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16/11/2009

LE MONDE 12.11.09 - L'Eglise catholique veut "sortir de ses ghettos" avec Internet

LE MONDE | 12.11.09 | 10h23  •  Mis à jour le 12.11.09 | 15h06

Le pape Benoît XVI avait laissé pantois nombre de catholiques en attribuant le plus gros couac de son pontificat à une utilisation insuffisante d'Internet. "Il m'a été dit que suivre avec attention les informations auxquelles on peut accéder sur Internet aurait permis d'avoir rapidement connaissance du problème", avait-il écrit, en mars 2009, aux évêques, dans une allusion à la levée de l'excommunication de Mgr Williamson, prélat intégriste et notoirement négationniste.

Document Eglise et Internet : le discours de Mgr Di Falco

Conçus avant cette "erreur de communication", les travaux qui s'ouvrent, jeudi 12 novembre à Rome, au sein de la Commission épiscopale européenne pour les médias (CEEM), pourraient contribuer à combler ces lacunes.

Durant quatre jours, une centaine de personnes (évêques, attachés de presse des diocèses) vont s'immerger dans la culture du Net, rencontrant des responsables du réseau social Facebook, du moteur de recherche Google, du microblogging (échange de messages courts) Identi.ca ou de l'encyclopédie sociale Wikipédia. Un hacker suisse et un spécialiste d'Interpol viendront compléter la présentation des possibilités existant sur la Toile.

"Nous devons avoir le souci de continuer à être là où sont les gens", insiste Mgr Jean-Michel Di Falco Léandri, l'évêque de Gap, président de la CEEM.

PRIÈRES EN LIGNE

Jeudi, l'ancien porte-parole des évêques de France devait livrer une réflexion sans langue de bois sur l'incapacité de l'Eglise à se saisir des ressources d'Internet, notamment comme "outil d'évangélisation". En filigrane, son analyse critique une communication trop marquée par l'organisation verticale de l'Eglise catholique. "Internet nous fait descendre de notre chaire magistrale, nous fait sortir de nos ghettos, de nos sacristies", selon l'évêque français.

Confrontés à la "Web-génération", les membres de la CEEM devraient s'interroger sur "les conséquences ecclésiologiques, les effets sur le gouvernement même de l'Eglise, la place de la religion sur le marché Internet, les manières d'y proclamer l'Evangile".

Mgr Di Falco Léandri souligne l'avantage pris par les sites protestants "évangélistes" en termes d'audience. "Les sites catholiques sont centrés sur eux-mêmes. Ils parlent la langue des initiés à l'usage exclusif des initiés. Les sites évangélistes, au contraire, veulent atteindre les internautes, utilisant Internet comme vecteur d'évangélisation."

Certes chaque diocèse possède un site plus ou moins alimenté, les blogs de prêtres se multiplient, les prières et les retraites "on line" apparaissent. Le Vatican, dont le site Internet est très peu convivial, a lancé en janvier sa propre chaîne sur Youtube. Mais cette présence n'est pas une fin en soi, insiste Mgr di Falco Léandri : les sites "chrétiens doivent être des éveilleurs de conscience".

Stéphanie Le Bars

Article paru dans l'édition du 13.11.09

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10/11/2009

L'identité française pour les nuls

Je trouve stupide de revendiquer son identité. Pour moi une identité c'est princialement une identification qui permet à un créancier de vous mettre dans ses comptes ou à une administration de vous recenser.

En revanche "être français ou le devenir", pour moi :

  • c'est respecter toutes les valeurs dont nous avons hérité sans se disputer ou accroître les fractures
  • et c'est avoir des projets pour construire un destin s'ouvrant sur des possibilités et des valeurs nouvelles choisies en commun.

On peut discuter et légiférer à tire larigot sur le sujet, ce que la plupart nomment "identité française" ne peut résulter que d'actes qui impliquent chacun, car l'homme ne comprend réellement que ce qu'il est capable de fabriquer.

  • Contre exemple, montrant que l'acte l'emporte : Le port de la Burka
  • Contre-contre exemple montrant que toutes les valeurs ne sont pas respectés et qu'on ne fait pas grand chose à part se disputer sur le sujet  : Le chômage des jeunes descendants de l'immigartion africaine ou nord-africaine, est scandaleusement le plus élevé.

Alors, lancez des petits projets qui permettent aux plus récalcitrants d'être fier d'être fançais ou de le devenir. Les adaptations nécessaires se feront tout naturellement dans le cours de l'action, si le bon cap a été choisi, naturellement !

02:18 Publié dans Société et Justice | Lien permanent | | Tags : identité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

Dossier sur la sécurité nucléaire

LA Croix - 03/11/2009 14:34

http://www.la-croix.com/Les-autorites-de-surete-nucleaire...

Les autorités de sûreté nucléaire mettent en cause la fiabilité de l’EPR

Les autorités françaises, britanniques et finlandaises ont demandé à Areva de revoir les systèmes de contrôle de son réacteur nucléaire. Un coup dur pour le groupe qui attend de nombreuses commandes dans le monde

Vue du chantier du réacteur de troisième génération EPR à Flamanville (Manche), le 13 octobre 2009 (AFP/DANIAU).

Du jamais vu. Dans un communiqué commun, publié lundi 2, novembre dans la soirée, les autorités de sûreté nucléaire française (ASN), britannique (HSE) et finlandaise (Stuk) ont demandé à Areva de revoir la conception de son EPR, le réacteur nucléaire de troisième génération, en mettant en cause le niveau de sûreté de ses systèmes de contrôle commande.

L’EPR est en cours de construction en Finlande, en France (à Flamanville dans la Manche et bientôt à Panly en Seine-Maritime) ainsi qu’en Chine.

Selon les trois autorités, les deux logiciels informatiques servant à piloter la centrale, pour son fonctionnement normal et en cas de situation d’urgence, ne seraient pas assez indépendants l’un de l’autre.

Les trois autorités évoquent ainsi « beaucoup trop interconnexions complexes », alors que les deux systèmes devraient être conçus pour ne pas faillir en même temps.

Chez Areva, on minimise la portée de cette injonction, en évoquant « un processus normal de dialogue ».

« C’est la première fois que ce type de contrôle commande est appliqué au nucléaire. Il est logique que certaines questions se posent. Nous y travaillons depuis plusieurs mois avec les autorités et cela ne remet absolument pas en cause la fiabilité de l’EPR », souligne une porte-parole du groupe, en rappelant que 120.000 documents d’ingénierie sont établis pour la construction d’un réacteur.

De son côté, EDF affirmait mardi qu’il s’engageait

« à apporter toutes les réponses attendues d’ici à la fin de l’année et en particulier à réaliser la démonstration nécessaire concernant le deuxième système de pilotage du contrôle commande ».

« La renaissance du nucléaire est décapitée »

Les antinucléaires ne sont évidemment pas de cet avis. « La renaissance du nucléaire est décapitée », s’est ainsi réjoui le réseau « Sortir du nucléaire », qui demande « l’annulation générale du programme EPR ».

Les Verts ont, quant à eux demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire. « Qu’attend la France pour appliquer le principe de précaution au nucléaire et pour arrêter le programme EPR ? », s’interroge de son côté Yannick Rousselet, le porte-parole de Greenpeace.

L’affaire tombe, en tout cas, au plus mal pour Areva, alors que les projets de construction de centrales se multiplient dans le monde, et que le groupe est en pleine discussion avec l’État pour obtenir une augmentation de capital, jugée nécessaire pour mener à bien ses projets d’investissements (10 milliards d’euros d’ici à 2012).

L’entreprise dirigée par Anne Lauvergeon attend aussi avec impatience la décision des Émirats arabes unis, présentée comme imminente, sur l’appel d’offres concernant la construction de quatre réacteurs nucléaires.

Le camp français, associant Areva, EDF, GDF-Suez et Total, est en concurrence avec l’américain General Electric et le Coréen KEPC. Un contrat géant estimé à 40 milliards de dollars (plus de 27 milliards d’euros).
De sources diplomatiques, l’équipe tricolore, jugée trop chère, aurait été contrainte ces dernières semaines de revoir ses prix.

La construction de l’EPR à Olkiluoto, un fiasco

Areva doit également finaliser dans les prochains mois ses négociations avec l’électricien indien NPCIL pour deux EPR. Le numéro un mondial du nucléaire joue également gros en Grande-Bretagne, qui a décidé de relancer son programme d’atome civil. British Energy, racheté par EDF, veut construire quatre EPR. Les Allemands E.ON et RWE ont également des projets de centrales dans le pays, et la semaine dernière GDF-Suez a annoncé l’achat d’un terrain, avec l’Espagnol Iberdrola et le Britannique Scottish Energy, pour la construction d’une centrale.

Hasard du calendrier, les réserves émises par les trois instances de contrôle interviennent également au moment même où les autorités américaines ont donné leur feu vert à EDF pour le rachat de Constellation, le premier électricien nucléaire du pays, qui prévoit, lui aussi, de construire quatre EPR.

Reste enfin pour Areva, la gestion dossier finlandais. La construction de l’EPR à Olkiluoto, dont la première pierre a été posée en 2005, s’avère pour l’heure un fiasco industriel et sans doute un désastre financier. Le chantier a pris trois ans de retard et le groupe a déjà passé 2,3 milliards d’euros de provisions sur ce contrat, qui devait initialement lui rapporter 3 milliards.

Pour expliquer ces retards, Areva met notamment en cause la lenteur de son client à valider les documents ainsi que l’inexpérience des entreprises finlandaises.

Le client, l’électricien TVO, s’interroge, quant à lui, ouvertement sur les capacités du Français à conduire un projet de cette taille.

Les deux groupes ont rendez-vous maintenant devant un tribunal d’arbitrage pour régler leurs litiges.

