design "acculturé" donc méprisant. Je les ais donc lu et pas vous.
Je vous trouve extrêmement arrogant. Vous imaginez que les gens qui ne sont pas sont pas d'accord avec vous sont forcément des imbéciles parlant de ce qu'ils ne connaissent pas. Vous allez bien avec l'idée que je me fais des gens qui aime ce designer.

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.stevemac - le 29/10/2009 à 09h25
Bravo Télérama pour votre article
Je constate comme à l'habitude que ceux qui n'aiment pas Starck donne des critiques sur celui-ci sans connaitre un dixième de ce qu'il est vraiment et de ce qu'est le monde du design .
lire un article sur une personne que l'on aime pas pour écrire du torchon qui n'a pas de sens avec le sujet est assez paradoxal !!!! je constate que les cervelles inoccupées sont de plus en plus nombreux dans notre pays
Ma crémière disait au sujet de Starck que l'avantage d'être intelligent c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile et dire n'importe quoi ,alors que l'inverse est totalement impossible
Quand à APPAS bien parlé pour la brosse à dent.
Merci Mr STARCK pour avoir bousculer le design et décoincé du Q tous ces designer qui ce prennent pour ce qu'il ne sont pas ,ne changé rien .

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h54
Voici un article écrit par un de mes potes à l'école : http://lettres.lecolededesign.com/2009/03/06/design-polem...

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h42
Ce qui est bien dommage au final c'est plutôt que d'une, les médias ne s'occupent qu'à relayer les activités de ce genre de coqueluche à la population, et que deux, cela lui fait profit puisque les gens ne sont pas assez curieux pour aller voir ce qu'il y a au delà. Le mieux, c'est peut être de l'ignorer...

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h40
Je suis étudiant en école de design et avec quelques amis nous suivons de temps en temps la masturbation collective starkienne. Philippe Starck n'est pas, comme on pourrai le croire un idiot, et il sait bien rebondir.
Ce qui me gêne au premier abord, c'est qu'il est mis sur un pied d'estal comme ambassadeur du "Design". Et du coup, il en fait ce qu'il en veut, et le commun des mortels qui achète ses merdes rotomoulées avalent ça goulument et joyeusement. Et pour forger sa crédibilité, il sait bien jouer le philosophe, et il n'hésite pas à citer des grand noms du design, pour qui l'œuvre qu'était un de leurs objet, était bourrée de réflexion. Tout ca alors qu'Ettore Sottsass est récemment décédé dans l'ombre de la culture médiatique...
Mais au final, sur quoi Starck s'assied-t-il quand il dit que le design est inutile ? Que rare sont les designers qui "vivent" de leur travail ? (Parce que personnellement, je ne compte pas être designer pour gagner de l'argent, j'espère vivre correctement, mais surtout vivre mon métier) Eh bien je pense qu'il s'assoit sur ce qu'il entretient, ce design froid et facile, qu'il défend extrêmement bien avec ses capacités d'orateur, mieux qu'il ne fait son travail surement. Des milliers de gens, pas comme lui, dans des centaines de domaines différents vivent leur travail de designer et sont bien plus occupés à travailler pour une solution et donner un sens à objet, qu'à faire des plateaux télés.

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PAT THE ROCK - le 27/10/2009 à 18h11
APPAS, il l'aime son Philippe Starck,oh! mon dieu comme il l'aime son grand designer chouchou; il lui fait tourner la tète son Philou de Starcky : APPAS pète un tout petit coup, et tu verras ta vision sur cette putain de vie matérielle sera un peu moins figé et étriqué. bonne soirée!!

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La mouche du Coche - le 27/10/2009 à 17h57
@ Servadio,
N'embêtez pas le maître avec vos mesquines histoires d'argent. Vous allez le déconcentrer.

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Servadio - le 27/10/2009 à 14h14
De bien beaux discours... Mais j'aurais aimé qu'on interroge M. Starck sur les 57.408 euros reçus pour la "conception" du logo de la présidence française de l'Union Européenne après une procédure d'attribution que la Cour des Comptes juge pour le moins curieuse (cf. entre autres http://www.lesechos.fr/info/france/300385523.htm)...
Mais il est vrai que l'argent même public n'a pas d'odeur...

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La mouche du Coche - le 26/10/2009 à 12h06
Appas, je vous sens complètement lobotomisé par la pensée du maître mais ce n'est pas grave, je vais vous aider.
Pour commencer, essayez de vous demander dans quelle mesure ses objets sont les exactes contraires de son discours. Est-ce que vous y arrivez ?
cordialement

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Appas - le 26/10/2009 à 10h32
femme aimée, de sa fille qui l'est tout autant, de sa famille, de jeunes collaborateurs, ce qui est réconfortant en ces temps de JE sarkozyens.

 

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Appas - le 26/10/2009 à 09h10
Chère Mouche du coche avant de parler il faut connaitre, votre brosse à dent est-elle en bois ? Il travaille de nombreux matériaux et cela ne m'étonne qu'à moitié que vous n'ayez pas ça chez vous... il faut avoir du goût...

Plus sérieusement quand un créateur – qui a une immense culture à présent – essaie d'embellir notre quotidien il faut au moins avoir un minimum de respect, moi j'ai aussi de l'admiration. Merci Mr Starck.

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pleroma - le 25/10/2009 à 19h25
L'interview est super! PS est un grand bavard, non? Ce qu'il dit mérite réflexion, il y a de bonnes choses a retenir. Je n'ai lu que des critiques de son design, sur un ton un peu aigri d'ailleurs, qui n'ont pas de rapport avec l'interview...Je ne peux pas me permettre de ''Starckiser'' mon intérieur, mais je ne refuserai pas quelques jet-Starck si on me les offrait...

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PAT THE ROCK - le 25/10/2009 à 18h31
c'est forcément génial Philippe Starck c'est l'apôtre du designer bobo.

RIEN A FAIRE DU DISIGNE DE STARCK. c'est moche et froid :perso je préfère le bois ,oui le bois vive les matériaux noble et non le plastique poubelle.

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La mouche du Coche - le 25/10/2009 à 16h49

Ph Starck est l'apôtre d'un design international "sans culture" comme il l'a écrit lui-même dans ses livres. Ses matériaux sont le plastique issu du pétrole. Qui a ça chez soi à part les journalistes ?

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01:06 Publié dans Parcours professionnel, Télérama | Lien permanent | | Tags : philippe starck, design | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |