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18/06/2010

Les sans-gêne de la République -

http://www.marianne2.fr/La-reforme-des-retraites-et-les-s...

http://www.jeanfrancoiskahn.com/La-grosse-affaire-Woerth_...?

COMMENTAIRE Posté par register le 18/06/2010 11:42

On le dit et on le répète ici (mais en vain) : si on était en démocratie il y a longtemps que les hommes actuellement au pouvoir auraient du démissionner. On dénonce souvent les raisons de cette situation :

  • l'absence d'une opposition crédible (le PS ne se préoccuppe que des enjeux de carrière de ses dirigeants et pas du pays, de ses citoyens, de ses valeurs ...)
  • l'absence de media indépendants et courageux (à part le Canard qui dénonce quelques scandales et Marianne qui fait quelques analyses)
  • mais il y a une troisième raison, jamais évoquée et pourtant la plus importante : c'est qu'un scandale chasse l'autre et que leur nombre les relativise. On finit par trouver plus ou moins grave tel manquement comparé à tel autre gravissime. On peut même se demander si le choix de ministres qui ont tous quelque chose à se reprocher n'est pas VOLONTAIRE afin de noyer chaque crapulerie dans la masse et nous faire oublier celle de la veille. Et à l'image de la MAFIA les rendre solidaires les uns des autres du genre : je soutiens tes écarts, tu soutiens les miens !

Car si on y regarde de près de quoi se compose le gouvernement, combien de ministres ne trainent aucune casserole, ne se sont jamais servis dans la caisse, bref, combien pourraient être ministres dans une vraie démocratie ? Une seule : madame Jouanno ! C'est peu sur 40 !

En effet 33 cumulent les fonctions, les mandats et les rémunérations en tous genre ! Un cas unique en Europe ! Sans parler des conflits d'intérêt évidents, des cigares aux frais du contribuable, des appartements de fonctions pour la famille, des jets privés, des soupçons de fraude fiscale, des aveux de tourisme sexuel, des bricolages avec la junte birmane ou les dictatures africaines, des propos racistes, de conjointes exilée fiscale à Las Vegas etc ...la liste est interminable.

Ne nous y trompons pas. C'est une stratégie. Qui fait partie de l'idéologie Sarkozyste.

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22/05/2010

Karl MARX – Lois tendancieuses

A propos de la censure de l’écrivain livré au terrorisme le plus redoutable, à la juridiction de la suspicion !

"Des lois tendancieuses, des lois qui n'offrent pas de normes objectives, ce sont des lois du terrorisme telles que les ont inventées la détresse de l'État sous Robespierre et la corruption de l'État sous les empereurs romains.

Des lois qui font non de l'acte comme tel, mais de la conviction de l'acteur, leurs critères principaux, ce sont tout bonnement des sanctions positives de l'absence de lois. (...)

C'est seulement quand je m'extériorise, quand j'entre dans la sphère du réel, que j'entre dans la sphère du législateur. Pour la loi, je n'existe absolument pas, n'en suis nullement l'objet, sauf quand j'agis. Seuls mes actes lui donnent prise sur moi ; en effet, ils sont la seule chose pour laquelle je revendique un droit à l'existence, un droit à la réalité, par quoi je tombe donc sous le coup du droit réel.

Or la loi tendancieuse ne punit pas seulement ce que je fais, mais encore ce que je pense en dehors de cet acte. C'est donc une insulte à l'honneur du citoyen, une loi vexatoire contre mon existence. J'ai beau le tourner et le retourner comme je veux, l'important, ce n'est jamais l'état de faits. On suspecte mon existence, mon être intime : mon individualité est considérée comme mauvaise et je suis puni d'avoir telle opinion.

La loi ne me punit pas pour le tort que je cause, mais pour le tort que je ne cause pas. (...) La loi qui s'en prend aux convictions n'est pas une loi de l'État faite pour les citoyens, mais une loi faite par un parti contre un autre parti.

La loi tendancieuse supprime l'égalité des citoyens devant la loi. C'est une loi qui divise au lieu d'unir, et toutes les lois qui divisent sont réactionnaires. Ce n'est pas une loi, mais un privilège. (...)

