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20/09/2009

Gouvernance SARKOZY = SPOLIATION et DESTRUCTION programmée de l’état de droit

Ce billet cumule une série de faits inquiétants.

INSEE

15/09/2009 Vive le bon vieux PIB ! par Eric Le Boucher

Le rapport de la Commission Stiglitz s'apparente à de la pure gesticulation. L'important n'est pas le thermomètre, mais la réalité.

…/…

L'ambiguïté est totale dès l'origine et le lancement de cette commission début 2008. La vérité est que Nicolas Sarkozy déteste l'Insee, avec ses statisticiens indépendants, qui bombardent le gouvernement de chiffres déplaisants.

Le chef de l'Etat a un problème général avec les stats, on le voit avec celles de la délinquance, elles résistent à sa volonté. Quand il était ministre de l'économie, l'Insee n'a pas cédé à ses desiderata et, ensuite, devenu chef de l'Etat il a essayé de «casser» cette institution récalcitrante en la délocalisant brutalement à Reims Metz.

DROIT PENAL

15/09/2009 Simplifions le droit : sauvons la scientologie :

L’article 131-38 pose la règle que les personnes morales encourent une amende égale à cinq foix celle prévue pour les personnes physiques, et un million pour les crimes (on ne peut emprisonner une personne morale), l’article 131-39 prévoit les peines complémentaires applicables aux personnes morales en plus de l’amende. Le 1° prévoit la dissolution de la personne morale. Retenez-le.

Que dit-il cet article désormais ? Je graisse la partie importante.

Les personnes morales déclarées responsables pénalement [du délit d’escroquerie], dans les conditions prévues par l’article 121-2, des infractions définies aux articles 313-1 à 313-3 et à l‘article 313-6-1 encourent, outre l’amende suivant les modalités prévues par l’article 131-38, les peines prévues par les 2° à 9° de l’article 131-39.

L’interdiction mentionnée au 2° de l’article 131-39 porte sur l’activité dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de laquelle l’infraction a été commise.

Tiens ? 2° à 9°. Le 1° a disparu. Vous vous souvenez, celui qui prévoyait la dissolution.

La loi vient donc, sans tambour ni trompette, décider qu’une personne morale qui commet des escroqueries ne peut plus être dissoute. Curieuse mansuétude.

Cette loi du 12 mai 2009, publiée le 13 mai, est entrée en vigueur le 14 mai 2009.

Et figurez-vous que c’est cocasse : le 25 mai 2009, douze jours plus tard, s’ouvrait à Paris le procès de l’Église de Scientologie pour escroquerie, dans lequel le procureur, peu au fait du journal officiel, a requis… la dissolution de l’Église. Perdu ! C’est illégal !

Comme aurait dit L. Ron Hubbard : il est Thétan

16:29 Publié dans Société et Justice | Lien permanent | | Tags : commission stiglitz, eglise scientologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

18/08/2009

''Paroles de Dégénérations de Mes Aieux !”

Chanson qui a conquis la jeunesse d’AUBAIS pour la fête du 15 Août, ramenée par Guilhem…

Ton arrière-arrière-grand-père, il a défriché la terre
Ton arrière-grand-père, il a labouré la terre
Et pis ton grand-père il a rentabilisé la terre
Pis ton père, il l'a vendu pour devenir fonctionnaire
Et pis toi, mon p'tit gars, tu l'sais pus c'que tu vas faire
Dans ton petit 3 et 1/2 bien trop cher, frette en hiver
Il te vient des envies de devenir propriétaire
Et tu rêves la nuit d'avoir ton petit lopin de terre

Ton arrière-arrière-grand-mère, elle a eu 14 enfants
Ton arrière-grand-mère en a eu quasiment autant
Et pis ta grand-mère en voulait 3 c'était suffisant
Pis ta mère en voulait pas; toi t'étais un accident
Et pis toi, ma p'tite fille, tu changes de partenaire tout le temps
Quand tu fais des conneries, tu t'en sors en avortant
Mais y'a des matins, tu te réveilles en pleurant
Quand tu rêves la nuit d'une grande table entourée d'enfants

Ton arrière-arrière-grand-père, il a vécu la grosse misère
Ton arrière-grand-père, il ramassait les cennes noires
Et pis ton grand-père -miracle!- est devenu millionnaire
Et pis ton père en a hérité, il l'a tout mis dans ses RÉERs
Et pis toi, p'tite jeunesse, tu dois ton cul au ministère
Pas moyen d'avoir un prêt dans une institution bancaire
Pour calmer tes envies de hold-uper la caissière
Tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire

Tes arrière-arrière-grands-parents, ils savaient comment fêter
Tes arrière-arrière-grands-parents, ça swignait fort dans les veillées
Et pis tes grands-parents ont connus l'époque yé-yé
Tes parents,c'taient des discos; c'est là qu'ils se sont rencontrés
Et pis toi, mon ami, qu'est-ce que tu fais de ta soirée?
Éteins donc ta tv, faut pas rester encabaner
Heureusement que dans'vie certaines choses refusent de changer
Enfile tes plus beaux habits car nous allons ce soir danser ...

mesaieux.qc.ca

Catégorie :  People

Tags : family generation nostalgy musique clip montage quebecois quebec folk

Une version où le chant est plus en valeur :

14:29 Publié dans Chanson, Danse, Musique, Modernité, Société et Justice, Vidéo | Lien permanent | | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

14/08/2009

Blog Paul JORION - Green Business

L’actualité de la crise : Un crime presque parfait, par François Leclerc

Publié par Paul Jorion dans Ecologie, Economie, Monde financier

Billet invité.

UN CRIME PRESQUE PARFAIT

A la faveur de quelle étrange évolution le business peut-il devenir vert, après avoir tant détruit, et bénéficier soudain du label « green business » ? Ce n’est pas compliqué : en constatant que, après avoir suffisamment détérioré l’environnement, il devenait impératif d’y remédier, en confiant au fautif la charge de réparer les dégâts commis. Mais à ses conditions, naturellement, c’est-à-dire moyennant rémunération. En rétribuant le pollueur, en application d’un principe étonnant, bien entendu adopté au nom de l’efficacité (une fois encore et en attendant le résultat).

Plus généralement considéré, l’environnement, jusque-là bien public (sous ses versions gratuite ou parfois payante), acquiert de plus en plus une valeur marchande considérable. Il peut donc faire l’objet d’une appropriation, devenir plus systématiquement objet de propriété. La rareté produisant la valeur, il faut alors le stocker (ou le rendre inaccessible au nom de sa protection, ce qui revient au même), la spéculation peut alors s’engager. On a déjà vu le film.

Dans le cas du marché du crédit carbone, la perfection est cette fois-ci atteinte. Le système financier, qui a un peu tâtonné ces dernières décennies dans différents domaines, dont l’immobilier, non sans dégâts et une grosse frayeur, pas encore totalement résorbée, pense avoir désormais trouvé son Graal.

Le principe de ce nouveau marché procède de la distribution gouvernementale de tickets de rationnement, dont la particularité est d’être côtés en bourse. Imaginons un instant, si ce même principe avait été adopté pour les tickets de rationnement alimentaire pendant la seconde guerre mondiale, comment la configuration du marché noir en aurait été radicalement changée. Eh bien, il s’agit aujourd’hui de la même chose, mais à une toute autre échelle. Le marché du crédit carbone promet d’être un gigantesque marché noir mondial, en beaucoup plus moderne, adapté aux exigences des marchés financiers.