Jean-Claude BOURBON

Télérama 13.10.2009 – Dossier nucléaire sujet tabou

Attention séances fission

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S i le nucléaire est négligé par les JT et éludé par les politiques, ses zones d’ombre et ses dangers suscitent des documentaires et des enquêtes souvent remarquables. Dont l'élaboration est la plupart du temps périlleuse. Nous avons décidé de creuser ce sujet tabou. Un premier tableau, puis un retour sur quatre films fort intéressants disponibles en VOD ou en DVD. Prudence, prudence, vous entrez dans un gros dossier

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13 octobre 2009 Françoise Zonabend : “A La Hague, je suis repérée…”

Est-ce une réaction en chaîne qui touche la télévision ? Depuis un an, enquêtes et documentaires bombardent de questions cruciales un des domaines les plus tabous de notre société : le nucléaire.

Tous sont porteurs d'informations capitales, tous excellents dans des styles différents.

Mardi 13 octobre, Arte diffuse Déchets, le cauchemar du nucléaire, enquête magistrale – et internationale – sur le talon d'Achille de cette industrie pas comme les autres, menée par le réalisateur Eric Guéret et la journaliste de Libération Laure Noualhat.

Il y eut auparavant un portrait sensible de La Hague et de ses habitants : Au pays du nucléaire, d'Esther Hoffenberg (sur France 2) ; une inquiétante plongée dans la maintenance des centrales en compagnie de ses intérimaires : RAS, nucléaire, rien à signaler, du Belge Alain de Halleux (sur Arte) ; les insolubles problèmes que pose le démantèlement d'un petit réacteur : Brennilis, la centrale qui ne voulait pas s'éteindre, de Brigitte Chevet (sur France 3).

Il y aura bientôt Alerte nucléaire sur France 3, à propos des risques d'accident.

Mais c'est sans doute le numéro de Pièces à conviction, Uranium, le scandale de la France contaminée qui a fait le plus parler de lui en février dernier, provoquant la colère d'Areva (1).

De l'extraction du minerai (Niger, la bataille de l'uranium, sur France 5) au démantèlement des centrales en passant par leur exploitation et la gestion de leurs déchets, le tour d'horizon est complet, fouillé. On est très loin de la légèreté dont font preuve les journaux télévisés.

  • Quand EDF lance un grand emprunt ou annonce une augmentation de ses tarifs, jamais les choix énergétiques de la France ne sont questionnés. On parle d'« investissements » sans préciser qu'il s'agit de construire des réacteurs EPR et de racheter des centrales étrangères.
  • On euphémise à tout va (les centrales deviennent des « installations »), jusque dans les images puissantes et rassurantes de tours de refroidissement vues du ciel. Même cécité lorsque l'électricité est exonérée de la taxe carbone. Au mieux, on précise qu'« elle est considérée comme une énergie non polluante », images d'éoliennes et de panneaux solaires à l'appui... alors que 80 % de notre électricité est produite par le nucléaire (record mondial) !

Qui pouvait imaginer le déni dans lequel vivent la plupart des habitants du Cotentin, région la plus nucléarisée du monde ?

La négligence des JT peut s'expliquer par leur forme contrainte. Mais comment justifier l'ignorance des politiques ? En 2007, lors du débat télévisé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, chacun des deux candidats proféra des énormités sur le sujet (pointées sans pitié dans Déchets, le cauchemar du nucléaire).

A l'indigence de l'info et à l'ignorance des politiques semble répondre le fatalisme du public...

  • Qui savait, avant d'avoir vu La France contaminée, que deux cents mines d'uranium furent exploitées dans l'Hexagone ?
  • Qui pouvait imaginer le déni dans lequel vivent la plupart des habitants du Cotentin, région la plus nucléarisée du monde ?
  • Quelqu'un avait-il idée du coût faramineux et des impasses techniques du démantèlement des centrales ?
  • Des risques que la politique du moindre coût fait courir à la sûreté des réacteurs ?
  • Et pourquoi si peu de gens ont-ils participé au débat public sur l'EPR ?

Le tabou du nucléaire, mis en évidence par l'ethnologue Françoise Zonabend dans un travail pionnier auprès des habitants de La Hague, aurait-il gagné toute la société ?

Pour les réalisateurs, s'attaquer à ce tabou ne fut pas aisé.

  • D'abord parce que, témoigne Esther Hoffenberg, « personne ne vient vous chercher pour faire un film sur ce sujet » – sauf Arte, qui jouit d'une grande liberté du fait de son statut transnational.
  • Ensuite parce que le sujet est difficile à représenter : la radioactivité est invisible, pas comme une marée noire.
  • Enfin parce que les lieux sont très protégés. Romain Icard, auteur de La France contaminée, en a fait l'expérience : « Avec une carte de presse, vous pouvez sans problème filmer devant l'Elysée. Mais si vous sortez une caméra devant la clôture d'une centrale, la gendarmerie est là dans les deux minutes. »

Résultat, la plupart disent avoir développé une certaine « parano » lors de leur enquête. Ils emploient même des mots étranges pour qualifier l'industrie nucléaire et ses pratiques : « lobby », « secte », « pieuvre », « consanguinité », « manipulation », « propagande », « culte du secret »...

Aurions-nous affaire à d'acharnés activistes antinucléaires adeptes de la théorie du complot ?

Tout le contraire : c'est leur approche pragmatique, équilibrée qui fonde leur travail. « Nous n'avons pas réalisé un film militant, dit Eric Guéret. Nous nous appuyons sur une enquête scientifique. » Celle-ci a été réalisée par la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité), comme celles de Romain Icard dans La France contaminée et de Brigitte Chevet à Brennilis. Esther Hoffenberg, elle, a fait appel à l'Acro, l'Association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest, animée par des scientifiques qui militent pour une information indépendante, mais affichent la plus stricte neutralité sur le choix de l'énergie nucléaire.

« Neutralité » ? « Indépendance » ? Des gros mots dans l'univers du nucléaire où, si l'on n'est pas « pro », on est forcément « anti ».

« Poser des questions, c'est déjà être subversif », témoignent en chœur Laure Noualhat et Esther Hoffenberg. Dans le film de cette dernière, la physicienne Monique Sené constate : « Choisir de devenir expert indépendant revient à sacrifier sa carrière. » Déjà, dans les années 80, La Presqu'île au nucléaire, le livre de l'ethnologue Françoise Zonabend, se heurta à une indifférence irritée. Que venaient faire les sciences humaines (et une femme !) au milieu de nos prouesses technologiques (tellement viriles) ? En 1994, son film (2) fut même l'objet d'une campagne de dénigrement, et sa personne directement visée. Même procès d'intention contre le professeur Jean-François Viel, qui mit en évidence un surcroît de leucémies près de l'usine de retraitement de déchets de La Hague.

“Parler du nucléaire, c'est toucher le zizi du président.”

Pourquoi les défenseurs de cette industrie sont-ils si chatouilleux ? Alain de Halleux fournit une réponse très imagée : « Parler du nucléaire, c'est toucher le zizi du président. »

  • A l'origine, le développement du nucléaire fut un secret d'Etat. La création du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) par le général de Gaulle, en 1945, puis le développement de la filière française répondaient à de nobles ambitions : assurer le rayonnement de la France et procurer le bien-être social. En dotant le pays d'un arsenal nucléaire et d'une technologie exportable, le très nationaliste CEA redorait le blason d'un pays affaibli par la perte de l'empire colonial.
  • En construisant des centrales à tour de bras, EDF tout juste nationalisée fournissait aux Français une électricité abondante et bon marché. Se mit donc en place un régime « technopolitique » – des choix technologiques dictés par des objectifs politiques. Mais opérés par des techniciens. En l'occurrence, les ingénieurs du corps des Mines, élite de l'élite, minorité des minorités, qui perpétue l'immense pouvoir que représente la maîtrise de l'énergie en occupant tous les postes clés : autorités de contrôles, industries (Areva, EDF), ministères, enseignement supérieur. Et bien sûr présidence de la République , depuis de Gaulle, tout se décide dans la plus grande opacité.

Nous ne sommes plus dans les années 50. L'industrie nucléaire, bien plus qu'à la grandeur de la France, travaille à gagner des parts de marché, à réaliser des profits... et à sa reproduction. Par ailleurs, la catastrophe de Tchernobyl et l'émergence du principe de précaution obligent à imaginer le pire. Mais la nucléocratie, elle, n'a pas bougé. Voilà donc le « lobby » auquel se sont frottés les auteurs des enquêtes. Et auquel ils risquent de ne plus s'attaquer : « On est fichés », « on a un casier », disent-ils. Réaliser un film un tant soit peu critique sur le nucléaire et sa gestion ne pardonne pas.

Les « pros » et les « antis » On y revient toujours. Cette irréductible opposition rend le débat impraticable. Ce n'est peut-être pas un hasard. Confiner la critique à des cercles militants (qui aiment à se l'accaparer) fait certainement l'affaire de ceux qui préfèrent éviter la discussion. Jacques-Emmanuel Saulnier, porte-parole d'Areva, s'en défend : « On ne choisit pas ses adversaires », répète-t-il en évoquant « le lobby antinucléaire. D'ailleurs, nos opposants nous aident à progresser dans le domaine de la transparence ». Et de la communication, aussi. Car Areva est très bien rodée pour répondre aux attaques des « antis » (Greenpeace ou le réseau Sortir du nucléaire). En revanche, quand des journalistes soulèvent des questions jamais formulées, dans La France contaminée (sur les déchets miniers) ou dans Déchets, le cauchemar du nucléaire (sur le retraitement), la grande machine à communiquer se trouve prise au dépourvu.