Et comment faut-il exécuter une loi de ce genre ? Par un moyen plus révoltant que la loi même, par des espions, ou en convenant préalablement que des écoles littéraires tout entières doivent être tenues pour suspectes, sous réserve, s'entend, de rechercher à quelle école appartient tel individu. (...)

(Cette loi) érige le censeur, à la place de Dieu, en juge du coeur."

« Remarques à propos de la récente instruction prussienne sur la censure par un citoyen rhénan », Anekdota, vol. 1, 1843, in Karl Marx, Oeuvres, tome III, Philosophie, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1982.

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04/05/2010

René Balme, maire de Grigny, Rhône, protège les locataires en difficulté

Accueil du site > ACTIVITÉ MUNICIPALE > Arrêtés et délibérations > René Balme, maire de Grigny, Rhône, protège (...)

par René Balme | Catégorie : 02. Arrêtés et délibérations

Un arrêté municipal du 01 avril 2008 interdit certaines expulsions locatives Les expulsions locatives pour impayés de loyer constituent une préoccupation du maire de Grigny depuis toujours.

Depuis plusieurs années, il formalise encore davantage son opposition à cette procédure qu’il juge archaïque et inhumaine, en prenant un arrêté municipal.

Une Cellule de veille sociale municipale est, de plus, activée pour permettre aux locataires et aux bailleurs de trouver les meilleures solutions lorsqu’un impayé de loyer survient ou risque de survenir.

« Toute expulsion locative, sur le territoire de la Ville de Grigny, fondée sur des raisons économiques ou en raison des effets de l’insécurité sociale, qui n’aurait pas été précédée d’un rapprochement entre les services de l’Etat et les services de la Ville (...), est interdite. »

Tels sont les termes de l’article 6 de l’arrêté d’interdiction des expulsions locatives du 01 avril 2008. En cette période de reprise légale des expulsions, René BALME a souhaité lancer le rappel auprès de tous les acteurs de cette procédure dramatique. Il s’est ainsi adressé spécifiquement aux bailleurs, au commandant de Police et au préfet.

Enfin, il recommande à chaque bailleur et aux locataires de contacter immédiatement la Cellule de veille sociale municipale, dès qu’un impayé survient ou risque de survenir, afin que les réseaux requis soient activés pour éviter le pire : MAIRIE DE GRIGNY - Monsieur le Maire - Cellule de veille sociale municipale - Hôtel de Ville 69520 GRIGNY - tél. 04 72 49 52 11 - courriel : mdebeaulieu@mairie-grigny69.fr

Contact : Mairie de Grigny - Cabinet du maire - tél. 04 72 49 52 34 et courriel : acandela@mairie-grigny69.fr

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23/01/2010

Aspects politiques et réglementaires des oléagineux en général et du colza en particulier au sein de la politique agricole

Texte intégral de l'article

Oléagineux, Corps Gras, Lipides. Volume 10, Numéro 3, 187-90, Mai 2003, Colza : enjeux et nouvelles synergies de la recherche, ÉCONOMIE

Résumé Summary

Auteur(s) : Olivier de GASQUET , Directeur de la FOP, 12, avenue George V, 75008 Paris <o.degasquetprolea.com> .

Résumé : Depuis la mise en œuvre de la réforme de l‘Agenda 2000 en 1999, la Commission européenne poursuit l‘objectif implicite de libérer la production oléagineuse communautaire des contraintes résultant de l‘accord de Blair House, auquel l‘Europe avait dû souscrire en 1993 pour clore un long contentieux avec les Etats‐Unis.

Il s‘agit en fait pour elle de vider cet accord de sa substance par des mesures internes. Dans une première étape, ratifiée en 1999 par le Conseil européen de Berlin, elle a fait supprimer tout paiement spécifique aux oléagineux à usage alimentaire à compter de la récolte de 2002.

Dans une deuxième étape, qui s‘ouvre avec la réforme décidée le 26 juin 2003 à Luxembourg, elle généralise le découplage et met en place un paiement non spécifique aux cultures énergétiques.
Mais cette stratégie trouve ses limites dans les distorsions de concurrence internes à la politique agricole commune, de même que dans celles liées à l‘évolution de la politique agricole américaine.

Sa réussite est donc largement conditionnée par les modalités d‘application du « découplage » que prévoit la nouvelle réforme, tout autant que par la capacité de l‘Union européenne à faire prévaloir ses intérêts au sein de l‘organisation mondiale du commerce.