La beauté de ce nouveau marché, c’est qu’il est extensible à l’envi, puisque susceptible d’englober progressivement toute l’activité humaine, émettrice par définition de CO2. Ce qui signifie qu’il ne va pas, à terme, uniquement concerner la sphère des activités de production et de services privées, mais aussi les publiques, les activités collectives mais aussi les individuelles. Une entreprise mais également un hôpital ou une école pourront recevoir ces tickets de rationnement, dont la valeur sera comme on va le voir manipulée. De même pour de nombreux aspects de notre vie quotidienne (les déplacements, le logement, etc…). Après la spéculation sur les cours du pétrole, des matières premières et des produits alimentaires, un pas décisif est franchi dans la « financiarisation » de l’activité humaine. L’autre face de la « protection » du génome humain par des brevets. Tout cela, dans le cas de l’émission de CO2, parce qu’il a été délibérément choisi de tourner le dos à un système réglementaire, au nom d’une douteuse modernité, à l’écoute des dangereuses Sirènes de la mythologie grecque remises au goût du jour du capitalisme financier.

Qui dit marché, dit innovation financière, créativité, produits nouveaux et à fort rendement. Le marché du crédit carbone va ainsi naître sous ces auspices consacrés, un peu encalminés pour le moment mais qui n’attendent que d’être réactivés. Comme les enfants aujourd’hui sont « Internet natives » en naissant. Le plus grand marché du monde vient d’ouvrir ses portes, cirque et casino à la fois, tout en promesse faite aux produits dérivés de la terre promise.

Une nouvelle pompe aspirante vient d’être mise en marche, celle de l’endettement des ménages ne pouvant plus offrir les volumes et les rendements auxquels elle avait habitué. De nouveaux transferts financiers vont pouvoir être opérés au détriment de l’activité économique et de ses acteurs essentiels, les femmes et les hommes qui constituent la force de travail, tout du moins quand ils peuvent appartenir à ce qui semble devenir un privilège, aussi relatif qu’il soit. On parlait déjà de destruction de l’environnement, puis de destruction de la valeur. Destruction est aussi le terme que l’on utilise à propos de l’emploi. A inscrire au programme du « green business ».

 

Parmi les 85 Commentaires, j’ai retenu celui de BlackHole

30 juin 2009 à 17:22  blackhole dit :

Et oui même les verts/écolos sont tombé dans le panneau. Les émissions de gaz à effet de serre dont le fameux CO2

Savez-vous que toute les planètes du systèmes solaire se réchauffent…
Savez-vous que le CO2 n’est pas un gaz polluant (les plantes en ont besoin, c’est un produit naturel)
Savez-vous que dans l’histoire de la planète on a toujours constaté une augmentation du CO2 comme conséquence du réchauffement planétaire et non l’inverse
Savez-vous que la grande majorité du climat global moyen sur Terre est régit par le Soleil
Savez-vous que le CO2 ne représente même pas 10% (et je suis hyper large) des gaz à effet de serre, le plus important étant la vapeur d’eau.
Savez-vous que moins de 25% des membres du GIEC sont des scientifiques ayant des connaissances climatiques
Savez-vous que de plus en plus de scientifiques se lèvent contre cette imposture, écrivent des articles ou quittent le GIEC
Etc…

Bien sûr je suis contre la pollution et la destruction de la planète mais on assiste de nouveau à un grand lavage de cerveau…

Et c’est là la grosse arnaque: le CO2 n’est pas de la pollution. C’est contre celle-ci que l’on doit se battre: la pollution
- de l’air
- de l’eau
- du sol
- de la nourriture
- électromagnétique
- pharmacologique
- chimique
- …

Je ne nie pas le réchauffement global mais l’impact humain est vraiment très négligeable (sauf dans les grandes villes, irrespirables)

Pourquoi tout cela? Une nouvelle bulle green avec taxes et marché du carbone. Merci Al Gore!

A qui profite le crime…. Toujours la bonne question…

@blackhole:

Entre la désinformation des uns et celle des autres, il serait peut-être intéressant de trouver le juste milieu plutôt que de relayer sans discernement, non? Votre petit panégyrique recèle des approximations, des erreurs, et des fautes. Dans l’ordre:

« Savez-vous que le CO2 n’est pas un gaz polluant (les plantes en ont besoin, c’est un produit naturel) »

1- Le CO2 n’est pas un gaz polluant pour les plantes. En revanche à hautes doses, même si ce n’est pas franchement la question ici, il provoque comme tout gaz autre que l’oxygène la suffocation chez tous les êtres vivants munis de poumons. C’est donc avant tout une question d’angle de vue, mais aussi de proportions.