Reconnaissons cependant à Areva le mérite de la franchise. Comme son ancêtre le CEA, elle assume son rôle politique. « Si nous réalisons des campagnes de publicité, c'est parce que le grand public est notre client politique : tout le monde a une opinion sur le nucléaire », explique Jacques-Emmanuel Saulnier, dont la fonction – porte-parole – est plus courante dans les gouvernements ou les partis que dans les entreprises. Pour travailler à l'acceptation citoyenne de leur technologie, EDF et Areva se donnent les moyens. La première dépense pas loin de 100 millions d'euros en achat d'espaces publicitaires chaque année. Le budget de communication de la seule usine Areva de La Hague s'élève à 2 millions d'euros par an. Par comparaison, Déchets, le cauchemar du nucléaire, fruit de longs mois d'enquête, énorme investissement pour Arte, n'a coûté que 550 000 euros...

Des belles affiches d'Areva sont envoyées dans les collèges sans que les enseignants aient rien demandé…

Les moyens sont financiers mais aussi rhétoriques :

  • occultation,
  • dénégation,
  • banalisation,
  • euphémisation.

L'occultation, ce sont les plaquettes d'information restées dans les armoires des mairies pour ne pas effrayer les populations, comme le montre Brigitte Chevet à Brennilis. C'est affirmer que les risques sont maî­trisés sans jamais évoquer la nature de ces risques.

La dénégation, c'est le fameux nuage de Tchernobyl bloqué à nos frontières.

La banalisation, c'est comparer les dangers de la radioactivité avec ceux du tabac... ou du « sel de cuisine » !!! C'est affirmer que la production de déchets nucléaires s'élève à moins d'un kilo par habitant et par an... comme s'il s'agissait d'un kilo d'épluchures de pa­tates !

L'euphémisation,

c'est présenter le nucléaire comme une éner­gie « durable » – les ressources en ura­nium sont-elles donc inépuisables ? –,

c'est parler de « recyclage » au lieu de retraitement, alors que l'en­quête diffusée mardi sur Arte le révèle : 90 % du combustible « recyclé » n'a pour l'heure trouvé aucun emploi...

« Les communicants se comportent comme des gendarmes du langage », note Esther Hoffenberg, également inquiète du fait qu'ils visent spécialement le jeune public.

Tandis que les manuels scolaires préoccupés de réchauffement clima­tique célèbrent l'énergie qui a assuré l'indépendance énergétique de la France, des belles affiches d'Areva sont envoyées dans les collèges sans que les enseignants aient rien demandé, des partenariats sont noués avec des publications destinées aux enfants ou aux ados (Mon quotidien, Les Clés de l'actualité) pour y glisser les mêmes « informations »...

Alors, « pro » ou « anti » ? « Ce n'est pas la question, on est tous ensemble dedans », résume Esther Hoffenberg.

A défaut de résoudre les questions anthropologiques que posent son irréversibilité, ses déchets qu'il faudra surveiller pendant des centaines et des milliers d'années, il est urgent de faire du nucléaire un objet du débat politique. De relever le défi de la démocratie.

Déchets, le cauchemar du nucléaire
envoyé par arte. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

Et aussi :

“Uranium : le scandale de la France contaminée”, dans “Pièces à conviction”
“RAS, nucléaire : rien à signaler”, d’Alain de Halleux
“Brennilis, la centrale qui ne voulait pas s'éteindre”, de Brigitte Chevet
“Au pays du nucléaire”, d’Esther Hoffenberg

Samuel Gontier

Télérama n° 3117

(1) Tandis qu'EDF s'occupe de l'exploitation des centrales, Areva (émanation du Commissariat à l'énergie atomique auparavant dénommée Cogéma) gère l'extraction et la transformation du minerai, construit des réacteurs et assure le retraitement des déchets.
(2) La Hague, le nucléaire au quotidien, réalisé avec Paule Zajdermann et diffusé sur Canal+.
A voir

Déchets, le cauchemar du nucléaire, Arte, mardi, 20h45 (disponible en DVD chez Arte Editions). Le site d’Arte consacré à ce documentaire.

A lire

Déchets, le cauchemar du nucléaire, de Laure Noualhat, éd. Arte Editions /Le Seuil.

Le Rayonnement de la France, énergie nucléaire et identité nationale après la Seconde Guerre mondiale, de Gabrielle Hecht, éd. La Découverte, 2004.

 

Le 13 octobre 2009 à 19h10

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VOS REACTIONS (12 commentaires)

Coukoutsi - le 15/10/2009 à 23h40
Bravo au journaliste pour cette série d'articles radioactifs, très bien tenus et documentés.
Bravo à la rédaction de Télérama pour son intégrité.
On ne lit pas souvent de si bonnes choses dans la presse française.
Merci.

3 internautes sur 3 ont trouvé cet avis intéressant.

laprouj - le 13/10/2009 à 19h55
Comment aller au bout du raisonnement (ce qui est "bien" ) sans passer pour un jusqu'auboutiste (ce qui est "mal").
Car enfin, pour consommer moins d'électricité, c'est simple : il faut juste consommer moins de tout. Moins de voitures, moins de téléphones portables, moins d'i_phones, moins de trucs et de machins inutiles (à renouveler) qui coûtent tant d'énergie à fabriquer. Juste fabriquer moins d'objets, mais des objets utiles, voire même ludiques, mais qui tiennent le coup - et le coût.
Seulement voilà : la consommation est la béquille qui nous permet de tenir debout dans un monde qu'ont délibérément privé de sens ceux-là mêmes qui nous proposent de travailler plus pour gagner plus pour consommer plus pour travailler plus... Plus, plus... toujours plus !
La boucle est bouclée.
Amicalement à tous.

8 internautes sur 8 ont trouvé cet avis intéressant.

xavol - le 11/10/2009 à 04h42
On ne construit pas des centrales nucléaires pour satisfaire un lobby ou pour enrichir qui que ce soit. On construit des centrales nucléaires pour fabriquer de l’électricité de qualité, en grande quantité.
On peut en faire avec du vent, quand il y en a ;
On peut en faire avec le soleil, quand il y en a ;
Les cours d’eau sont saturés, la géothermie coûte très cher ;
Le pétrole et le charbon polluent notre air.
C’est vrai, toute industrie nuit à la planète et l’humain trop négligent augmente les risques d’incidents, voire d’accident. C’est pour cela qu’il faut une SURVEILLANCE.
La fission de l’uranium crée des matières dangereuses. C’est la technologie intermédiaire qui permettra d’atteindre le procédé de fusion des atomes, non polluant mais au point dans un petit siècle seulement.
Trop peu d’entre nous sont prêts à réduire leur consommation; l’énergie, c’est tellement confortable ! Je me résigne à croire que le problème est beaucoup plus vaste qu’un simple sujet et qu’aujourd’hui on a pas trop de choix.
A qui profite l’acharnement médiatique ?

5 internautes sur 11 ont trouvé cet avis intéressant.

service télévision - le 9/10/2009 à 16h02
Bonjour Elijah / Patrice
"Au pays du nucléaire" devrait sortir dans quelques salles en janvier et en DVD en avril 2010. D'ici là, des avant-premières sont organisées, dont vous trouverez le programme sur le site : http://www.estherhoffenberg.fr/ à la rubrique "actualités".

6 internautes sur 11 ont trouvé cet avis intéressant.

swampman - le 9/10/2009 à 15h44
Bravo à Samuel Gontier pour cet article fort complet. Un journaliste qui prend la peine de s'informer et de réfléchir, plutôt que d'écrire ce que les attachés de presse lui dictent, ça devient tellement rare que cela mérite d'être salué! Bravo également à Télérama d'avoir laissé passer cet article, quand on sait que les gros acheteurs d'espaces publicitaires, directement ou via les centrales d'achat, ne se privent pas d'exercer des pressions pour interdire de parler de ce qui les dérange...

11 internautes sur 15 ont trouvé cet avis intéressant.

MariAziliz - le 9/10/2009 à 12h09
Résolument éco-citoyenne, je suis également une "anti" convaincue ; je participe aux campagnes et actions du Réseau "Sortir…" et j'ai la prétention de n'être ni stupide ni bornée !
Petite contribution au débat : la solution énergétique la plus abondante et absolument inoffensive, c'est d'économiser l'énergie !
Alors, apportons notre (certes très modeste) contribution : logement bien isolé, chauffage à 19° maxi, déplacements en transports en commun, à pied ou en vélo chaque fois que c'est possible… c'est déjà ça ! N'oubliez pas aussi de privilégier les produits frais de saison et produits près de chez vous (AMAP, ou maraîchers au marché). Et cette liste des possibilités est loins d'être exhaustive. C'est tout bête mais comme on dit, si tout le monde s'y met… Je suis "bisounours" ?Tant pis, j'assume !
Amitiés à toute l'équipe de Télérama, et aux lecteurs de mon p'tit magazine préféré !…

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ya basta - le 9/10/2009 à 10h46
Mieux vaut tard que jamais, enfin les médias mettent le turbo pour dénoncer le scandale du nucléaire, dont les déchets vont polluer la planète pour des millions d'années, sans parler de l'utilisation militaire qui va avec. Au passage, il faudrait aussi dénoncer la langue de bois de notre omni président qui fustige le nucléaire iranien, mais vend des EPR à qui en veut, finance avec nos deniers les missiles à tête nucléaire, M 51, ou le laser mégajoules... beaux sujets de reportage!
En matière d'énergie, une partie de la solution passe par les économies à titre individuel, l'autre partie par les sources renouvelables, l'énergie du soleil est inépuisable , reste à promouvoir l'industrie pour l'utiliser avec l'impact minimum sur l'environnement; pas de fermes photovoltaïques, mais des toitures, des parkings équipés.
Mais il y a aussi dangereux, voire plus: les nanos particules qui, comme les OGM, subrepticement envahissent notre quotidien, sous couvert de progrès ( nanos fibres, nanos aliments, nanos médicaments, nanos matériaux..) aux propriété aussi étonnantes qu'inquiétantes. Où sont les évaluations? Où est le principe de précaution? Ces particules inodores, incolores, sans saveur sont des bombes à retardement. Leur taille (échelle atomique) leur permet de pénétrer dans nos cellules, pour y faire quoi? Va -t-on attendre 20 ans pour alerter les populations?