Mots-clés : Agenda 2000, politique agricole commune, revue à mi‐parcours, accord de Blair House, paiement spécifique, cultures énergétiques, organisation mondiale du commerce

ARTICLE

Auteur(s) : Olivier de GASQUET

Directeur de la FOP, 12, avenue George V, 75008 Paris 
<o.degasquet@prolea.com>

Les oléagineux en général — et le colza en particulier — ont toujours occupé une place à part au sein de la politique agricole commune. Une remise en perspective est donc nécessaire si l'on veut comprendre l'enjeu de la nouvelle réforme de la politique agricole commune qui vient d'être décidée. Cela conduit d'une part à faire ressortir la stratégie « en creux » de l'Union européenne à son égard, d'autre part à examiner les paramètres internes et externes susceptibles de la favoriser ou de la contrarier.

Une place à part au sein de la politique agricole commune

Sans volonté politique, la production oléagineuse européenne n'aurait jamais pu se développer comme elle l'a fait. Au cours des quarante années qui séparent 1962 — date à laquelle l'Europe a consenti la suppression définitive de sa protection douanière sur les oléagineux — de l'année 2002 où il a été mis fin à toute politique spécifique en faveur de ce secteur, le défi permanent a été d'assurer le développement de la production dans un contexte réglementaire défavorable1.

La concession douanière de 1962

Lorsqu'au début des années 1960 la Communauté économique européenne a décidé de fonder la politique agricole commune sur des prélèvements (droits de douane variables), les Etats-Unis ont fait observer que ce mécanisme ne faisait pas partie de la panoplie des mesures autorisées par le GATT. Une négociation s'est donc engagée. Elle s'est conclue par une transaction au terme de laquelle les prélèvements européens ont été tolérés, contre l'engagement de la Communauté de renoncer définitivement à tout droit de douane sur les graines et tourteaux d'oléagineux. Cette concession a été consolidée par l'accord multilatéral du Dillon Round, signé le 7 mars 1962 à Genève.

L'organisation commune de marché des oléagineux, que la Communauté a mis en place le 1er juillet 1967, était donc totalement atypique. Contrairement à celles des céréales, du lait et de la viande bovine, qui étaient fondées sur la protection aux frontières et les prix élevés, la réglementation oléagineuse laissait la production européenne aux conditions du marché mondial. Mais elle prévoyait une compensation proportionnelle aux volumes produits, transitant par les triturateurs qui pouvaient ainsi rémunérer les producteurs à un prix supérieur à celui du marché.

Les contentieux avec les Etats-Unis

Dès la fin des années 1980 les Etats-Unis, constatant l'important développement des surfaces oléagineuses dans la Communauté, l'accusent d'avoir détourné l'accord de 1962. Certes, elle en respecte la lettre en n'appliquant pas de droit de douane. Mais l'aide qu'elle octroie à son industrie de transformation lui permet de payer un prix artificiellement élevé à ses producteurs, qui sont de cette manière incités à produire des oléagineux. Cela réduit d'autant les débouchés que les Etats-Unis étaient en droit d'attendre de l'accord de 1962.

En conséquence, les Etats-Unis demandent en 1988 la constitution d'un « panel » (instance d'arbitrage) dans le cadre du GATT. Celui-ci leur donne raison, et l'Europe modifie sa réglementation oléagineuse en octobre 1991. L'aide à la tonne dont bénéficiaient les triturateurs est remplacée par une aide à l'hectare directement octroyée aux producteurs.
Cette première modification ne satisfait cependant pas les Etats-Unis qui demandent immédiatement la constitution d'un deuxième panel. Le conflit ne sera finalement résolu que dans le cadre d'un accord bilatéral global — portant à la fois sur l'ensemble du volet agricole de l'Uruguay Round et sur le contentieux oléagineux — conclu à Blair House le 20 novembre 1992.

L'accord de Blair House et ses conséquences

Le « mémorandum d'accord » que la Communauté approuve le 8 juin 1993 pour mettre en œuvre le compromis de Blair House a pour effet de limiter en Europe :
– les surfaces éligibles au paiement spécifique pour les oléagineux à 4,934 millions d'hectares au plus (cas d'un gel obligatoire de 10 %) pour l'Union européenne à quinze, dont 1,557 million d'hectares pour la France ;
– les cultures sur jachère industrielle par un seuil de transformation de 1 million de tonnes d'équivalent tourteau de soja.