2- Le sulfure d’hydrogène est également un produit naturel. A votre place je ne m’amuserais pas pour autant à en respirer.

« Savez-vous que dans l’histoire de la planète on a toujours constaté une augmentation du CO2 comme conséquence du réchauffement planétaire et non l’inverse »

En fait il me semblait avoir compris chez plusieurs climatologues, même parmi les sceptiques aux thèses du GIEC, qu’on n’était pas en mesure de déceler quel évènement est la conséquence de l’autre. Et pour cause, la datation de carottages n’est pas une science exacte, on ne fait jamais qu’estimer des périodes, et ce de manière bien moins précise que ce qui serait nécessaire pour pouvoir affirmer la causalité dans un sens ou dans l’autre.

« Savez-vous que le CO2 ne représente même pas 10% (et je suis hyper large) des gaz à effet de serre, le plus important étant la vapeur d’eau. »

Non. Les champions toutes catégories en matière de contribution à l’effet de serre sont les halocarbures (Hydro/Per-FluoroCarbures pour les intimes), le méthane ensuite, et seulement ensuite le CO2. La vapeur d’eau quant à elle, s’il est démontré qu’elle contribue effectivement à l’effet de serre « en laboratoire », n’est pas prise en compte du fait que sa persistance dans l’atmosphère est bien moindre par rapport aux autres produits cités:

  • 1 semaine pour la vapeur d’eau.
  • 12 ans pour le méthane.
  • 100 ans pour le CO2.
  • jusqu’à 50 000 ans pour les halocarbures.

Ici encore, une information complète est nécessaire pour ne pas sombrer dans la caricature. Étant données les différences de durées de persistance dans l’atmosphère, on comprend bien qu’à doses égales, la vapeur d’eau est totalement négligeable au regard de tous les autres produits évoqués.

De manière générale, la science n’a pas tant pour objectif d’apporter des réponses que de se poser des questions. Quand bien même les travaux du GIEC n’apporteraient pas de preuves définitives, ils ont le mérite de poser des questions intéressantes. Dans ce sens, en demandant si la démultiplication des activités humaines depuis 2 siècles influe sur le climat, le GIEC est bien dans son rôle de scientifique.

En revanche, de mémoire, je n’ai pas vu de travaux aussi documentés que ceux-là qui apporteraient des conclusions parfaitement opposées. Des travaux sans parti pris initial s’entend. En effet un travail qui préjugerait des conclusions auxquelles il devrait aboutir serait parfaitement anti-scientifique.

Enfin, que les travaux du GIEC soient repris au bénéfice de la finance n’est pas nécessairement le signe d’une connivence malsaine, ce peut très bien être un « dommage collatéral ». Le capitalisme a déjà démontré sa nature protéiforme et opportuniste… La dégradation climatique ne pourrait finalement être que la nouvelle balle qu’il a su attraper au bond.

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31/07/2009

La Tribune 30.07.2009 Bernard STIEGLER "Le consumérisme a atteint sa limite"

http://crisedanslesmedias.hautetfort.com/archive/2009/07/...

http://www.coteboulevard.com/2009/07/le-consum%C3%A9risme...

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/200907...

Dans sa série d'été Visions de l'après-crise,La Tribune a interrogé Bernard Stiegler, philosophe et essayiste. Pour cet auteur prolifique, la crise sonne comme la fin de l'"american way of life" et annonce l'émergence de nouveaux modèles de croissance, comme celui de l'économie contributive.