16 internautes sur 22 ont trouvé cet avis intéressant.

jojo63 - le 9/10/2009 à 09h35
Le noeud de la problématique est là ! Et il ne concerne pas seulement le nucléaire. Un invité sur les médias, qui doit répondre aux questions d'un public présent est dans une position très confortable. Une seule question, d'une seule personne, Quelques secondes et... plusieurs minutes pour répondre et éventuellement noyer le poisson. On a souvent évoqué la difficulté de contrer la dialectique du Front National, en précisant que ses phrases choc, qui durent quelques secondes, ne pouvaient recevoir d'explications aussi simplistes pour les démonter de façon rationnelle. Qu'il fallait un discours long et méthodique pour mettre en lumière l'ineptie de son propos. Il en va de la politique comme des lobbys, on ne peut pas contrer quelqu'un qui a un temps de parole supérieur au notre. Voilà pourquoi ARTE et France-culture nous rendent moins "cons". Ils rétablissent un peu l'équilibre. Dommage qu'ils n'aient pas les mêmes moyens de communication que les lobbiistes pour diffuser leurs démarches...

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Fr B - le 9/10/2009 à 09h33
Certes le nucléaire pose des problèmes pour le traitement des déchets et on entend plus les pros que les anti, pourquoi. Etre contre le nucléaire c'est très facile mais quand on est contre il faut pouvoir proposer autre chose. Pour remplacer la plus grosse centrale nucléaire actuelle, il faudrait entre 1000 et 2000 éoliennes or plus personne n'en veut, il faudrait au moins 9 centrales charbon !!!... ou il faudrait innonder 3 belles vallées pour construire des centrales hydrauliques. Alors oui, il faut réfléchir à autre chose que le nucléaire car on ne sait pas traiter les déchets mais aujourd'hui il n'y a aucun autre rendement meilleur pour répondre aux besoins toujours plus exigeants en matière d'électricité des consommateurs (que dit-on à ceux qui abusent de la clim, qui chauffent leur grande piscine dans leur jardin, qui sont équipés des pieds à la tête d'engins électroniques qu'il faut bien recharger,..)
Tuer le nucléaire, pourquoi pas, réfléchir et changer la mentalité des gens : de toute urgence !

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Elijah - le 9/10/2009 à 07h05
Au pays du nucléaire, d'Esther Hoffenberg est-il disponible en DVD ou VOD, comme annoncé dans le chapeau de l'article ? Je n'ai pas trouvé !
Merci,
Patrice

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niakita83 - le 9/10/2009 à 02h34
Il est clair qu'il ne faut attendre aucune information publique non orientée sur ce sujet ;il y a tant d'intérêts économiques en jeu que l'information ne peut être que manipulée à grand coup d'omissions quant aux réels dangers des déchets ,pourtant ravageurs .A l'heure où il est de bon ton de songer à la couche d'ozone ,où l'écologie "est en vogue",il est plus que jamais nécessaire de relancer les débats sur le nucléaire et de prendre les choses à bras le corps ,de dénoncer,de faire connaitre des travaux reconnus ,de ne pas renoncer à une véritable information surtout .

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Sortir du nucleaire - le 8/10/2009 à 16h38
Excellent article à part une chose : "Areva est très bien rodée pour répondre aux attaques des « antis » (Greenpeace ou le réseau Sortir du nucléaire). "
Ca laisse à penser que les "antis" sont nuls. En réalité, il n'y a quasiment jamais d'occasion de "coincer" les pronucléaires qui sont les "grands invités" des médias (cf le 7/9 sur France inter !) et les antis peuvent, au mieux, poser une question en tant que simples auditeurs... et les pronucléaires ont ensuite tout leur temps pour répondre (en mentant).
S'il y avait des lieux de débat "à armes égales", on verrait bien que les pronucléaires seraient vite coincés...
SL
Sortir du nucléaire

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07/11/2009

Hommage à Claude Lévi-Strauss, le goût de l'Autre

Claude Lévi-Strauss nous a quitté le 30 octobre, à l’âge de 100 ans.

Dossier Télérama http://www.telerama.fr/livre/claude-levi-strauss-le-gout-...

Le 5 novembre 2009 à 18h00
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Tags : claude lévi-strauss anthropologie structuralisme

Claude et Dina Levi-Strauss dans leur campement - Photo : DR

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LE FIL LIVRES - Il aura passé sa vie à comprendre comment fonctionne l'esprit des hommes. Le célèbre anthropologue et ethnologue français Claude Lévi-Strauss est mort. Il avait 100 ans. Nous republions ici un article paru en mai 2008 dans “Télérama”, retraçant l'œuvre de cette figure de la pensée structuraliste.

Sur les pas de Lévi-Strauss | 5 novembre 2009

Peuples disparus, par Claude Lévi-Strauss | 5 novembre 2009

“Claude Lévi-Strauss par lui-même”, à ne pas rater sur Arte | 4 novembre 2009

Il existe peu d'ouvrages de sciences humaines dont les premiers mots se sont imprimés dans la mémoire ­collective, à l'égal du « Longtemps, je me suis couché de bonne heure » de Proust. Mais on en compte au moins un : Tristes Tropiques, et son fameux incipit, « Je hais les voyages et les explorateurs. »

Claude Lévi-Strauss a 47 ans quand paraît, en 1955, dans la collection Terre humaine que l'ethnographe et écrivain Jean Malaurie vient de créer chez Plon, ce livre qui, au sein de son ample bibliographie, demeure le plus célèbre et le plus ­accessible. Le plus personnel aussi, le plus subjectif qu'ait donné le grand anthropologue.

Un ouvrage tout ensemble scientifique et profondément méditatif, écrit quelque vingt ans après les expéditions qui l'ont nourri : le Brésil, São Paulo, l'Amazonie, les Indiens Caduveo et Bororo auprès de qui Lévi-Strauss, alors jeune ethnographe, a vécu à plusieurs reprises au cours des années 1935-1938.

Enthousiastes, les jurés du Goncourt songèrent à donner leur prix à Tristes Tropiques. Ils y renoncèrent finalement, mais la postérité et la notoriété du livre n'en ont pas pâti : c'est Tristes Tropiques qui a révélé Claude Lévi-Strauss au grand public, qui a posé les premiers jalons de la reconnaissance unanime de l'anthropologue comme une des figures majeures de la pensée au XXe siècle : un ­scientifique doublé d'un moraliste, doté d'un talent ­d'écrivain - on a beaucoup évoqué Chateaubriand et ­Bossuet à son sujet.

Celui qu'on a longtemps regardé, à son corps défendant souvent, comme le « pape du structuralisme », celui dont les travaux et les méthodes ont influencé, en France et ailleurs, toute une génération d'intellectuels ressortissant à des disciplines aussi diverses que la philosophie ou la ­critique littéraire, la sociologie ou l'histoire - « son œuvre fait penser, et penser indéfiniment », écrivait ­Roland Barthes -, fêtera cet automne ses 100 ans. Et connaît dès aujour­d'hui la consécration éditoriale que constitue la publication dans la Biblio­thèque de la Pléiade : un volume ­d'Œuvres, par lui choisies parmi ses travaux multiples et savants. Lesquels, résuma-t-il un jour, n'ont eu sa vie durant qu'un seul et unique objectif : « comprendre comment fonctionne l'esprit des hommes » (1).

« Je me suis laissé tenter car j'avais envie de voir
le monde et j'aimais faire du camping,
de la marche à pied, de l'alpinisme. »

Tout a donc commencé il y a cent ans, le 28 novembre 1908, lorsque naît Claude Lévi-Strauss, à Bruxelles, dans un milieu bourgeois, esthète et plutôt conservateur. Son père est artiste peintre, l'un de ses grands-pères est grand rabbin de Versailles, la ­famille compte en outre un aïeul ­musicien, violoniste renommé au temps de Napoléon III. Claude Lévi-Strauss, lui, se tourne vers les lettres, puis le droit et la philosophie - préparant l'agrégation, il côtoie Simone de Beauvoir et Maurice Merleau-Ponty -, entre dans l'enseignement tout en militant à la SFIO. Il a raconté souvent le coup de téléphone reçu, à 9 heures, un dimanche matin de l'automne 1934, lui proposant de postuler pour une chaire de sociologie à l'université de São Paulo. Il se trouve que la philosophie à laquelle il s'est voué intellectuellement ne le satisfait pas complètement - elle lui semble se réduire à « une sorte de contemplation esthétique de la conscience par elle-même », écrit-il dans Tristes Tropiques - et qu'il a commencé à s'intéresser à l'ethnologie, sur les conseils de Paul Nizan. Il part donc pour le Brésil, en février 1935.

De son départ de France, il a donné plus tard cette explication bien trop prosaïque pour être honnête : « Je me suis laissé tenter car j'avais envie de voir le monde et j'aimais faire du camping, de la marche à pied, de l'alpinisme »... C'est, dans la vie de Lévi-Strauss, le moment de l'expérience du terrain. De l'immersion dans la différence, de la confrontation directe et saisissante à l'Autre - ses conditions de vie, sa ­façon de voir le monde, de le penser.

Ce temps est, pour le chercheur, ­plutôt bref : une première expédition auprès des Indiens a lieu au cours de l'hiver 1935, une seconde en 1938, durant neuf mois. Mais les observations réalisées alors nourriront toute l'œuvre intellectuelle à venir - jalonnée par les ouvrages Les Structures élémentaires de la parenté d'abord (1949), puis bien sûr Tristes Tropiques (1955), aussi plus tard Anthropologie structurale (1958 et 1973), La Pensée sauvage (1962), les quatre ­volumes des Mythologiques (1964-1971), La Voie des masques (1975), Histoire de Lynx (1991)...