C'est dans le cadre ainsi défini que la réglementation en vigueur jusqu'en 1999 prévoyait notamment :
– un système de pénalité dissuasif, destiné à faire respecter les surfaces éligibles au paiement spécifique (superficie maximale garantie) ;
– un paiement spécifique à l'hectare, variable en fonction de l'évolution du marché (avec franchise de 8 %) dont le montant de base appliqué aux rendement de référence entrant dans le calcul de ce paiement était de 94,24 écus par tonne pour les superficies comptabilisées dans la superficie maximale garantie ;
– le versement du paiement réservé à la jachère (68,83 écus par tonne de rendement de référence) pour les surfaces cultivées sur jachère industrielle.

Entre 1993 et 1999, le caractère fortement dissuasif du système de pénalité lié à l'application de la superficie maximale garantie faisait peser une contrainte forte sur le développement des surfaces oléagineuses à usage alimentaire. En revanche, la possibilité de cultiver les jachères a favorisé l'émergence — en France et en Allemagne notamment — d'une filière non alimentaire pourvoyeuse de nouveaux débouchés pour le colza. Mais le seuil de transformation de 1 million de tonnes d'équivalent tourteau de soja représentait une contrainte incompatible à terme avec les ambitions de l'Union européenne en matière de développement des énergies renouvelables.

Le colza et l'approvisionnement en protéines végétales de l'union européenne

La concession douanière de 1962 a durablement placé l'industrie de l'alimentation animale européenne dans une situation de dépendance au regard de son approvisionnement en protéines végétales.

Pour schématiser, la ration des animaux d'élevage est composée d'une partie énergétique qui peut globalement être assurée par les céréales, et d'une partie protéique qui est apportée pour l'essentiel par les tourteaux d'oléagineux. En s'interdisant toute protection douanière sur les oléagineux lors de la mise en place de la politique agricole commune, l'Europe a considérablement limité sa capacité à encourager ce type de productions et a de facto ouvert son marché au tourteau de soja américain. Pour tenter de limiter cette dépendance, elle a néanmoins agi dans trois directions :
– elle a introduit dès 1967 un régime spécifique de « paiement compensatoire » destiné à permettre aux triturateurs de combler l'écart entre le prix des oléagineux importés et le coût de production des graines en Europe ;
– elle a encouragé la production de graines protéagineuses (pois, féverole, lupin) après l'embargo que les Etats-Unis ont décidé en 1973 sur leurs exportations de tourteau de soja ;
– elle a développé l'utilisation des farines animales, en particulier des farines de viande, au prix d'une grave crise sanitaire (encéphalopathie spongiforme bovine) qui a fini par la conduire à suspendre durablement l'utilisation de ces farines (4 décembre 2000).
Le taux d'approvisionnement de l'élevage européen en protéines a toujours été modeste. Néanmoins, le recours aux farines de viande lui permettait de se situer aux alentours de 33 % en 1999-2000. L'interdiction de ces farines l'a fait retomber à 24 % en 2001-2002. Le tableau ci-après montre que ce taux est même limité à 23 % en ce qui concerne les seules protéines végétales :

Bilan européen (UE 15) des matières riches en protéines en 2001-2002
(en tonnes équivalent tourteau de soja)

Production Consommation Taux de couverture
Graines de colza 3 485 Tourteaux de colza 3 841 91 %
Graines de tournesol 1 037 Tourteaux de tournesol 2 011 51 %
Graines de soja 990 Tourteaux de soja 30 776 3 %
Protéagineux 1 601 Protéagineux 2 103 76 %
Fourrages déshydratés 1 503 Fourrages déshydratés 1 428 105 %
Corn gluten feed 842 Corn gluten feed 2 685 31 %
Autres (1) 708 Autres (1) 1 441 49 %
Protéines végétales 10 156 Protéines végétales 44 285 23 %
Farine de poisson 807 Farine de poisson 1 467 55 %
Total 10 963 Total 45 752 24 %

(1) Arachide, lin, coprah/palmiste, coton, tourteaux de germes de maïs.         Source : FOP d'après Oil World