Comment percevez-vous la crise actuelle ? La crise que nous connaissons aujourd'hui est beaucoup plus grave qu'une crise économique: c'est la crise d'un modèle, celui du consumérisme, qui atteint aujourd'hui ses limites. Il y a donc rupture. Mais c'est une rupture lente dont les premiers signes remontent à 1968 avec le malaise de la première génération de consommateurs. Aujourd'hui, la chute de General Motors démontre ô combien que le monde a changé - et qu'il ne sera plus comme avant.

Quels sont les ressorts de notre modèle qui ont été distendus, voire brisés ? Le consumérisme est une forme de capitalisme née de la rencontre du fordisme avec le keynésianisme de Roosevelt, et qui a donné naissance à l'"american way of life". Contrairement au modèle industriel de la vieille Europe, fondé sur le productivisme, il suppose l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés pour les inciter à consommer. C'est le triomphe du marketing: vendre n'importe quoi à n'importe qui. Ce modèle qui détourne tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation se développe tout d'abord de manière heureuse - c'est le plein emploi - mais il se transforme rapidement, comme l'avait prédit Herbert Marcuse, en machine à détruire la libido. Alors règne la consommation addictive fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions. Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances. C'est un modèle dangereux: le consommateur y devient malheureux comme peut l'être le toxicomane qui dépend de ce qu'il consomme mais déteste ce dont il dépend. D'où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l'égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée.

D'autres facteurs peuvent-ils expliquer cette défiance ? Il s'est effectivement passé beaucoup de choses depuis les années 1970. Le fameux rapport Meadows en 1972, qui avançait la thèse de la non-soutenabilité de notre société de consommation au-delà du XXIe siècle, prend aujourd'hui singulièrement du poids. La révolution conservatrice et la mondialisation ont également changé la nature, non du capitalisme, mais des capitalistes eux-mêmes. L'entrepreneur s'efface au profit du manager soumis à un capitalisme financier ultra-spéculatif qui n'investit plus dans la durée. Cela se traduit par une pression considérable sur les salaires et la création d'artefacts, dont les subprimes ne sont qu'un exemple, pour compenser la baisse du pouvoir d'achat et perpétuer ainsi, de façon artificielle, le modèle consumériste. C'est la convergence de toutes ces tendances lourdes qui expliquent la crise: un capitalisme, auquel les gens ne croient plus, ne peut plus durer.

Un nouveau capitalisme peut-il émerger de cette crise ? Selon moi, ce qui est en train de disparaître, c'est un monde où il existe d'un côté des producteurs et de l'autre, des consommateurs. D'autres modèles commencent à se développer avec la révolution numérique. Sur Internet, il n'y a ni des producteurs ni des consommateurs mais des contributeurs. On entre dans la nouvelle logique de l'économie contributive, qui repose sur des investissements personnels et collectifs et qui crée une autre forme de valeur. Les exemples ne manquent pas, du logiciel libre à Wikipédia. Une récente étude de l'Union européenne pronostique que près d'un tiers de l'activité dans l'économie numérique fonctionnera sur un tel modèle d'ici trois ans. Mais il ne concerne pas uniquement l'informatique, il peut également se décliner dans l'énergie, avec les modèles décentralisés, la distribution alimentaire ou la mode...

Mais n'est-ce pas simplement un nouveau discours visant à préserver un statu quo ? Ce discours exprime une pensée au service d'un combat. Car, à l'heure où tout s'écroule, tout est fait pour empêcher le vieux monde et des vieux acteurs de disparaître. Toute la classe politique défend la consommation même si elle sait bien que cela ne peut pas durer. On essaye de sauver la télévision, qui n'a pas vu venir le numérique, ou les constructeurs automobiles, qui misaient hier encore sur la surpuissance de leurs moteurs ! Mais les choses avancent. Barack Obama a réussi à faire admettre que le modèle américain était révolu et des puissances émergentes comme la Chine savent bien qu'elles ne peuvent pas suivre le modèle occidental d'hyperconsommation, sous peine de faire exploser la planète.