Le « passage de la nature à la culture
est le problème fondamental de l'ethnologie. »

En 1939, Claude Lévi-Strauss rentre en France, avant de s'exiler l'année suivante à New York, face à la menace nazie. Il y demeure jusqu'en 1944, y fréquente les nombreux ­artistes et intellectuels européens exilés comme lui, y croise notamment les surréalistes André Breton et Max Ernst.

Surtout, il y fait la connaissance du linguiste d'origine russe Roman Jakobson, dont les travaux vont avoir sur lui une influence décisive. Jakobson l'initie en effet à la linguistique structurale, et c'est de cette approche que va s'inspirer Lévi-Strauss pour fonder l'anthropologie structurale. Lors d'un entretien pour la télévision réalisé dans les années 1970, Lévi-Strauss évoquait en ces termes ce que fut, pour lui, l'intuition de la méthode structurale : « Un jour, allongé dans l'herbe, je regardais une boule de pissenlit. J'ai alors pensé aux lois d'organisation qui devaient nécessairement présider à un agencement aussi complexe, harmonieux et subtil. Tout cela ne pouvait pas être une suite de hasards accumulés. »

Ces « lois d'organisation », ces structures souterraines et fondamentales, il va donc chercher au sein desquelles il a vécu. S'attachant dans un premier temps à saisir et comprendre les systèmes de parenté. Elargissant plus tard son objet d'étude, en se penchant sur la littérature orale des sociétés amérindiennes - essentiellement les mythes, leurs permanences et leurs infinies variantes, et ce qu'on peut en apprendre du « passage de la nature à la culture, qui est le problème fondamental de l'ethnologie, et même celui de toute philosophie de l'homme ».
« On a cru trop souvent que l'homme se laissait aller dans la mythologie à sa fantaisie créatrice et qu'elle relevait ainsi de l'arbitraire,
ajoute-t-il. Or si on réussit à montrer qu'en ce domaine même, qui offre un caractère de limite, il existe quelque chose qui ressemble à des lois, on pourra en conclure qu'il en existe aussi ailleurs et peut-être partout. »

Le mot « structuralisme » a été
« mis à tant de sauces que
je n'ose plus l'employer »

Le structuralisme est ainsi, pour Lévi-Strauss, non pas une philosophie, non pas une conception du monde, mais une méthode, une discipline, presque un outil. Le moyen de mettre de l'ordre et de la rigueur dans les sciences humaines « qui essaient de devenir positives ».

Quant au structuralisme en tant qu'école, mouvement intellectuel étendant ses ramifications dans toutes les disciplines intellectuelles, il s'en méfie, y voit souvent « un dévergondage sentimental nourri de connaissances sommaires et mal digérées » : le mot « structuralisme » a été « mis à tant de sauces que je n'ose plus l'employer », confiait-il au début des années 1980, s'agaçant du « tic journalistique qui consiste à associer le nom de Lacan » et le sien. Les seuls dont Lévi-Strauss se sent proche, ce sont les linguistes. Avec les historiens, les relations sont plus contrariées.

A la discipline historique, il reproche son « anthropocentrisme » : « A propos de l'histoire, il faut toujours se demander s'il en existe une seule capable de totaliser l'intégralité du devenir humain, ou une multitude d'évolutions locales qui ne sont pas justiciables d'un même destin. [...] Vouloir exiger que ce qui peut être vrai pour nous le soit pour tous et de toute éternité me semble injustifiable et relever d'une certaine forme d'obscurantisme. » De l'histoire, il ne nie pas pourtant l'intérêt, la ­validité, l'utilité, expliquant qu'« une recherche qui se veut positive ne lance pas d'exclusive ; elle fait plutôt ­flèche de tout bois. [...] En matière d'analyse mythique, chaque fois que je peux éclairer mon objet par des renseignements historiques, psychologiques, biographiques même sur la personne du conteur, je n'en suis pas gêné mais puissamment aidé ».

Incarnation d'une modernité extrême de la pensée au XXe siècle,
nourri de Proust, de Montaigne, de Rousseau, Claude Lévi-Strauss se définit paradoxalement comme « un homme du XVIIIe siècle, ou peut-être du XIXe ». Un classique et un moderne tout ensemble, à qui ses prises de position ont parfois valu d'être ­accusé de « réactionnaire » hostile au progrès, de « relativiste », d'« anti-humaniste ».

« Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui. Les institutions, les mœurs et les coutumes, que j'aurai passé ma vie à inventorier et à comprendre, sont une efflorescence passagère d'une création par rapport à laquelle elles ne possèdent aucun sens, sinon peut-être de permettre à l'humanité d'y jouer son rôle », écrivait-il déjà dans Tristes Tropiques, avec sous la plume des accents de moraliste, intensément mélancolique.

« Le monde a commencé sans l'homme
et il s'achèvera sans lui.  »


Les accusations dont il a fait l'objet n'ont pas ébranlé pourtant la figure de sage qu'incarne Claude Lévi-Strauss, défenseur ardent et inlassable des peuples dits « premiers », pleurant face à leur lente agonie, ­inconsolable d'appartenir au camp des destructeurs. Vieil homme en colère contre l'homme occidental et sa conduite à l'égard des autres hommes, à l'égard aussi de la nature :
« La seule chance offerte [à l'humanité] serait de reconnaître que, devenue sa propre victime, cette condition la met sur un pied d'égalité avec toutes les autres formes de vie qu'elle s'est employée et continue de s'employer à détruire. Mais si l'homme possède d'abord des droits au titre d'être vivant, il en résulte que ces droits, reconnus à l'humanité en tant qu'espèce, rencontrent leurs limites naturelles dans les droits des autres espèces. Les droits de l'humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l'existence d'autres espèces », déclarait-il il y a trois ans.

Léguant, au terme d'une vie passée à tenter de comprendre comment vivent et pensent les hommes, un testament controversé : la certitude que l'homme est « une partie prenante et non un maître de la création ».

Pour écouter 2 courts extraits d’interviews de Claude Lévy-Strauss, archives de l’INA, aller sur la page Télérama : http://www.telerama.fr/livre/claude-levi-strauss-le-gout-de-l-autre,28901.php

Nathalie Crom
Télérama n° 3044

(1) Propos tenus en 1967 lors d'un entretien avec Raymond Bellour, paru dans la revue Les Lettres françaises et reproduit dans le volume Œuvres de la Pléiade.

A LIRE :

Œuvres, édition établie par Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé et Martin Rueff, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2 064 p., 64 EUR jusqu'au 31/8/2008, 71 EUR ensuite.
De près et de loin, entretiens avec Didier Eribon, éd. Odile Jacob (1988).
Claude Lévi-Strauss, de Catherine Clément, éd. PUF, coll. Que sais-je ? (2003).
Claude Lévi-Strauss, biographie de Denis Bertholet, éd. Plon (2003).

Le 5 novembre 2009 à 18h00
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VOS REACTIONS (3 commentaires)

Corto M - le 4/11/2009 à 07h44
Si j'ai passé ma vie à courir le monde à la rencontre, entre autres, des indiens d'Amazonie, des tribus mélanésiennes perdues dans les fonds de vallée au Vanuatu, aux Salomon, en PNG ou en Irian Jaya, les aborigènes de la terre d'Arnheim ainsi que les Hmong du Triangle d'or, je le dois à Claude Lévi-Strauss.
J'avais 16 ans quand j'ai lu Tristes tropiques pour la première fois et ce fut comme un grand soleil qui entra dans ma vie. CLS a été pour moi un des pères spirituels qui ont guidé ma vie. Grâce à lui, j'ai découvert de véritables civilisations, méconnues et injustement qualifiées de sauvages. Par exemple, aucune pensée dite civilisée n'atteint le degré de connaissance de l'environnement et de vision poétique du monde atteint par les aborigènes qui m'ont beaucoup appris. Je pense aussi à mes amis Bororo qui doivent se sentir bien orphelins.

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la rouille - le 3/11/2009 à 19h07
Merci à cet humaniste d'avoir éclairé de sa pensée des générations de chercheurs et d'étudiants. Triste époque qui voit l'auteur de "race et histoire " s'éteindre au moment où un débat sur l'identité nationale ressurgit des égouts. Oui, il faut absolument lire ces pages formidables d'intelligence et espérer que nous saurons écouter la sagesse de ce grand homme.

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Jéwémy - le 19/05/2008 à 15h30
On ne saurait trop recommander de relire "Tristes Tropiques" ou bien le "finale" de "l'homme nu". Au delà du regard ethnologique, de la théorisation du structuralisme, ce qui en ressort encore aujourd'hui c'est l'humanisme. Si les yeux de Levi-Strauss sont embués de tristesse face à un monde qui s'en va, face à une terre fourmillante de civilisations en train de s'uniformiser (déjà dans les années 1950...), sa parole n'est pas au désespoir. Plutôt qu'à se résigner, Levi-Strauss appelle chaque individu à se montrer responsable, à faire chacun sa tâche avec ,conscience et humilité. Les pages de "Tristes tropiques" n'ont pas pris une ride, la volonté critique est manifeste, qui n'a rien perdue de sa force. Alors lisons et relisons, avant tout pour se nourrir sans se borner à célébrer.

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Télérame 25.10.2009 - Philippe Starck : “Je suis le rapide le plus lent du monde”

Philippe Starck le N°1 du DESIGN nous livre les traits de caractère et de comportements, qui l'ont modelé et hissé au somment de la réussite dans son métier de designer.

"Philippe Starck ne dit pas qu'il a eu raison avant tout le monde mais explique pourquoi :-) Autrement dit il donne accès au processus créatif qui lui a permis d'anticiper et donc de prendre de bonnes décisions."

Je ne me considère pas comme intelligent.
Je suis très bon pour comprendre
les signes inconscients d'une société,
comprendre où ça va et pourquoi..”