Le tableau permet également de mesurer la grande importance relative du colza comme source de protéines végétales d'origine européenne. A lui seul, il représente 34 % des tonnages (tonnages de MRP, c'est-à-dire de matières riches en protéines, exprimés en équivalents tourteaux de soja) produits dans l'Union européenne. Il devance largement les protéagineux (16 %), les fourrages déshydratés (15 %) et le tournesol (10 %). Au regard des quantités de MRP consommées, le tourteau de colza ne représente toutefois qu'un peu moins de 9 %, le tourteau de soja — provenant pour l'essentiel d'Amérique du Nord et du Sud — se taillant la part du lion avec pratiquement 70 % du total (30,8 millions de tonnes de MRP, rapportées à une consommation totale de protéines végétales de 44,3 millions de tonnes de MRP).

Après le bannissement des farines de viande, un débat s'est instauré en Europe sur la nécessité de relancer la production de protéines végétales. Ne souhaitant prendre aucune mesure susceptible de contrarier le pari stratégique de l'Agenda 2000 en matière oléagineuse, et se situant dans la perspective de son futur projet de réforme (voir § 2 ci-après), la Commission européenne a présenté le 19 mars 2001 un rapport concluant que « la meilleure source de protéines est le tourteau de soja » et que sa disponibilité sur le marché mondial « ne pose pas de problème ». Dans un premier temps au moins, cela signifie que l'accroissement de déficit consécutif à la suppression de l'utilisation des farines de viande doit être comblé par un accroissement des importations de tourteau de soja. Dès le mois de mars 2001, la Commission estimait ce surcroît d'importation à + 5 %. C'est effectivement l'ordre de grandeur de l'évolution observée depuis lors.

Le pari stratégique de l'Agenda 2000

Avec l'Agenda 2000 — qui couvre la période 2000-2006 — la Commission européenne poursuit l'objectif implicite de libérer la production oléagineuse des contraintes résultant de l'accord de Blair House, en faisant perdre à celui-ci son objet :
– la première étape, ratifiée en 1999 par le Conseil européen de Berlin, a abouti à supprimer tout paiement à l'hectare spécifique aux oléagineux à compter de 2002 ;
– la deuxième, envisagée dès juillet 2002 au titre de la « revue à mi-parcours » de l'Agenda 2000, en cours de discussion au sein du Conseil des ministres européens de l'Agriculture, consistait à généraliser le découplage et à substituer à la jachère industrielle un paiement non spécifique aux cultures énergétiques.

La suppression de tout paiement spécifique pour les oléagineux

Le Conseil européen de Berlin des 24 et 25 mars 1999 a programmé un démantèlement des paiements spécifiques aux oléagineux sur trois ans :
– suppression de la variabilité du paiement dès la récolte de 2000 ;
– alignement sur le montant du paiement à l'hectare pour les céréales (63 euros par tonne de rendement de référence) à compter de la récolte de 2002.

Alors que le différentiel de paiement à l'hectare au sein des cultures arables s'établissait pratiquement à 40 euros par tonne de rendement de référence en 1999 (94,24 euros par tonne pour les oléagineux, contre 54,34 pour les céréales), il a été réduit à partir de 2000 pour être supprimé en 2002. Même s'il est vrai qu'au cours de cette période le prix d'intervention des céréales a été abaissé de 15 %, il en est résulté une incontestable perte de compétitivité relative au sein des cultures arables, qui explique que les surfaces européennes d'oléagineux en général — et de colza en particulier — aient baissé de 15 % en trois ans.

Dans la mesure où l'Agenda 2000 prévoyait une clause de rendez-vous stipulant que la Commission « devra suivre de près l'évolution du marché oléagineux et présenter un rapport dans un délai de deux ans à compter de l'application du nouveau régime » et qu'au besoin « ce rapport sera assorti de propositions appropriées si le potentiel de production devait se détériorer sérieusement », la question était notamment de savoir si la « revue à mi-parcours » serait l'occasion de revenir d'une façon ou d'une autre sur ces dispositions. Or la Commission européenne, jugeant en juillet 2002 qu'il n'y avait « aucune détérioration importante du potentiel de production européen (...) dans un avenir prévisible », n'a pas jugé « nécessaire, à ce stade, d'établir un nouveau rapport »2.

En vérité, la Commission européenne ne souhaitait pas remettre en question, au travers de la future réforme qu'elle entendait proposer au titre de la « revue à mi-parcours » de l'Agenda 2000, la stratégie qu'elle avait réussi à faire avaliser par le Conseil européen en 1999. Ayant l'intention de préconiser une nouvelle baisse du prix d'intervention des céréales et un renforcement du « découplage » des soutiens aux cultures arables, elle considérait en effet que cela suffirait à améliorer la compétitivité relative des oléagineux. Le compromis auquel les ministres de l'Agriculture sont parvenus le 26 juin 2003 ne lui permet toutefois d'atteindre son objectif que partiellement, dans la mesure où le prix réglementé des céréales n'est finalement modifié qu'au travers de la réduction de moitié des majorations mensuelles.

La proposition de « crédit carbone » pour les cultures énergétiques

L'utilisation accrue de biocarburants dans les transports fait partie des mesures que l'Union européenne entend prendre pour respecter ses engagements en matière de changement climatique (protocole de Kyoto notamment), ainsi que pour assurer une sécurité d'approvisionnement respectueuse de l'environnement et promouvoir les sources d'énergie renouvelable. Une directive adoptée en avril 2003 fixe à cet égard un objectif de production atteignant 2 % de la quantité totale d'essence et de gazole utilisée dans les transports d'ici à la fin de 2005, et 5,75 % d'ici à la fin de 20103.

Dans le cadre de la « revue à mi-parcours » de l'Agenda 2000, la Commission européenne proposait à cet effet de remplacer les dispositions actuelles en matière de jachère industrielle — qui, en ce qui concerne les oléagineux, sont soumises au seuil de transformation de 1 million de tonnes d'équivalent tourteau de soja — par un paiement non spécifique en faveur de toutes les cultures énergétiques ayant vocation à se substituer au dioxyde de carbone. Dans le projet de règlement soumis aux ministres de l'Agriculture, ce nouveau paiement — baptisé « crédit carbone » — était proposé à 45 euros par hectare, dans la limite d'une superficie maximale garantie de 1,5 million d'hectares.

Dès les premières discussions concernant ce point particulier du projet de la Commission, il est toutefois apparu que si — à moyen terme — une telle orientation pouvait effectivement libérer la production d'oléagineux de la contrainte de Blair House liée à la culture sur jachère, le passage brutal d'un système à un autre était susceptible de déstabiliser gravement les filières existantes. A cela s'ajoutait le fait que les montants proposés par la Commission semblaient à première vue notoirement insuffisants4. La Commission européenne a donc admis sans grande difficulté qu'un tel dispositif devrait être introduit de façon beaucoup plus progressive, avec le maintien de la possibilité de cultiver les jachères.

Les paramètres qui conditionnent l'avenir

La réforme du 26 juin 2003 et son application à l'Union européenne élargie, ainsi que l'évolution des négociations au sein de l'organisation mondiale du commerce — y compris en ce qui concerne la question des organismes génétiquement modifiés — constituent les facteurs internes et externes qui influenceront la production de colza au cours des années à venir.

Facteurs internes

Si l'on se situe dans une perspective longue, les décisions qui viennent d'être prises s'inscrivent dans une grande continuité. Depuis 1992, l'Union européenne a entrepris, sous l'impulsion de la Commission, de « découpler » les soutiens à l'agriculture en transformant par étapes les paiements aux produits en paiements aux facteurs de production (hectare ou animal), l'objectif ultime étant le paiement à l'exploitation.

Force est de constater qu'en la matière le secteur des oléagineux avait pris une longueur d'avance, le paiement étant déjà intégralement versé sur le critère de facteur de production. Le renforcement du découplage le touche donc moins que les autres secteurs, et peut même contribuer à rétablir les équilibres en sa faveur, toutes choses égales par ailleurs.