La mutation de nos économies est donc inéluctable... Le pire des scénarios serait de promouvoir un consumérisme "new look" et peint en vert. Les nouvelles tensions apparaîtraient très vite dans un monde aux ressources finies et le risque de conflits majeurs serait alors extrêmement élevé. C'est pourquoi les États doivent s'engager à accompagner la mutation de nos économies, à promouvoir les externalités positives. Mais toute activité ne peut être monétisable: il faudra imaginer une nouvelle fiscalité, développer de nouveaux indicateurs, inventer de nouvelles formes de rémunération. Bref, bâtir un modèle de vraie croissance contre la mécroissance qu'est le consumérisme. Bio Express: Philosophe de formation, élève de Jacques Derrida, Bernard Stiegler est un auteur prolifique avec une quinzaine de livres, dont "Réenchanter le monde" et le dernier, "Pour en finir avec la mécroissance", en collaboration avec Ars Industrialis (www.arsindustrialis.org). Parallèlement, il dirige le département culturel du Centre Georges-Pompidou après avoir exercé des hautes responsabilités à l'INA et à l'Ircam.

Propos recueillis par Éric Benhamou

Commentaire Miguel Texeira (coteboulevard.com)

Je trouve la vision de Bernard Stiegier intéressante pour plusieurs aspects :

Je pense comme lui que nous sortons de la société de l'hyper consommation : celle des hypermarchés symboles de l'abondance et du bonheur moderne, celle des autoroutes toujours plus nombreuses permettant de partir en week end sur la côte d'Azur et de manger des tomates cultivées sous serre au sud de l'Espagne, celle de la télévision qui vous dit quels doivent être vos désirs et ce que vous devez penser, celle de la "voiture reine" qui doit absolument envahir la ville, quitte à détruire la qualité de vie et.. le patrimoine historique que l'on sacrifie pour leur permettre d'arriver jusqu'aux abords des magasins de vêtements.

La vision de Bernard Stiegier d'une économie contributive met en lumière des éléments vus ailleurs :

  • les nouveaux modes de production de l'information : wikipedia qu'il cite mais aussi les essais de jounaux citoyens par exemple
  • de nouvelles manières de vendre : dans le marketing "2.0" par exemple, le client devient aussi celui qui, par sa préconisation, va participer à la campagne marketing d'un produit (quel blogueur n'a pas écrit un post sur un article qu'il est tout content d'avoir acheté, quel facebooker n'a pas partagé son enthousiasme pour une cause, quel internaute n'a pas transmis par mail une vidéo qui vente un produit mais qu'il juge amusante ?)
  • de nouveaux modes de production : de plus en plus de particuliers installent eux-même des éoliennes et revendent l'électricité qu'ils produisent à EDF qui se charge ensuite de la distribuer au plus grand-nombre

Je note avec plaisir qu'il fait la différence entre ce qu'on pourrait appeler une "nouvelle consommation" et un "consumérisme peint en vert" : il ne sert à rien de prendre sa bagnole pour acheter chez carrefour un veau Bio élevé à 600 km, il faut changer vraiment nos modes de production et de consommation.

Je ne suis pas certain que la vision décrite par Bernard Stiegier remplace à terme le modèle classique qui a pourtant atteint ses limites et dont un nombre croissant de personne ne veut plus. Il m'apparait pourtant clairement qu'une part croissante de l'économie changera pour s'en approcher. dans Société |

Commentaires de le note coteboulevard.com.

"Je ne suis pas certain que la vision décrite par Bernard Stiegier remplace à terme le modèle classique qui a pourtant atteint ses limites et dont un nombre croissant de personne ne veut plus. Il m'apparait pourtant clairement qu'une part croissante de l'économie changera pour s'en approcher."

Oui, les choses changent, les habitudes se modifient. Mais qu'est ce qui change au fond? Le sens de la propriété (qui est, semble-t-il, une des bases du capitalisme)? Il me semble qu'il reste bien enraciné dans les mentalités?