“Je prépare l'ingénierie de l'astroport
des vols galactiques de Virgin.
Les premiers vols sont pour 2012.
Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées”;

Jeune homme de 18-20 ans, le design n'est pas encore un concept très en avance en France. Philippe Starck, fils de André Starck concepteur et constructeur d'avions, apprend son métier auprès des grands designers espagnols puis italiens.

Il "galère" plus de 20 ans avant de pourvoir monter son agence UBIK et commencer à bien vivre de ses créations.

Sa passion, l'aide à comprendre que dans le monde de changements rapides qui s'est développé depuis la fin des années 60, qu'il doit se concurrencer lui même en créant des produits moins chers plus beaux que les éditeurs ne peuvent bouder. "A l'époque où j'ai commencé, une chaise digne de ce nom valait 1 000 €. C'est cinq fois moins aujourd'hui. J'ai vraiment combattu pour monter la qualité, casser les prix, être accessible à tous".

Aujourd'hui, il s'adapte aux nouvelles tendances. Il prend le chemin du  Web 2.0 en permettant au public d'entrer en contact avec de jeunes créateurs qui ont mis leur modèle en souscription (mydeco.com), et s'engage avec passion dans le développement durable "Depuis, je n'ai cessé de militer pour voir émerger des produits justes, à la qualité juste et à la longévité juste". Il considère cependant que l'apogée du métier de designer est passée. "Mais là, aujourd'hui, face aux urgences... Chaque métier a son moment, et chaque moment a son métier. Aux jeunes qui veulent être designers, je dis que ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, il faut partir au combat. Et s'ils travaillent bien, dans quinze-vingt ans, on pourra se réintéresser au design...

Dans une société matérialiste comme la nôtre, toute question amène une réponse matérielle, comme si on ne pouvait pas répondre à quelqu'un sans lui refourguer un produit !
Mais désormais nous avons de sérieuses pistes pour, enfin, ne plus passer par le schéma traditionnel de la matière.
Le travail de designer doit être politique. En se demandant comment sauver de la matière, comment produire de l'énergie, comment changer l'esprit des gens, les dégoûter de l'achat de compensation du samedi après-midi
...

Il faut aussi expliquer, alerter. Qui, à part moi, entendez-vous poser publiquement la question de l'après-plastique ? L'après-pétrole, ça, oui, mais l'après-plastique, qui arrivera dans trente ans ?
Or le plastique est partout ! On rétorque qu'il y a le recyclage ; mais le plastique recyclé ne sert à rien. D'autres affirment qu'il y a le bioplastique, mais transformer les champs de céréales en plastique vraiment nul ou en carburant pour nos 4x4, c'est un crime contre l'humanité !
Les grandes famines sont annoncées pour 2020-2022. Et nous, on va ratiboiser deux tiers de la Terre et des forêts pour cultiver des choses que les gens ne peuvent pas manger ?
".


Dossier spécial - Grand entretien

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Le 25 octobre 2009 à 15h00
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Tags : Special design design Philippe Starck entretien

LE FIL ARTS ET SCÈNES -

Imaginer un objet, brosse à dents, maison, bateau, éolienne ou fusée, définir son concept, le dessiner, le développer... Un travail colossal. Qui n'occupe pourtant que 1 % du cerveau du designer star Philippe Starck. Attention : vous entrez de nouveau dans notre dossier spécial design, entamé jeudi. Dans quelques minutes, des images.

Un tycoon » : les Américains ont inventé ce nom pour ce genre de personnage. Un géant dans sa discipline ; mais un géant qui écraserait tous les autres, par son aura, sa réussite, ses créations multiples, sa surface médiatique. Starck est le tycoon du design. Sur la grande photo mondiale des créateurs d'objets, il y a lui au centre, royal, et les autres, relégués sur les bords de l'image. A 60 ans, Starck agace toujours, mais Starck épate toujours. Surtout quand il dresse un portrait acide de notre époque et pointe des pistes de réflexion et de changement profond.

Vous avez fondé votre agence, Ubik, en 1979. En trente ans, le monde du design a-t-il changé ?

Quand j'ai commencé, le mot « design » n'était même pas un terme générique. Il désignait tout au plus quatre dessinateurs de meubles italiens : Achille Castiglioni, son frère, Pier Giacomo, Enzo Mari, Vico Magistretti. J'étais arrivé dans cet univers par hasard – et ce n'était sans doute pas ma destinée... –, mais très vite, par ma forme de pensée, je suis tombé sur des solutions nouvelles, originales, et, il faut bien le dire, en avance. Ne connaissant personne dans le milieu, ni en général d'ailleurs, puisqu'à la fin des années 60 je n'avais que 17-18 ans, j'ai commencé à sonner à toutes les portes, chez des gros fabricants, des sociétés qui ont disparu depuis. Et on me répondait : « Vous êtes gentil, vous avez des idées, mais ce que vous nous racontez là, ça n'existera jamais. » Pourtant, ce que je leur montrais a abouti à tous les best-sellers des années qui ont suivi. Je me souviens qu'on ne comprenait pas quand je parlais de la « chaise à accoudoirs ». A l'époque, il y avait soit la chaise, soit le fauteuil. On me disait : « Mais pourquoi faire des chaises à accoudoirs ? » J'expliquais que les gens allaient rester à table plus longtemps, et que le salon, la salle à manger allaient finir par se confondre. Mais personne ne me croyait. Je me rappelle qu'un grand éditeur français, qui existe toujours celui-là, m'a dit à mon trente-quatrième coup de téléphone, j'avais beaucoup insisté car je crevais de faim : « Non, non, monsieur Starck, ce que vous faites, c'est de la création, et ça, on ne peut pas le faire ! » Ah ! ils s'en sont mordu les doigts ! Ils ont tout fait pour me récupérer ensuite ! Mais j'ai mis un point d'honneur à leur refuser ce qui a fait la fortune des éditeurs italiens ces vingt dernières années. Ils n'avaient vraiment pas le droit de dire : « Non, c'est de la création, on ne fait pas ça ! »

“Je dessine une chaise en moins
de cinq minutes mais ça fait quarante ans
que je pense aux chaises...”

Donc, vous êtes parti en Italie ?

Je suis parti voir ceux qui voulaient bien de moi ! En fait, mon premier éditeur était espagnol, Disform, et puis oui, il y a eu les Italiens, Alessi et les autres. Qui, eux, ont compris tout de suite ! Alors qu'en France je me sentais seul au milieu de la jungle, avec une machette et le ventre creux. Condamné à douter de mes intuitions. Heureusement, j'étais borné. Pourquoi, à 18-20 ans, attacher autant d'importance à une chaise ?

En 1982, on vous confie quelques pièces du palais de l'Elysée...

Jack Lang a soufflé l'idée à Mitterrand – très intéressé par le design – de donner l'Elysée à des créateurs français. Le projet était de sensibiliser les Français au design qui, à l'époque, roulaient en DS, avaient une télévision couleur, mais étaient toujours assis sur le sofa de leur grand-mère.

Vous arriviez déjà à vivre de votre métier ?

Pas du tout ! Les gens s'imaginent toujours que le design rend riche, mais moi, je n'ai commencé à en vivre vraiment qu'il y a quinze ans ! Si vous saviez combien on touchait à l'époque ! Pour la décoration du Café Costes, à Paris, j'ai reçu 13 400 francs ! Je ne vous raconte pas tout ce qu'on devait faire pour survivre. Même si on s'amusait, c'était la dèche absolue.

“Vous croyez que c'est avec 12 centimes
par brosse à dents vendue
qu'on devient millionnaire ?”

N'exagérez-vous pas un peu quand vous dites que vous n'avez vraiment vécu de votre métier qu'à 45 ans ?

Mais non ! Vous croyez que c'est avec 12 centimes par brosse à dents vendue qu'on devient millionnaire ? Depuis toujours, le designer ne touche qu'une toute petite part – fixe et non négociable – des objets vendus dans le commerce.

Les éditeurs italiens, qui ont été intelligents, ont passé il y a longtemps un accord entre eux pour fixer la rémunération des designers à environ 3,5 % du prix de vente. Pour éviter la surenchère. Et cela, quel que soit l'objet, quelles que soient ses ventes. Moi, ils me donnent un point de plus depuis cinq ans, et ce n'est pas illogique, vu que je suis numéro un des ventes partout. Mais je n'ai jamais rien touché de plus, ni prime, ni forfait. Peut-être que d'autres demandent, pas moi.

Dans la famille Starck, nous sommes des protestants, des luthériens. On ne profite jamais de quoi que ce soit, on ne fait jamais payer plus qu'il ne faut. On se fait un honneur d'être de simples artisans. C'est religieux, chez nous.

Il est très dur de faire profession du design ?

Tous les jeunes gens d'aujourd'hui veulent faire ce métier, mais combien de designers dans le monde en vivent ? En 2009, dix en vivent bien, cent correctement, et pour les autres, c'est la galère... Le milieu reste dominé par les stars du genre, même si les éditeurs aimeraient que ça bouge.

En fait, on va sans doute assister à une nucléarisation des activités. Notre agence Ubik y encourage, puisque la seule société qui permette cette évolution, mydeco.com – basée en Angleterre –, nous appartient en partie. Elle permet aux gens d'entrer en contact avec de jeunes créateurs qui ont mis leurs modèles en souscription.

J'essaie de faire exploser le système avec ce genre de démarche... Et, en même temps, ne rêvons pas : très peu de gens savent faire des choses qui fonctionnent. Par exemple, la chaise sur laquelle vous êtes assis – la Victoria Ghost, éditée par Kartell –, qui doit sûrement être numéro un mondial, a demandé cinq années de développement ! Ce sont des aventures de haute technologie et d'ingénierie. Il faut avoir la vision, avoir le concept, puis savoir le dessiner, savoir le développer, et là, il faut s'accrocher ! On peut dire ce qu'on veut de nous, mais on est des travailleurs !