Dans la perspective d'une disparition progressive des moyens d'orientation des productions mis en place dans les années 1960, il est clair que l'évolution de la réglementation sur le développement rural (aussi appelée « deuxième pilier » de la politique agricole commune) peut permettre de retrouver des leviers d'une autre nature, au travers notamment de son volet agroenvironnemental. L'expérience conduite depuis 2002 en France pour promouvoir une mesure de « diversification des cultures dans l'assolement » laisse penser qu'une production comme le colza pourrait, avec d'autres, en recueillir là aussi les effets indirects. Mais cela reste bien entendu subordonné aux choix politiques et budgétaires qui devront être opérés à cet égard, tant au niveau européen que national, puisque ces mesures sont cofinancées. On peut relever à ce sujet que la décision prise le 26 juin 2003 de porter le taux de participation communautaire au mesures agroenvironnementales de 50 % à 60 % est susceptible d'en faciliter le financement, notamment en France.

Facteurs externes

L'élargissement de l'Union à dix nouveaux membres à partir de 2004, ainsi que les négociations au sein de l'organisation mondiale du commerce — dont la conclusion est normalement prévue pour le 1er janvier 2005 au plus tard — constituent le cadre dans lequel évoluera la politique agricole commune au cours des prochaines années.
Concernant les oléagineux, l'évolution divergente de la politique agricole américaine est un sujet de préoccupation récurrent en Europe depuis plusieurs années. Le FAIR Act (loi agricole américaine s'appliquant à la période 1996-2002) a en effet rendu le soja éligible aux paiements à la surface (aides de « flexibilité ») alors qu'il ne l'était pas auparavant, ce qui a incité au développement des surfaces. A cela s'ajoute l'effet des « loan deficiency payments » sur les prix de marché.

En effet, depuis la baisse des prix mondiaux qui sont passés en dessous des « loan rates » en 1998/99, les surfaces américaines de soja ont continué à progresser (+ 25 % en cinq ans), bien que le prix du soja soit tombé à son plus bas niveau depuis 25 ans, et que les superficies diminuent dans les autres pays. En injectant massivement des paiements compensatoires (« loan deficiency payments ») proportionnels aux volumes produits pour neutraliser les effets de cette baisse auprès des producteurs américains, les Etats-Unis ont aggravé l'effondrement des cours, atteignant le double objectif de conforter leur propre production d'oléagineux en décourageant celle de leurs concurrents. Ces évolutions sont contraires aux dispositions du volet agricole de l'accord commercial de Marrakech (15 avril 1994).

C'est la raison pour laquelle l'alliance européenne pour les oléagineux (EOA)5 vient de déposer une plainte auprès de la Commission européenne, dans le cadre de la procédure dite de « Règlement des Obstacles au Commerce » (ROC). Cette démarche vise à amener la Commission à engager une « procédure en règlement des différends » contre la politique oléagineuse américaine devant l'organisation mondiale du commerce. Ce test de cohérence et de vérité permettra de vérifier si l'Europe a les moyens de faire respecter aux autres les disciplines qu'elle s'impose à elle-même. Le pari stratégique consistant à opérer la reconquête des protéines végétales au travers d'un découplage renforcé du soutien aux cultures arables n'est en effet tenable que si les partenaires mondiaux de l'Union européenne mènent des politiques allant dans le même sens.

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10/11/2009

L'identité française pour les nuls

Je trouve stupide de revendiquer son identité. Pour moi une identité c'est princialement une identification qui permet à un créancier de vous mettre dans ses comptes ou à une administration de vous recenser.

En revanche "être français ou le devenir", pour moi :

  • c'est respecter toutes les valeurs dont nous avons hérité sans se disputer ou accroître les fractures
  • et c'est avoir des projets pour construire un destin s'ouvrant sur des possibilités et des valeurs nouvelles choisies en commun.

On peut discuter et légiférer à tire larigot sur le sujet, ce que la plupart nomment "identité française" ne peut résulter que d'actes qui impliquent chacun, car l'homme ne comprend réellement que ce qu'il est capable de fabriquer.

  • Contre exemple, montrant que l'acte l'emporte : Le port de la Burka
  • Contre-contre exemple montrant que toutes les valeurs ne sont pas respectés et qu'on ne fait pas grand chose à part se disputer sur le sujet  : Le chômage des jeunes descendants de l'immigartion africaine ou nord-africaine, est scandaleusement le plus élevé.

Alors, lancez des petits projets qui permettent aux plus récalcitrants d'être fier d'être fançais ou de le devenir. Les adaptations nécessaires se feront tout naturellement dans le cours de l'action, si le bon cap a été choisi, naturellement !

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