Alors, qu'est-ce qui change? A l'origine, le constat (les gens ne veulent plus de l'hyper consommuérisme), il y a une déception: la marchandise est sensée répondre (combler) aux désirs, mais elle est aussi source d'insatisfation.

Un nouveau capitalisme? Pourquoi pas...

Rédigé par: Eric | 30 juillet 2009 at 15:21

Commentaires Crise dans les Médias (qui cite la parie en italique gras)

Privilégier la quantité à la qualité, des appareils électro-ménagers moins fiables ou qui ont une durée de vie plus courte que ce qui pouvait être conçu auparavant... (malgré l'accroissement de consignes sécuritaire), l'argent-roi en arrière plan (qe dis-je ? au premier plan !), voilà ce que je pense grossièrement du consumérisme. Sociologiquement, des personnes déçues (peut-être déprimées) de ne pas avoir les moyens de remplacer une télé par une autre plus belle parce que plus récente..., des personnes jamais comblées et donc la satisfaction n'est jamais assouvie (donc peut-être déprimées effectivement...), des enfants sur-équipés technologiquement et dont les parents semblent impuissants à combler leurs désirs toujours grandissant, etc. etc.
Sinistre vision, mais il y a peut-être un peu de vrai... :)

Ecrit par : Vidi | 31 juillet 2009

Depuis que le produit n'est plus à la hauteur de la pub, comme les promesses de la science, la bulle de consommation - écart entre la valeur côtée des actions (ce que suscite le nom du produit) et leur valeur réelle (ce qu'obtient le consommateur lorsqu'il consomme le produit) est de plus en plus grand.
C'est le principe du film pornographique.
Quand la bulle va-t-elle crever ?

Vais-je crever avant ?

Ecrit par : Le bateleur | 31 juillet 2009

Les clairvoyances de Bernard Stiegler m'ont toujours impressionné de justesse. Malheureusement, j'ai l'impression qu'on le prend, en raison de ces clairvoyances, pour un "Bouffon sage",ou "Sage bouffon", je ne sais pas: La pertinence de son propos, la précision de sa description des mécanismes en jeu nous convainquent toujours; on sait que la mécanique suit exactement ces dynamiques.
On sait que oui, sa comparaison du consumérisme avec n'importe quel autre toxicomanie est juste.

Bien sûr, ce n'est pas exactement ce qu'il dit. J'intérprète l'extrait qu'en a fait Eric Mainville sur son blog, en posant la question La fin du consumérisme?

Le mieux, c'est que je le cite :

Ce modèle qui détourne tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation se développe tout d'abord de manière heureuse - c'est le plein emploi - mais il se transforme rapidement, comme l'avait prédit Herbert Marcuse, en machine à détruire la libido. Alors règne la consommation addictive fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions.

Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances. C'est un modèle dangereux: le consommateur y devient malheureux comme peut l'être le toxicomane qui dépend de ce qu'il consomme mais déteste ce dont il dépend.

D'où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l'égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée.


Notre société de consommation ne produit plus de désirs, seulement de la dépendance.
Nous avons atteint un "niveau de vie", un "train de vie", un "niveau d'envie que l'on est en mesure d'assouvir", appelons ça un "niveau social" tel que désormais nous ne consommons plus pour satisfaire nos envies, mais pour ne pas tomber dans un état de sevrage de la drogue qu'est devenu pour nous l'Objet De Consommation.

Je veux consommer!
Je veux consommer!
Je veux, je veux, je dois!
Je DOIS consommer!

Ce n'est plus un choix, un acte d'analyse et de volonté personnelle.C'est désormais un besoin impérieux.
Un besoin nécessaire au confort du démoniaque organisme parasital que le modèle consumériste a nourri en notre sein.Ce parasite consumériste qui nous consume pour pouvoir vivre.
Qui ne s'émeut pas des dégâts collatéraux que sa subsistance implique: "destruction de la structure familiale", "peur des adultes à l'égard de leurs propres enfants", "déprime généralisée".
Qui, désormais, s'exprime dans la noirceur la plus éclatante.

Alors, non. Le consumérisme n'est pas en train d'atteindre ses limites. Nous avons atteint un point avancé de dégradation intellectuelle: nous avons "plongé". L'Objet De Consommation nous a eu.
On pensait dominer les choses, malgré les dires de sombres devins égarés dans les méandres corticaux de leurs délires.
Ces gens-là nous prévenaient :

Prenez garde!
Si vous ne prenez pas garde, vous ne serez plus maître de vos actes. Vous agirez pour nourrir cette bête immonde qui vit en vous. Votre volonté sera aliénée à ses seuls souhaits.

Ils avaient raison, les cons.

Mais, il n'est pas trop tard, si l'on décide de se sortir les doigts du cul, d'accepter notre condition de drogué(e)s
Et d'entamer le plus rapidement possible une cure de désintoxication.

Donc, non.

Non, le consumérisme n'est pas en train d'atteindre ses limites.
Nous avons atteint les limites, du n'importe quoi.

Il suffisait juste qu'on nous le dise, et Bernard Stiegler vient de nous le dire. Pas directement, non. Il ne parle pas de nous, de moi. Il parle de Nous, "le consommateur", "la société de consommation", "la famille", "les adultes", "les enfants", "la déprime".

Posons-nous tous, et toute, donc cette question: Est-ce que j'ai oui, ou non, une addiction à l'Objet De Consommation?
Posons-nous cette question, sincèrement. Ne nous contentons pas de réponses qui nous sont soufflés par l'Objet De Consommation.

Les gens en général, oui, ils sont drogués. Mais, pas moi. Parce que moi, je suis un peu à l'écart des circuits tradictionnels de la conso. Je ne recherche pas le bling-blong, je recherche l'authenticité, l'équité. C'est pour cela que j'essaie de réparer avant de jeter et de racheter. C'est pour cela que je ne consomme pas des produits dont l'élaboration a généré des souffrances pour les bêtes, ou pour l'environnement, ou pour le péquin de l'autre bout de la terre. C'est pour cela que je consomme que du "bio", euh non que de l'"équitable", ergh nan, que de l'"écolo", enfin que des trucs bien, quoi. Enfin, quand je peux. Parce que j'y pense, et puis, des fois, j'oublie.


On ne dit pas à un drogué qui s'enfonce dans son addiction :

Hé, toi! La drogue que tu prends, là, elle est en train d'atteindre ses limites. Des fois que tu ne saurais pas. Et, une fois qu'elle aura vraiment atteint ses limites, bein,là...Crac. Boum. Hue.


On lui pose des questions, plutôt:

Cette drogue que tu prends, vois-tu ce qu'elle te fait dire, te fait faire, et même te fait penser?
Vois-tu la souffrance que tu engendres chez ceux qui sont trop faibles, et trop peu protégés pour avoir le droit de vivre selon leur volonté?

Ecrit par : Zackatoustra | 31 juillet 2009

@^vidi,

oui, cet accent mis sur la quantité au dépens de la qualité, c'est ce qui produit, justement une baisse générale de la qualité. CQFD.


@le bateleur,

Oui, le marketing a un rôle central dans cet état de faits.

@Zakatoustra,

"Alors, non. Le consumérisme n'est pas en train d'atteindre ses limites. Nous avons atteint un point avancé de dégradation intellectuelle: nous avons "plongé". "

Oui, ça n'est pas faux. Cza n'est pas loin d'être ce que je pense, car, concrètement, on ne voit pas le consumérisme disparaitre: il est toujours bien vivace.
En revanche, une certaine forme de consumérisme va sans doute disparaître. Peut-être va-t-on devenir un peu plus raisonnable, et un peu p^lus heureux?

Ecrit par : Eric | 31 juillet 2009

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14/06/2009

Métaphore du jour

"Le néolibéralisme c'est comme construire des autoroutes à péage pour y circuler sans permis et sans limitation de vitesse."

Christian FAURÉ in "INTERNET ? Circulez y a rien à voir"

 

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