Avez-vous hérité cette passion de l'ingénierie de votre père ?

C'est mon seul héritage ! Hélas, les usines d'aviation de mon père ont été laminées à l'après-guerre par l'industrie américaine, comme presque toute l'industrie aéronautique. Mais j'ai hérité de son goût pour l'élégance, la beauté du travail de l'ingénieur, ce qu'on appelle « l'esprit français ».

Car il n'y a quasiment que nous dans le monde à avoir une telle volonté de toujours bien faire, dans le moindre détail. On va y revenir de plus en plus, d'ailleurs, à cette ingénierie de haut vol, pour des raisons écologiques notamment. J'ai par exemple conçu un bateau de 120 mètres de long dont la coque est totalement innovante, parce qu'elle provoque moins de vagues et permet une consommation de carburant moins importante.

“Je ne me considère pas comme intelligent.
Je suis très bon pour comprendre
les signes inconscients d'une société,
comprendre où ça va et pourquoi..”

Comment parvenez-vous à passer ainsi d'ustensiles de cuisine à ces bateaux de 120 mètres ?

Cette question nous fait rire, avec ma femme, car on a un mode de vie particulier : des moines ! On ne sort pas, on n'est jamais nulle part, ou alors en transit. On ne va pas au cinéma, on ne regarde pas la télé, on ne lit pas les journaux, on ne fréquente pas les cocktails. On n'est au courant de rien et on ne connaît personne...

On est soit dans un avion, soit dans une petite cabane au milieu de la boue, de l'eau, parmi les pêcheurs, comme à Burano, dans la lagune de Venise. Là, on travaille à deux, dans une pièce avec un grand lit – qui nous sert beaucoup, c'est important pour la création ! – et deux tables.

Je dessine sept heures par jour. Elle organise et m'aide de plus en plus dans la création, surtout pour les vêtements... Je ne me considère pas comme étant intelligent. Ma fille dit que son père est un « autiste moderne ».

Je suis déconnecté des choses réelles parce que je ne peux rien apprendre. En revanche, je sais cultiver mon « magma » : je suis tout le temps en train de faire des corrélations, de classer. Je suis un spécialiste de l'organisation aux rayons X.

En fait, je suis très bon pour comprendre les signes inconscients d'une société, comprendre où ça va et pourquoi. Je n'en fais rien de particulier, je ne suis ni politologue, ni sociologue, ni philosophe. Mais ça me permet de stocker des bouts d'intelligence plus ou moins cuits, plus ou moins en phase de polissage final.

Quand ce « magma » donne-t-il forme à un objet ?

A peine me passe-t-on une commande que c'est fait ! Parce que ça fait quarante ans que j'y pense ! Je suis le rapide le plus lent du monde. Je dessine une chaise en moins de cinq minutes mais ça fait quarante ans que je pense aux chaises... Aux chaises et à tout ce qui nous entoure.

Sans oublier l'amour, ma grande passion, ma grande question : comment mériter l'amour ? La femme avec laquelle je vis occupe 99 % de mon cerveau. Pour elle, je suis une sorte de Gatsby permanent, toujours en train de frimer, pour être le plus aimé...

Jean-Batiste Mondino pour Télérama

Et tout rentre dans votre grand magma créatif ?

Tout ça et bien plus. Ce qui m'intéresse, c'est nous : l'espèce animale et cette extraordinaire et romantique aventure.

Il y a quatre milliards d'années, nous étions une bactérie, puis nous sommes devenus un poisson, une grenouille, un singe, et maintenant un super-singe. Et nous sommes voués à disparaître dans quatre milliards d'années, quand le soleil va imploser. Cette histoire fermée comme un film, j'adore ça !

A la base, j'étais pessimiste – je suis russe. Je pensais à la vie de façon morbide. J'ai perdu ma morbidité le jour où j'ai compris la beauté de notre histoire. Pour moi, la beauté, c'est ça, le sujet ! Quête qui me permet de mettre la barre haut : j'étudie l'astrophysique en suivant les cours de Thibault Damour, la mathématique quantique, la biologie et l'imagerie cognitive électronique du cerveau, la grande clé aujourd'hui. Ce travail me donne des lignes qui m'inspirent, en terme d'éthique, de démocratie également.

La démocratisation du design, c'est fait ?

Oui. A l'époque où j'ai commencé, une chaise digne de ce nom valait 1 000 €. C'est cinq fois moins aujourd'hui. J'ai vraiment combattu pour monter la qualité, casser les prix, être accessible à tous.

Personne ne le voulait, mais chaque fois que je baissais le prix, j'améliorais aussi la qualité, et le produit se vendait mieux.

Donc les éditeurs étaient forcés de me suivre... Depuis, je n'ai cessé de militer pour voir émerger des produits justes, à la qualité juste et à la longévité juste.

“Soyons réalistes : être designer,
c'est pas une gloire ! Il est anormal
qu'une société donne autant d'importance
à des gens comme moi”

Vous avez pourtant tendance à dénigrer votre travail...

Par rigueur. Je suis très dur avec tout le monde et surtout avec moi-même. Si j'étais content de moi, j'aurais déjà tout arrêté. Je n'ai plus besoin de sous, j'ai une jolie jeune femme, on a une maison à la mer, je pourrais faire du bateau et continuer à rêvasser...

Malgré tout ce que la presse a pu dire, je ne suis pas mégalo. Soyons réalistes : être designer, c'est pas une gloire ! Il est anormal qu'une société donne autant d'importance à des gens comme moi qui n'ont quasiment aucune importance. Je fais juste bien mon métier.

Le design vous semble inutile ?

Il a pu être amusant, comme un nouveau petit confort sociétal, il y a vingt ans. Dans une période de « civilisation civilisée », comme on a pu l'entrevoir alors, pourquoi ne pas s'intéresser à une lampe ?

Mais là, aujourd'hui, face aux urgences... Chaque métier a son moment, et chaque moment a son métier. Aux jeunes qui veulent être designers, je dis que ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, il faut partir au combat. Et s'ils travaillent bien, dans quinze-vingt ans, on pourra se réintéresser au design...

Partir au combat, c'est-à-dire ?

Ça veut dire être radical. Quand on est producteur d'idées et producteur de matière, comme je le suis, il faut réfléchir à comment refuser la matière.

On entre là dans le « process » écologique. C'est peut-être une tarte à la crème pour les cyniques, mais ça reste une urgence ! Depuis trois-quatre ans, on cherche des moyens d'action efficaces.

Dans une société matérialiste comme la nôtre, toute question amène une réponse matérielle, comme si on ne pouvait pas répondre à quelqu'un sans lui refourguer un produit ! Mais désormais nous avons de sérieuses pistes pour, enfin, ne plus passer par le schéma traditionnel de la matière. Le travail de designer doit être politique. En se demandant comment sauver de la matière, comment produire de l'énergie, comment changer l'esprit des gens, les dégoûter de l'achat de compensation du samedi après-midi...

Il faut aussi expliquer, alerter. Qui, à part moi, entendez-vous poser publiquement la question de l'après-plastique ? L'après-pétrole, ça, oui, mais l'après-plastique, qui arrivera dans trente ans ?

Or le plastique est partout ! On rétorque qu'il y a le recyclage ; mais le plastique recyclé ne sert à rien. D'autres affirment qu'il y a le bioplastique, mais transformer les champs de céréales en plastique vraiment nul ou en carburant pour nos 4x4, c'est un crime contre l'humanité !

Les grandes famines sont annoncées pour 2020-2022. Et nous, on va ratiboiser deux tiers de la Terre et des forêts pour cultiver des choses que les gens ne peuvent pas manger ?

“Je prépare l'ingénierie de l'astroport
des vols galactiques de Virgin.
Les premiers vols sont pour 2012.
Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées”

Sur quoi travaillez-vous, actuellement ?

Des tas de choses.

  • On vient de finir l'éolienne individuelle. Le plus petit modèle, qui produit environ 1,5 kW, va coûter environ 500 euros. Il suffit de l'installer sur le toit, elle est munie d'un boîtier relié au compteur d'énergie du foyer.
  • On continue à travailler sur des capteurs solaires, une voiture électrique aussi.
  • Et deux chantiers navals, l'un dédié au solaire et à l'hydrogène, l'autre à la construction de bateaux de 2 à 70 mètres de long.
  • Je viens aussi de finaliser le projet Démocratique architecture, en Slovénie : des maisons préfabriquées écologiques développées avec de hautes technologies, qui ne coûtent vraiment pas cher. Et j'ai dessiné les quarante-cinq plans seul avec mon crayon, je ne travaille même pas sur ordinateur.
  • Sans oublier que je prépare l'ingénierie de l'astroport des vols galactiques de Virgin. Les premiers vols sont pour 2012. Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées.

Comment vivez-vous la dématérialisation des objets ?

Je ne suis pas un homme de l'objet, mais du concept. Cette dématérialisation, je la prône depuis trente ans !

Nous sommes la seule espèce animale qui contrôle la qualité de sa vitesse d'évolution. Or on refuse de comprendre nos mutations.

Si on prenait conscience de la beauté et de l'intelligence de l'homme mutant, tout s'éclaircirait.

Pourquoi ne pas accepter ainsi notre entrée dans le bionisme, le mélange du corps et des composants - majoritairement la puce -, mélange qui va nous aider à maintenir notre vitesse d'évolution.

Notre société a oublié le scénario de base : d'où elle vient, où elle va. Elle a oublié que notre civilisation est fondée sur l'idée de progrès. Que l'homme est censé être de plus en plus intelligent, et devenir meilleur.

Ces valeurs ne sont pas nouvelles, ce sont celles de la chrétienté comme de toutes les autres formes de civilisation.

Mais nous sommes tellement perdus, avides, que nous oublions que nous sommes des animaux grégaires, là pour partager. C'est une condition absolue à notre survie.

Propos recueillis par Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier
Télérama n° 3119

Le 25 octobre 2009 à 15h00
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Tags : Special design design Philippe Starck entretien

VOS REACTIONS (21 commentaires)

PAT THE ROCK - le 29/10/2009 à 17h29
STEVEMAC: autant pour moi!! salutations!! rock off!!!!!!!!!!!!

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stevemac - le 29/10/2009 à 17h13
Bien parler Pat The Rock mais je ne suis pas dans la mouv’ j'ai 52 ans et Starck je m'en bas l'œil ce n'est pas une réaction positive sur un people qui va faire de quelqu'un un Fan ou je ne s'ai quel beauf et je suis tout d'accord sur la fin de votre texte 16h34
trés cordialement

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stevemac - le 29/10/2009 à 16h58
Soit De Vielg !!! lire des livres est une chose les comprendre une autre ...  et c'est bien là que je rejoint Appas dans sa réaction de 10h27
Pour les fautes cela ne regarde que moi et surtout le log "Naturrally speaking" et je n'est pas l'intention de me faire formaté par qui que ce soit dans ce jugement ...
Quand on sait d'où l'on vient, on sait où l'on va ....
Si quelquefois tu te sent petit ,inutile, démoralisé ou dépressif, n’oublie jamais que tu as était un jour le plus rapide et le meilleur spermatozoïde de la bande c'est toi le grand gagnant ...
je m'en va lire d'autres bon interview du style Télérama ( waf waf ..)
car ma crémière me dit n'oublie jamais qu'au plus haut trône du monde tu est assis que sur ton cul ...
alors ne s'obstine pas au dialogue de sourd ....
good good à Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier pour votre dossier .

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PAT THE ROCK - le 29/10/2009 à 16h34
je fais aussi quelques faute d'orthographe et ne suis pas inculte pour autant:mais ce Steve mac donne bien l'image et se place en porte parole de la mouvance Starck et autres designer frime :je le redis encore et encore perso,je trouve que son univers est trop froid,trop superficiel. mais cela plait énormément a la jeune ou moins jeune mouvance bobo et intello branchouille arrogant qui pète plus haute que leurs petit cul.
je vais me faire assassiner ,mais je m'en tape :Philippe Starck ou jean nouvel même orientation: pour un parisianisme snob,pour un paris élitiste et branchouille friqué ,pour un paris ,qui ne sera plus un paris avec ses boutiques de designer,cette architecture froide et fascisante:non ,je ne veux pas de tout cela.
moi même,a une époque j'ai aimé ce qui était branché ,dans la mouvance ............mais c'était dans les années 80 ,le problème aujourd'hui c'est que ce ne sont plus quelques endroits qui est branché c'est 80 pour cent de paris qui est branchouille avec ces boutiques qui vendent de tout et n'importe quoi ces galeries de pseudo peintre a deux balles qui foisonnent aux Abbesses et alentour ou du coté du marais: bref beaucoup de vent et de futilités pour pas grand chose.

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La mouche du Coche - le 29/10/2009 à 14h08 
@ Stevemac,
.. et j'ajouterais que l'impressionnant nombre de fautes d'orthographe et de grammaire de votre commentaire trahit le fait qu'à votre prétention, vous cumulez une propre inculture qui rejoint celle du maître et vous accorde à lui.

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La mouche du Coche - le 29/10/2009 à 14h01 
@ stevemac,
Mais qu'en savez-vous que nous ne connaissons pas Starck parfaitement ?
Je vous rappelle que dans mon premier commentaire je précisais que Starck se vante dans ses livres de faire un design "acculturé" donc méprisant. Je les ais donc lu et pas vous.
Je vous trouve extrêmement arrogant. Vous imaginez que les gens qui ne sont pas sont pas d'accord avec vous sont forcément des imbéciles parlant de ce qu'ils ne connaissent pas. Vous allez bien avec l'idée que je me fais des gens qui aime ce designer.

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.stevemac - le 29/10/2009 à 09h25
Bravo Télérama pour votre article
Je constate comme à l'habitude que ceux qui n'aiment pas Starck donne des critiques sur celui-ci sans connaitre un dixième de ce qu'il est vraiment et de ce qu'est le monde du design .
lire un article sur une personne que l'on aime pas pour écrire du torchon qui n'a pas de sens avec le sujet est assez paradoxal !!!! je constate que les cervelles inoccupées sont de plus en plus nombreux dans notre pays
Ma crémière disait au sujet de Starck que l'avantage d'être intelligent c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile et dire n'importe quoi ,alors que l'inverse est totalement impossible
Quand à APPAS bien parlé pour la brosse à dent.
Merci Mr STARCK pour avoir bousculer le design et décoincé du Q tous ces designer qui ce prennent pour ce qu'il ne sont pas ,ne changé rien .

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h54
Voici un article écrit par un de mes potes à l'école : http://lettres.lecolededesign.com/2009/03/06/design-polem...

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h42
Ce qui est bien dommage au final c'est plutôt que d'une, les médias ne s'occupent qu'à relayer les activités de ce genre de coqueluche à la population, et que deux, cela lui fait profit puisque les gens ne sont pas assez curieux pour aller voir ce qu'il y a au delà. Le mieux, c'est peut être de l'ignorer...

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h40
Je suis étudiant en école de design et avec quelques amis nous suivons de temps en temps la masturbation collective starkienne. Philippe Starck n'est pas, comme on pourrai le croire un idiot, et il sait bien rebondir.
Ce qui me gêne au premier abord, c'est qu'il est mis sur un pied d'estal comme ambassadeur du "Design". Et du coup, il en fait ce qu'il en veut, et le commun des mortels qui achète ses merdes rotomoulées avalent ça goulument et joyeusement. Et pour forger sa crédibilité, il sait bien jouer le philosophe, et il n'hésite pas à citer des grand noms du design, pour qui l'œuvre qu'était un de leurs objet, était bourrée de réflexion. Tout ca alors qu'Ettore Sottsass est récemment décédé dans l'ombre de la culture médiatique...
Mais au final, sur quoi Starck s'assied-t-il quand il dit que le design est inutile ? Que rare sont les designers qui "vivent" de leur travail ? (Parce que personnellement, je ne compte pas être designer pour gagner de l'argent, j'espère vivre correctement, mais surtout vivre mon métier) Eh bien je pense qu'il s'assoit sur ce qu'il entretient, ce design froid et facile, qu'il défend extrêmement bien avec ses capacités d'orateur, mieux qu'il ne fait son travail surement. Des milliers de gens, pas comme lui, dans des centaines de domaines différents vivent leur travail de designer et sont bien plus occupés à travailler pour une solution et donner un sens à objet, qu'à faire des plateaux télés.

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PAT THE ROCK - le 27/10/2009 à 18h11
APPAS, il l'aime son Philippe Starck,oh! mon dieu comme il l'aime son grand designer chouchou; il lui fait tourner la tète son Philou de Starcky : APPAS pète un tout petit coup, et tu verras ta vision sur cette putain de vie matérielle sera un peu moins figé et étriqué. bonne soirée!!

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La mouche du Coche - le 27/10/2009 à 17h57
@ Servadio,
N'embêtez pas le maître avec vos mesquines histoires d'argent. Vous allez le déconcentrer.

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Servadio - le 27/10/2009 à 14h14
De bien beaux discours... Mais j'aurais aimé qu'on interroge M. Starck sur les 57.408 euros reçus pour la "conception" du logo de la présidence française de l'Union Européenne après une procédure d'attribution que la Cour des Comptes juge pour le moins curieuse (cf. entre autres http://www.lesechos.fr/info/france/300385523.htm)...
Mais il est vrai que l'argent même public n'a pas d'odeur...

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La mouche du Coche - le 26/10/2009 à 12h06
Appas, je vous sens complètement lobotomisé par la pensée du maître mais ce n'est pas grave, je vais vous aider.
Pour commencer, essayez de vous demander dans quelle mesure ses objets sont les exactes contraires de son discours. Est-ce que vous y arrivez ?
cordialement

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Appas - le 26/10/2009 à 10h32
femme aimée, de sa fille qui l'est tout autant, de sa famille, de jeunes collaborateurs, ce qui est réconfortant en ces temps de JE sarkozyens.

 

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Appas - le 26/10/2009 à 09h10
Chère Mouche du coche avant de parler il faut connaitre, votre brosse à dent est-elle en bois ? Il travaille de nombreux matériaux et cela ne m'étonne qu'à moitié que vous n'ayez pas ça chez vous... il faut avoir du goût...

Plus sérieusement quand un créateur – qui a une immense culture à présent – essaie d'embellir notre quotidien il faut au moins avoir un minimum de respect, moi j'ai aussi de l'admiration. Merci Mr Starck.

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pleroma - le 25/10/2009 à 19h25
L'interview est super! PS est un grand bavard, non? Ce qu'il dit mérite réflexion, il y a de bonnes choses a retenir. Je n'ai lu que des critiques de son design, sur un ton un peu aigri d'ailleurs, qui n'ont pas de rapport avec l'interview...Je ne peux pas me permettre de ''Starckiser'' mon intérieur, mais je ne refuserai pas quelques jet-Starck si on me les offrait...

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PAT THE ROCK - le 25/10/2009 à 18h31
c'est forcément génial Philippe Starck c'est l'apôtre du designer bobo.

RIEN A FAIRE DU DISIGNE DE STARCK. c'est moche et froid :perso je préfère le bois ,oui le bois vive les matériaux noble et non le plastique poubelle.

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La mouche du Coche - le 25/10/2009 à 16h49

Ph Starck est l'apôtre d'un design international "sans culture" comme il l'a écrit lui-même dans ses livres. Ses matériaux sont le plastique issu du pétrole. Qui a ça chez soi à part les journalistes ?

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01:06 Publié dans Parcours professionnel, Télérama | Lien permanent | | Tags : philippe starck, design | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |