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22/01/2011

Dessous de l’Industrie pharmaceutique française

Télérama - “Les Médicamenteurs”, un documentaire à prescrire d'urgence

http://television.telerama.fr/television/les-medicamenteu...

Le 17 janvier 2011 à 16h00

Tags :

santé
lobbying
France 5
enquête
documentaire
avant-première

LE FIL TéléVISION - C'est un film ravageur, une enquête implacable. En cinquante-deux minutes aussi drôles que stupéfiantes, “Les Médicamenteurs” révèle les dessous peu glorieux de l'industrie pharmaceutique. Nous l'avons vu en avant-première, en attendant sa diffusion par France 5. Bientôt ?

14 réactions

La salle riait de bon cœur. Il y avait pourtant de quoi pleurer. Lors de leur présentation en avant-première, Les Médicamenteurs a conquis le public. Cette enquête, conduite par Brigitte Rossigneux, journaliste au Canard enchaîné, et coréalisée par Stéphane Horel et Annick Redolfi, dévoile les secrets de l'industrie pharmaceutique en suivant les pérégrinations des médicaments, depuis leur conception jusqu'à leur exploitation commerciale. Ses interviews incisives, son ton décapant et son invention visuelle (avec le recours à l'animation d'objets) en font une arme de dénonciation massive, une œuvre de salubrité publique. Petit avant-goût.

Voir vidéo sur le site Télérama http://television.telerama.fr/television/les-medicamenteu...

Réalisation : Stéphane Horel, Annick Redolfi et Brigitte Rossigneux. © Beau comme une image / France 5, 2008.

Extraits de DailyMotion :


Médicamenteurs extraits
envoyé par rue89. - L'info video en direct. Allez lire les commentaires sur : http://www.dailymotion.com/video/x9ja12_medicamenteurs-ex...

Pour les multinationales du médicament, le marketing et les parts de marché ont bien plus d'importance que la santé des patients. On s'en doutait un peu, mais ce film démonte parfaitement les rouages de la manipulation.

Tout le monde en prend pour son grade : les labos, bien sûr, mais aussi les politiques qui les choient (Roselyne Bachelot, Nicolas Sarkozy), les autorités de régulation qui les adoubent, les médecins qui leur font une confiance aveugle (ou intéressée).

Les conséquences sont catastrophiques, tant au niveau économique (le trou de la Sécu) qu'au niveau de la santé publique (les victimes de la surmédication se comptent par milliers).

Saluons le courage et la perspicacité de France 5, qui a participé à la naissance de ce film. Cependant, livré depuis un bon moment, il attend toujours une date de diffusion. Le temps de peaufiner quelques détails et de prendre toutes les précautions juridiques, explique la chaîne.

Devant la sévérité de la charge, on comprend qu'elle veuille assurer ses arrières. Mais on lui fait confiance pour mettre en valeur Les Médicamenteurs d'ici peu de temps. Nous ne manquerons pas alors de vous faire une piqûre de rappel pour vous prévenir de la programmation de ce film qui devrait être remboursé par la Sécurité sociale – elle y gagnerait.

Samuel Gontier

 

14 réactions

Le 17 janvier 2011 à 16h00

VOS AVIS (14 commentaires)

tantephilo - le 8/07/2009 à 11h34

Vu à l'aube ce documentaire sur France 5 - Frissons d'horreur ! Je connais un peu le milieu (ex mari Dir. général chez Lederdle (USA). Les toubibs aussi jouent le jeu. Exemples : "si j'utilise votre nouveau médicament qui guérit les patients (maladie dite chronique), de quoi vivrais-je ? ? (dixit "la" médecin qui avait établi un compte rendu dithyrambique sur la qualité du produit étudié en milieu universitaire) - un autre : menace de mort - etc. etc. Honnêtes dans leur pratique, non ? Il y a aussi le manque de curiosité et d'investigation dont les médecins devraient faire preuve mais c'est si simple d'écouter les visiteurs baratineurs...C'est à la SECU d'avoir des agents - incorruptibles - d'analyser à fond les produits avant leur acceptation pour le remboursement. - Il faudrait aussi et peut-être surtout que la Commission européenne prenne les choses en main et ça c'est l'affaire des parlementaires européens... incorruptibles ? ? Espérons-le. Tout cet argent pourrait être utilisé à meilleur escient.
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elo533 - le 6/06/2009 à 19h19

En réponse à VALI15, autant se renseigner sérieusement au lieu d'écouter les "on dit" des couloirs de l'hopital ...
Le rivotril est également utilisé, associé au tercian aux urgences pour les patients alcooliques+agités, en dialyse pour lutter contre les paresthésies du membre inférieur chez le patient dialysé .... entre autres. Je sors pas le vidal, ca vaut pas vraiment le coup ...
Il y a tout plein de médicaments qui n'ont pas l'AMM mais qui sont plus efficaces que d'autres, ex le plavix dont la dose efficace en ttt de l'infarctus est de 600mg ... mais l'AMM recommande beaucoup moins ...
Il ne faut pas NON PLUS se retrancher derrière la législation à chaque incompréhension de la part du grand public ...
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VALI15 - le 4/06/2009 à 20h33

Il y a malheureusement une grande complicité entre les labos et les médecins et ce que personne n'ose imaginer se pratique dans certains centres qui soignent nos enfants atteints de cancer, des produits qui n'ont pas d' Autorisation de Mise sur le Marché sont administrés aux enfants : à voir sur le site http://santeusagers.over-blog.com deux rapports de l'IGAS édifiants, scandaleux et personne ne bouge, des enfants sont utilisés comme cobayes!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Du Rivotril est également utilisé pour calmer des jeunes patients agités en fin de vie ( atteints de cancer ) alors qu'il ne doit être utilisé que pour l'épilepsie, une mise en garde a été faite par le labo sous la pression des autorités.
Nous n'avons de cesse de dénoncer ce scandale et tous le monde s'en fout, il s'agit de la vie d'enfants et d'êtres chers qui sont en jeux.
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Katwoman69 - le 20/05/2009 à 18h19

En voilà une bonne nouvelle ! Mais bon, nous ne sommes pas encore au jour J de la diffusion... D'ici là, tous les prétextes bidons pour "reporter" celle-ci sont évocables... Des documentaires comme ceux-ci, il devrait en pleuvoir tous les jours sur nos chaînes, aujourd'hui. Je rejoins jbdepotence : ça fait un bail que je traîne dans les rangs de "ceux qui ont ouvert les yeux côté pile et côté face"... Et puisque le Français a tendance à conserver bien au chaud les croyances intéressées qu'on lui a bourrées dans le crâne depuis bien avant sa naissance, et qu'il entretient bien celles-ci à grands renforts de matraquage de médias vendus à la cause des cartels, il risque de tomber de haut en visionnant "Les médicamenteurs"... "Ah bon ? On nous ment à ce point-là ?" Et bien oui, ma brave dame. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? On prend RDV chez le toubib pour se vacciner contre l'hépatite B ?
Bravo à l'équipe de Brigitte Rossigneux, en tout cas. Des "couillus", y en a encore...
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Pascal GILBERT - le 23/02/2009 à 19h57

Une part non négligeable de la médecine quotidienne n'a d'utilité que marginale, et ce n'est pas la moins coûteuse.
La médecine et l'industrie pharmaceutique exploitent l'angoisse d'une société vieillissante pour en tirer profits et pouvoir.
Et cette manière de faire tire vers le fond l'accès aux soins utiles, voire à ceux indispensables, plombe les comptes de la Nation et augmente la dette que nous supportons.

http://pascalgilbert.ouvaton.org/

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together - le 21/02/2009 à 01h56

Je confirme Kador, l'urgence est maximale, il suffit de lire le New York Times ou le Times pour réaliser la chape de plomb sur l'information en France à se propos. Quant à l'argument de la longévité vous devez rêver vpj, vous ne connaissez pas la question: ils sont à la fois génétiques et environnementaux, alimentaires et hygiéniques, sanitaires et sociaux, et liés encore à l'activité physique. Par ailleurs le plus important n'est pas la longévité mais la qualité de la vie et elle est plus que menacée. Pas une maladie grave ne se guérit hormis certaines formes de cancer, et bien souvent les médicaments complètent l'exérèse chirurgicale. Les labos, quand vous mettez votre honnêteté à vérifier.......vous vous sentez un imbécile d'avoir cru ce qu'on vous a enseigné mais la vérification méticuleuse, nous l'avons apprise aussi.......pour le rhume, ça guérit tout seul, les douleurs sont souvent dues ou majorées par le stress quant aux angoisses, l'hypnose et l'EMDR sont remarquables
Un bon médecin soigne son interrogatoire et son examen , soigne son diagnostic, soigne son indication thérapeutique et sa prescrption, soigne sa conduite et sa relation avec celui qui lui ouvre son intimité en lui donnant sa confiance
Bonsoir cher confrère, allez vite soigner vos certitudes ......
"Pour atteindre la vérité, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opinions qu'on a recues, et reconstruire de nouveau tout le système de ses connaissance." Blaise Pascal
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Appas - le 20/02/2009 à 14h23

Revoilà l'antienne "de la responsabilité de chacun" il est vrai que si les gens se rendaient compte de leur puissance collective – et uniquement collective – ils descendraient dans la rue en masse et cela ferait certainement bouger les choses, mais ils semblent se délecter dans un certain individualisme. Non, la véritable responsabilité elle est politique, nos "grands hommes" ont laissé des grands pans de notre patrimoine aux marchands sans même élaborer un cahier des charges qui protégerait le "consommateur". L'éducation scolaire qui permettrait certainement d'apprendre à tous les bons gestes pour rester en bonne santé – dix minutes de gym quotidiennes, une meilleure alimentation "faite à la maison" – le respect de la personne et de l'environnement etc... fait une impasse remarquée sur tous ces gestes vitaux, au bénéfice des mathématiques dont personne ne se sert dans la vie de tous les jours excepté l'arithmétique, et d'autres matières sans doute très intéressantes mais non vitales.
Énoncer que "la politique de prévention n'intéresse personne, ne rapporte à personne, coûte cher en moyens humains pour la développer" me semble un contresens : il ne faut pas se focaliser comme on le fait trop souvent sur ce qu'on voit sur TF1, il y a une majorité de gens qui s'intéresse à la prévention sans avoir les moyens de la mettre en place ; il y a énormément de gens à qui cela profiterait, à commencer par eux-mêmes et notre Sécurité sociale à suivre
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Appas - le 20/02/2009 à 14h22

Suite :
et enfin il y a déjà une quantité assez phénoménale de gens qui sont concernés par les associations loi 1901 et par l'aide bénévole aux plus démunis – il suffit de songer ne serait-ce qu'au Téléthon.
Alors soyons un peu plus sévères avec nos politiques-pantins et un peu moins avec nos travailleurs sur lesquels on ne cesse de taper.
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celimene17 - le 20/02/2009 à 14h13

Vous aurez corrigé : il s'agit de poisons et non poissons ! je devais penser à mon menu de midi : un bon poisson sans poison !
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celimene17 - le 20/02/2009 à 10h23

J'ai toujours pensé que le meilleur des médicaments était la prévention , celui qui coûte le moins cher et ferait faire des économies à la sécurité sociale . hygiéne de vie ,moins de tabac et d'alcool ,une nourriture saine indemne des poissons de notre siècle ,un environnement non pollué ,sans pour autant renonçer au progrès apporté par les vaccins et quelques médicaments vraiment indispensables . Oui mais voilà , la politique de prévention n'intéresse personne , ne rapporte à personne ,coûte cher en moyens humains pour la développer et demande du courage de part et d'autre (hommes politiques et citoyens lambdas).
Entrons en résistance en refusant d'avaler n'importe quoi car c'est de la responsabilité de chacun que viendra le changement !
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jbdepotence - le 20/02/2009 à 07h52

Les 3 précédents avis d'Internaute résument bien les réactions attendues. Le 3° est très révélatrice de cet aveuglement ambigu qui n'ose pas regarder le côté pile comme le côté face de la réalité. Et c'est vrai qu'en FRANCE, pour les médicaments, elle est particulièrement contrastée.
En complément, je ne peux que vous recommander l'émission TERRE A TERRE de France Culture des 11 (avec André Cicolella , auteur de "Le défi des épidémies modernes") et 18 Février....
Nous avons le privilège d'être l'un des pays au monde où la puissance des lobbies (dont pharmaceutique, chimique, notamment pour l'agriculture; l'agro alimentaire, le nucléaire, l'automobile...) est la plus forte au regard de sa population:
- Champion du monde de la prise de médicaments alors que les hollandais n'en prennent trois fois moins.
- Champions au moins d'Europe pour les pesticides.
Et face à cela l'omerta de l'explosion des maladies chroniques: cancers, diabète de type 2, maladies mentales... dont le tout explicite l'explosion des dépenses de soins au détriment d'une réelle politique de "santé publique" du XXI° siècle?...
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kador - le 17/02/2009 à 17h15

Médecin, militant au Formindep et vieil abonné à Prescrire, je peux vous affirmer qu' il y a "urgence chirurgicale" à nous diffuser au plus vite ce documentaire !!! Non les labos ne sont pas de "vilaines entreprises" comme le dit votre visiteur médical de service...mais leurs gros actionnaires, les "dealers d'opinion" hospitalo-universitaire qui émargent chez Big Pharma, les lobbyists parlementaires, tout ce beau monde participe activement au scandale permanent "du médicament et les Français" !!!
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DuboisP.01 - le 16/02/2009 à 20h48

> d'autres travaillent (pas encore en Chine)
ça, c'est l'objet d'un autre documentaire, qui démontre que la riviére d'une ville chinoise où sont soustraitées beaucoup de ces médicaments ou de leurs composants est gravement polluée.
si vous buvez son eau, soit vous êtes guéri, soit vous devenez malade
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vpj - le 16/02/2009 à 19h12

Oui bien sûr, les labos sont de vilaines entreprise mais là encore un peu de discernement serait agréable. Si nous vivons en moyenne beaucoup plus longtemps, et que des maladies graves se traitent de mieux en mieux c'est aussi grâce aux médicaments produits, aux vaccins à la technique médicale. N'ayons pas la mémoire trop courte ! Et nous sommes les premiers à sauter sur les comprimés qui sont si simples à avaler alors que le régime, l'activité physique, la réflexion sur notre mode de vie sont si difficile. Nous consultons, ils prescrivent, d'autres travaillent (pas encore en Chine) pour que nous puissions soulager nos rhumes, nos douleurs nos angoisses.
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07/11/2009

Télérame 25.10.2009 - Philippe Starck : “Je suis le rapide le plus lent du monde”

Philippe Starck le N°1 du DESIGN nous livre les traits de caractère et de comportements, qui l'ont modelé et hissé au somment de la réussite dans son métier de designer.

"Philippe Starck ne dit pas qu'il a eu raison avant tout le monde mais explique pourquoi :-) Autrement dit il donne accès au processus créatif qui lui a permis d'anticiper et donc de prendre de bonnes décisions."

Je ne me considère pas comme intelligent.
Je suis très bon pour comprendre
les signes inconscients d'une société,
comprendre où ça va et pourquoi..”


“Je prépare l'ingénierie de l'astroport
des vols galactiques de Virgin.
Les premiers vols sont pour 2012.
Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées”;

Jeune homme de 18-20 ans, le design n'est pas encore un concept très en avance en France. Philippe Starck, fils de André Starck concepteur et constructeur d'avions, apprend son métier auprès des grands designers espagnols puis italiens.

Il "galère" plus de 20 ans avant de pourvoir monter son agence UBIK et commencer à bien vivre de ses créations.

Sa passion, l'aide à comprendre que dans le monde de changements rapides qui s'est développé depuis la fin des années 60, qu'il doit se concurrencer lui même en créant des produits moins chers plus beaux que les éditeurs ne peuvent bouder. "A l'époque où j'ai commencé, une chaise digne de ce nom valait 1 000 €. C'est cinq fois moins aujourd'hui. J'ai vraiment combattu pour monter la qualité, casser les prix, être accessible à tous".

Aujourd'hui, il s'adapte aux nouvelles tendances. Il prend le chemin du  Web 2.0 en permettant au public d'entrer en contact avec de jeunes créateurs qui ont mis leur modèle en souscription (mydeco.com), et s'engage avec passion dans le développement durable "Depuis, je n'ai cessé de militer pour voir émerger des produits justes, à la qualité juste et à la longévité juste". Il considère cependant que l'apogée du métier de designer est passée. "Mais là, aujourd'hui, face aux urgences... Chaque métier a son moment, et chaque moment a son métier. Aux jeunes qui veulent être designers, je dis que ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, il faut partir au combat. Et s'ils travaillent bien, dans quinze-vingt ans, on pourra se réintéresser au design...

Dans une société matérialiste comme la nôtre, toute question amène une réponse matérielle, comme si on ne pouvait pas répondre à quelqu'un sans lui refourguer un produit !
Mais désormais nous avons de sérieuses pistes pour, enfin, ne plus passer par le schéma traditionnel de la matière.
Le travail de designer doit être politique. En se demandant comment sauver de la matière, comment produire de l'énergie, comment changer l'esprit des gens, les dégoûter de l'achat de compensation du samedi après-midi
...

Il faut aussi expliquer, alerter. Qui, à part moi, entendez-vous poser publiquement la question de l'après-plastique ? L'après-pétrole, ça, oui, mais l'après-plastique, qui arrivera dans trente ans ?
Or le plastique est partout ! On rétorque qu'il y a le recyclage ; mais le plastique recyclé ne sert à rien. D'autres affirment qu'il y a le bioplastique, mais transformer les champs de céréales en plastique vraiment nul ou en carburant pour nos 4x4, c'est un crime contre l'humanité !
Les grandes famines sont annoncées pour 2020-2022. Et nous, on va ratiboiser deux tiers de la Terre et des forêts pour cultiver des choses que les gens ne peuvent pas manger ?
".


Dossier spécial - Grand entretien

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Le 25 octobre 2009 à 15h00
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Tags : Special design design Philippe Starck entretien

LE FIL ARTS ET SCÈNES -

Imaginer un objet, brosse à dents, maison, bateau, éolienne ou fusée, définir son concept, le dessiner, le développer... Un travail colossal. Qui n'occupe pourtant que 1 % du cerveau du designer star Philippe Starck. Attention : vous entrez de nouveau dans notre dossier spécial design, entamé jeudi. Dans quelques minutes, des images.

Un tycoon » : les Américains ont inventé ce nom pour ce genre de personnage. Un géant dans sa discipline ; mais un géant qui écraserait tous les autres, par son aura, sa réussite, ses créations multiples, sa surface médiatique. Starck est le tycoon du design. Sur la grande photo mondiale des créateurs d'objets, il y a lui au centre, royal, et les autres, relégués sur les bords de l'image. A 60 ans, Starck agace toujours, mais Starck épate toujours. Surtout quand il dresse un portrait acide de notre époque et pointe des pistes de réflexion et de changement profond.

Vous avez fondé votre agence, Ubik, en 1979. En trente ans, le monde du design a-t-il changé ?

Quand j'ai commencé, le mot « design » n'était même pas un terme générique. Il désignait tout au plus quatre dessinateurs de meubles italiens : Achille Castiglioni, son frère, Pier Giacomo, Enzo Mari, Vico Magistretti. J'étais arrivé dans cet univers par hasard – et ce n'était sans doute pas ma destinée... –, mais très vite, par ma forme de pensée, je suis tombé sur des solutions nouvelles, originales, et, il faut bien le dire, en avance. Ne connaissant personne dans le milieu, ni en général d'ailleurs, puisqu'à la fin des années 60 je n'avais que 17-18 ans, j'ai commencé à sonner à toutes les portes, chez des gros fabricants, des sociétés qui ont disparu depuis. Et on me répondait : « Vous êtes gentil, vous avez des idées, mais ce que vous nous racontez là, ça n'existera jamais. » Pourtant, ce que je leur montrais a abouti à tous les best-sellers des années qui ont suivi. Je me souviens qu'on ne comprenait pas quand je parlais de la « chaise à accoudoirs ». A l'époque, il y avait soit la chaise, soit le fauteuil. On me disait : « Mais pourquoi faire des chaises à accoudoirs ? » J'expliquais que les gens allaient rester à table plus longtemps, et que le salon, la salle à manger allaient finir par se confondre. Mais personne ne me croyait. Je me rappelle qu'un grand éditeur français, qui existe toujours celui-là, m'a dit à mon trente-quatrième coup de téléphone, j'avais beaucoup insisté car je crevais de faim : « Non, non, monsieur Starck, ce que vous faites, c'est de la création, et ça, on ne peut pas le faire ! » Ah ! ils s'en sont mordu les doigts ! Ils ont tout fait pour me récupérer ensuite ! Mais j'ai mis un point d'honneur à leur refuser ce qui a fait la fortune des éditeurs italiens ces vingt dernières années. Ils n'avaient vraiment pas le droit de dire : « Non, c'est de la création, on ne fait pas ça ! »

“Je dessine une chaise en moins
de cinq minutes mais ça fait quarante ans
que je pense aux chaises...”

Donc, vous êtes parti en Italie ?

Je suis parti voir ceux qui voulaient bien de moi ! En fait, mon premier éditeur était espagnol, Disform, et puis oui, il y a eu les Italiens, Alessi et les autres. Qui, eux, ont compris tout de suite ! Alors qu'en France je me sentais seul au milieu de la jungle, avec une machette et le ventre creux. Condamné à douter de mes intuitions. Heureusement, j'étais borné. Pourquoi, à 18-20 ans, attacher autant d'importance à une chaise ?

En 1982, on vous confie quelques pièces du palais de l'Elysée...

Jack Lang a soufflé l'idée à Mitterrand – très intéressé par le design – de donner l'Elysée à des créateurs français. Le projet était de sensibiliser les Français au design qui, à l'époque, roulaient en DS, avaient une télévision couleur, mais étaient toujours assis sur le sofa de leur grand-mère.

Vous arriviez déjà à vivre de votre métier ?

Pas du tout ! Les gens s'imaginent toujours que le design rend riche, mais moi, je n'ai commencé à en vivre vraiment qu'il y a quinze ans ! Si vous saviez combien on touchait à l'époque ! Pour la décoration du Café Costes, à Paris, j'ai reçu 13 400 francs ! Je ne vous raconte pas tout ce qu'on devait faire pour survivre. Même si on s'amusait, c'était la dèche absolue.

“Vous croyez que c'est avec 12 centimes
par brosse à dents vendue
qu'on devient millionnaire ?”

N'exagérez-vous pas un peu quand vous dites que vous n'avez vraiment vécu de votre métier qu'à 45 ans ?

Mais non ! Vous croyez que c'est avec 12 centimes par brosse à dents vendue qu'on devient millionnaire ? Depuis toujours, le designer ne touche qu'une toute petite part – fixe et non négociable – des objets vendus dans le commerce.

Les éditeurs italiens, qui ont été intelligents, ont passé il y a longtemps un accord entre eux pour fixer la rémunération des designers à environ 3,5 % du prix de vente. Pour éviter la surenchère. Et cela, quel que soit l'objet, quelles que soient ses ventes. Moi, ils me donnent un point de plus depuis cinq ans, et ce n'est pas illogique, vu que je suis numéro un des ventes partout. Mais je n'ai jamais rien touché de plus, ni prime, ni forfait. Peut-être que d'autres demandent, pas moi.

Dans la famille Starck, nous sommes des protestants, des luthériens. On ne profite jamais de quoi que ce soit, on ne fait jamais payer plus qu'il ne faut. On se fait un honneur d'être de simples artisans. C'est religieux, chez nous.

Il est très dur de faire profession du design ?

Tous les jeunes gens d'aujourd'hui veulent faire ce métier, mais combien de designers dans le monde en vivent ? En 2009, dix en vivent bien, cent correctement, et pour les autres, c'est la galère... Le milieu reste dominé par les stars du genre, même si les éditeurs aimeraient que ça bouge.

En fait, on va sans doute assister à une nucléarisation des activités. Notre agence Ubik y encourage, puisque la seule société qui permette cette évolution, mydeco.com – basée en Angleterre –, nous appartient en partie. Elle permet aux gens d'entrer en contact avec de jeunes créateurs qui ont mis leurs modèles en souscription.

J'essaie de faire exploser le système avec ce genre de démarche... Et, en même temps, ne rêvons pas : très peu de gens savent faire des choses qui fonctionnent. Par exemple, la chaise sur laquelle vous êtes assis – la Victoria Ghost, éditée par Kartell –, qui doit sûrement être numéro un mondial, a demandé cinq années de développement ! Ce sont des aventures de haute technologie et d'ingénierie. Il faut avoir la vision, avoir le concept, puis savoir le dessiner, savoir le développer, et là, il faut s'accrocher ! On peut dire ce qu'on veut de nous, mais on est des travailleurs !

Avez-vous hérité cette passion de l'ingénierie de votre père ?

C'est mon seul héritage ! Hélas, les usines d'aviation de mon père ont été laminées à l'après-guerre par l'industrie américaine, comme presque toute l'industrie aéronautique. Mais j'ai hérité de son goût pour l'élégance, la beauté du travail de l'ingénieur, ce qu'on appelle « l'esprit français ».

Car il n'y a quasiment que nous dans le monde à avoir une telle volonté de toujours bien faire, dans le moindre détail. On va y revenir de plus en plus, d'ailleurs, à cette ingénierie de haut vol, pour des raisons écologiques notamment. J'ai par exemple conçu un bateau de 120 mètres de long dont la coque est totalement innovante, parce qu'elle provoque moins de vagues et permet une consommation de carburant moins importante.

“Je ne me considère pas comme intelligent.
Je suis très bon pour comprendre
les signes inconscients d'une société,
comprendre où ça va et pourquoi..”

Comment parvenez-vous à passer ainsi d'ustensiles de cuisine à ces bateaux de 120 mètres ?

Cette question nous fait rire, avec ma femme, car on a un mode de vie particulier : des moines ! On ne sort pas, on n'est jamais nulle part, ou alors en transit. On ne va pas au cinéma, on ne regarde pas la télé, on ne lit pas les journaux, on ne fréquente pas les cocktails. On n'est au courant de rien et on ne connaît personne...

On est soit dans un avion, soit dans une petite cabane au milieu de la boue, de l'eau, parmi les pêcheurs, comme à Burano, dans la lagune de Venise. Là, on travaille à deux, dans une pièce avec un grand lit – qui nous sert beaucoup, c'est important pour la création ! – et deux tables.

Je dessine sept heures par jour. Elle organise et m'aide de plus en plus dans la création, surtout pour les vêtements... Je ne me considère pas comme étant intelligent. Ma fille dit que son père est un « autiste moderne ».

Je suis déconnecté des choses réelles parce que je ne peux rien apprendre. En revanche, je sais cultiver mon « magma » : je suis tout le temps en train de faire des corrélations, de classer. Je suis un spécialiste de l'organisation aux rayons X.

En fait, je suis très bon pour comprendre les signes inconscients d'une société, comprendre où ça va et pourquoi. Je n'en fais rien de particulier, je ne suis ni politologue, ni sociologue, ni philosophe. Mais ça me permet de stocker des bouts d'intelligence plus ou moins cuits, plus ou moins en phase de polissage final.

Quand ce « magma » donne-t-il forme à un objet ?

A peine me passe-t-on une commande que c'est fait ! Parce que ça fait quarante ans que j'y pense ! Je suis le rapide le plus lent du monde. Je dessine une chaise en moins de cinq minutes mais ça fait quarante ans que je pense aux chaises... Aux chaises et à tout ce qui nous entoure.

Sans oublier l'amour, ma grande passion, ma grande question : comment mériter l'amour ? La femme avec laquelle je vis occupe 99 % de mon cerveau. Pour elle, je suis une sorte de Gatsby permanent, toujours en train de frimer, pour être le plus aimé...

Jean-Batiste Mondino pour Télérama

Et tout rentre dans votre grand magma créatif ?

Tout ça et bien plus. Ce qui m'intéresse, c'est nous : l'espèce animale et cette extraordinaire et romantique aventure.

Il y a quatre milliards d'années, nous étions une bactérie, puis nous sommes devenus un poisson, une grenouille, un singe, et maintenant un super-singe. Et nous sommes voués à disparaître dans quatre milliards d'années, quand le soleil va imploser. Cette histoire fermée comme un film, j'adore ça !

A la base, j'étais pessimiste – je suis russe. Je pensais à la vie de façon morbide. J'ai perdu ma morbidité le jour où j'ai compris la beauté de notre histoire. Pour moi, la beauté, c'est ça, le sujet ! Quête qui me permet de mettre la barre haut : j'étudie l'astrophysique en suivant les cours de Thibault Damour, la mathématique quantique, la biologie et l'imagerie cognitive électronique du cerveau, la grande clé aujourd'hui. Ce travail me donne des lignes qui m'inspirent, en terme d'éthique, de démocratie également.

La démocratisation du design, c'est fait ?

Oui. A l'époque où j'ai commencé, une chaise digne de ce nom valait 1 000 €. C'est cinq fois moins aujourd'hui. J'ai vraiment combattu pour monter la qualité, casser les prix, être accessible à tous.

Personne ne le voulait, mais chaque fois que je baissais le prix, j'améliorais aussi la qualité, et le produit se vendait mieux.

Donc les éditeurs étaient forcés de me suivre... Depuis, je n'ai cessé de militer pour voir émerger des produits justes, à la qualité juste et à la longévité juste.

“Soyons réalistes : être designer,
c'est pas une gloire ! Il est anormal
qu'une société donne autant d'importance
à des gens comme moi”

Vous avez pourtant tendance à dénigrer votre travail...

Par rigueur. Je suis très dur avec tout le monde et surtout avec moi-même. Si j'étais content de moi, j'aurais déjà tout arrêté. Je n'ai plus besoin de sous, j'ai une jolie jeune femme, on a une maison à la mer, je pourrais faire du bateau et continuer à rêvasser...

Malgré tout ce que la presse a pu dire, je ne suis pas mégalo. Soyons réalistes : être designer, c'est pas une gloire ! Il est anormal qu'une société donne autant d'importance à des gens comme moi qui n'ont quasiment aucune importance. Je fais juste bien mon métier.

Le design vous semble inutile ?

Il a pu être amusant, comme un nouveau petit confort sociétal, il y a vingt ans. Dans une période de « civilisation civilisée », comme on a pu l'entrevoir alors, pourquoi ne pas s'intéresser à une lampe ?

Mais là, aujourd'hui, face aux urgences... Chaque métier a son moment, et chaque moment a son métier. Aux jeunes qui veulent être designers, je dis que ce n'est pas le moment. Aujourd'hui, il faut partir au combat. Et s'ils travaillent bien, dans quinze-vingt ans, on pourra se réintéresser au design...

Partir au combat, c'est-à-dire ?

Ça veut dire être radical. Quand on est producteur d'idées et producteur de matière, comme je le suis, il faut réfléchir à comment refuser la matière.

On entre là dans le « process » écologique. C'est peut-être une tarte à la crème pour les cyniques, mais ça reste une urgence ! Depuis trois-quatre ans, on cherche des moyens d'action efficaces.

Dans une société matérialiste comme la nôtre, toute question amène une réponse matérielle, comme si on ne pouvait pas répondre à quelqu'un sans lui refourguer un produit ! Mais désormais nous avons de sérieuses pistes pour, enfin, ne plus passer par le schéma traditionnel de la matière. Le travail de designer doit être politique. En se demandant comment sauver de la matière, comment produire de l'énergie, comment changer l'esprit des gens, les dégoûter de l'achat de compensation du samedi après-midi...

Il faut aussi expliquer, alerter. Qui, à part moi, entendez-vous poser publiquement la question de l'après-plastique ? L'après-pétrole, ça, oui, mais l'après-plastique, qui arrivera dans trente ans ?

Or le plastique est partout ! On rétorque qu'il y a le recyclage ; mais le plastique recyclé ne sert à rien. D'autres affirment qu'il y a le bioplastique, mais transformer les champs de céréales en plastique vraiment nul ou en carburant pour nos 4x4, c'est un crime contre l'humanité !

Les grandes famines sont annoncées pour 2020-2022. Et nous, on va ratiboiser deux tiers de la Terre et des forêts pour cultiver des choses que les gens ne peuvent pas manger ?

“Je prépare l'ingénierie de l'astroport
des vols galactiques de Virgin.
Les premiers vols sont pour 2012.
Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées”

Sur quoi travaillez-vous, actuellement ?

Des tas de choses.

  • On vient de finir l'éolienne individuelle. Le plus petit modèle, qui produit environ 1,5 kW, va coûter environ 500 euros. Il suffit de l'installer sur le toit, elle est munie d'un boîtier relié au compteur d'énergie du foyer.
  • On continue à travailler sur des capteurs solaires, une voiture électrique aussi.
  • Et deux chantiers navals, l'un dédié au solaire et à l'hydrogène, l'autre à la construction de bateaux de 2 à 70 mètres de long.
  • Je viens aussi de finaliser le projet Démocratique architecture, en Slovénie : des maisons préfabriquées écologiques développées avec de hautes technologies, qui ne coûtent vraiment pas cher. Et j'ai dessiné les quarante-cinq plans seul avec mon crayon, je ne travaille même pas sur ordinateur.
  • Sans oublier que je prépare l'ingénierie de l'astroport des vols galactiques de Virgin. Les premiers vols sont pour 2012. Je m'occupe aussi de l'intérieur des fusées.

Comment vivez-vous la dématérialisation des objets ?

Je ne suis pas un homme de l'objet, mais du concept. Cette dématérialisation, je la prône depuis trente ans !

Nous sommes la seule espèce animale qui contrôle la qualité de sa vitesse d'évolution. Or on refuse de comprendre nos mutations.

Si on prenait conscience de la beauté et de l'intelligence de l'homme mutant, tout s'éclaircirait.

Pourquoi ne pas accepter ainsi notre entrée dans le bionisme, le mélange du corps et des composants - majoritairement la puce -, mélange qui va nous aider à maintenir notre vitesse d'évolution.

Notre société a oublié le scénario de base : d'où elle vient, où elle va. Elle a oublié que notre civilisation est fondée sur l'idée de progrès. Que l'homme est censé être de plus en plus intelligent, et devenir meilleur.

Ces valeurs ne sont pas nouvelles, ce sont celles de la chrétienté comme de toutes les autres formes de civilisation.

Mais nous sommes tellement perdus, avides, que nous oublions que nous sommes des animaux grégaires, là pour partager. C'est une condition absolue à notre survie.

Propos recueillis par Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier
Télérama n° 3119

Le 25 octobre 2009 à 15h00
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Tags : Special design design Philippe Starck entretien

VOS REACTIONS (21 commentaires)

PAT THE ROCK - le 29/10/2009 à 17h29
STEVEMAC: autant pour moi!! salutations!! rock off!!!!!!!!!!!!

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stevemac - le 29/10/2009 à 17h13
Bien parler Pat The Rock mais je ne suis pas dans la mouv’ j'ai 52 ans et Starck je m'en bas l'œil ce n'est pas une réaction positive sur un people qui va faire de quelqu'un un Fan ou je ne s'ai quel beauf et je suis tout d'accord sur la fin de votre texte 16h34
trés cordialement

3 internautes sur 6 ont trouvé cet avis intéressant.

stevemac - le 29/10/2009 à 16h58
Soit De Vielg !!! lire des livres est une chose les comprendre une autre ...  et c'est bien là que je rejoint Appas dans sa réaction de 10h27
Pour les fautes cela ne regarde que moi et surtout le log "Naturrally speaking" et je n'est pas l'intention de me faire formaté par qui que ce soit dans ce jugement ...
Quand on sait d'où l'on vient, on sait où l'on va ....
Si quelquefois tu te sent petit ,inutile, démoralisé ou dépressif, n’oublie jamais que tu as était un jour le plus rapide et le meilleur spermatozoïde de la bande c'est toi le grand gagnant ...
je m'en va lire d'autres bon interview du style Télérama ( waf waf ..)
car ma crémière me dit n'oublie jamais qu'au plus haut trône du monde tu est assis que sur ton cul ...
alors ne s'obstine pas au dialogue de sourd ....
good good à Fabienne Pascaud et Emmanuel Tellier pour votre dossier .

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PAT THE ROCK - le 29/10/2009 à 16h34
je fais aussi quelques faute d'orthographe et ne suis pas inculte pour autant:mais ce Steve mac donne bien l'image et se place en porte parole de la mouvance Starck et autres designer frime :je le redis encore et encore perso,je trouve que son univers est trop froid,trop superficiel. mais cela plait énormément a la jeune ou moins jeune mouvance bobo et intello branchouille arrogant qui pète plus haute que leurs petit cul.
je vais me faire assassiner ,mais je m'en tape :Philippe Starck ou jean nouvel même orientation: pour un parisianisme snob,pour un paris élitiste et branchouille friqué ,pour un paris ,qui ne sera plus un paris avec ses boutiques de designer,cette architecture froide et fascisante:non ,je ne veux pas de tout cela.
moi même,a une époque j'ai aimé ce qui était branché ,dans la mouvance ............mais c'était dans les années 80 ,le problème aujourd'hui c'est que ce ne sont plus quelques endroits qui est branché c'est 80 pour cent de paris qui est branchouille avec ces boutiques qui vendent de tout et n'importe quoi ces galeries de pseudo peintre a deux balles qui foisonnent aux Abbesses et alentour ou du coté du marais: bref beaucoup de vent et de futilités pour pas grand chose.

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La mouche du Coche - le 29/10/2009 à 14h08 
@ Stevemac,
.. et j'ajouterais que l'impressionnant nombre de fautes d'orthographe et de grammaire de votre commentaire trahit le fait qu'à votre prétention, vous cumulez une propre inculture qui rejoint celle du maître et vous accorde à lui.

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La mouche du Coche - le 29/10/2009 à 14h01 
@ stevemac,
Mais qu'en savez-vous que nous ne connaissons pas Starck parfaitement ?
Je vous rappelle que dans mon premier commentaire je précisais que Starck se vante dans ses livres de faire un design "acculturé" donc méprisant. Je les ais donc lu et pas vous.
Je vous trouve extrêmement arrogant. Vous imaginez que les gens qui ne sont pas sont pas d'accord avec vous sont forcément des imbéciles parlant de ce qu'ils ne connaissent pas. Vous allez bien avec l'idée que je me fais des gens qui aime ce designer.

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.stevemac - le 29/10/2009 à 09h25
Bravo Télérama pour votre article
Je constate comme à l'habitude que ceux qui n'aiment pas Starck donne des critiques sur celui-ci sans connaitre un dixième de ce qu'il est vraiment et de ce qu'est le monde du design .
lire un article sur une personne que l'on aime pas pour écrire du torchon qui n'a pas de sens avec le sujet est assez paradoxal !!!! je constate que les cervelles inoccupées sont de plus en plus nombreux dans notre pays
Ma crémière disait au sujet de Starck que l'avantage d'être intelligent c'est qu'on peut toujours faire l'imbécile et dire n'importe quoi ,alors que l'inverse est totalement impossible
Quand à APPAS bien parlé pour la brosse à dent.
Merci Mr STARCK pour avoir bousculer le design et décoincé du Q tous ces designer qui ce prennent pour ce qu'il ne sont pas ,ne changé rien .

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h54
Voici un article écrit par un de mes potes à l'école : http://lettres.lecolededesign.com/2009/03/06/design-polem...

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h42
Ce qui est bien dommage au final c'est plutôt que d'une, les médias ne s'occupent qu'à relayer les activités de ce genre de coqueluche à la population, et que deux, cela lui fait profit puisque les gens ne sont pas assez curieux pour aller voir ce qu'il y a au delà. Le mieux, c'est peut être de l'ignorer...

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rednekk - le 27/10/2009 à 20h40
Je suis étudiant en école de design et avec quelques amis nous suivons de temps en temps la masturbation collective starkienne. Philippe Starck n'est pas, comme on pourrai le croire un idiot, et il sait bien rebondir.
Ce qui me gêne au premier abord, c'est qu'il est mis sur un pied d'estal comme ambassadeur du "Design". Et du coup, il en fait ce qu'il en veut, et le commun des mortels qui achète ses merdes rotomoulées avalent ça goulument et joyeusement. Et pour forger sa crédibilité, il sait bien jouer le philosophe, et il n'hésite pas à citer des grand noms du design, pour qui l'œuvre qu'était un de leurs objet, était bourrée de réflexion. Tout ca alors qu'Ettore Sottsass est récemment décédé dans l'ombre de la culture médiatique...
Mais au final, sur quoi Starck s'assied-t-il quand il dit que le design est inutile ? Que rare sont les designers qui "vivent" de leur travail ? (Parce que personnellement, je ne compte pas être designer pour gagner de l'argent, j'espère vivre correctement, mais surtout vivre mon métier) Eh bien je pense qu'il s'assoit sur ce qu'il entretient, ce design froid et facile, qu'il défend extrêmement bien avec ses capacités d'orateur, mieux qu'il ne fait son travail surement. Des milliers de gens, pas comme lui, dans des centaines de domaines différents vivent leur travail de designer et sont bien plus occupés à travailler pour une solution et donner un sens à objet, qu'à faire des plateaux télés.

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PAT THE ROCK - le 27/10/2009 à 18h11
APPAS, il l'aime son Philippe Starck,oh! mon dieu comme il l'aime son grand designer chouchou; il lui fait tourner la tète son Philou de Starcky : APPAS pète un tout petit coup, et tu verras ta vision sur cette putain de vie matérielle sera un peu moins figé et étriqué. bonne soirée!!

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La mouche du Coche - le 27/10/2009 à 17h57
@ Servadio,
N'embêtez pas le maître avec vos mesquines histoires d'argent. Vous allez le déconcentrer.

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Servadio - le 27/10/2009 à 14h14
De bien beaux discours... Mais j'aurais aimé qu'on interroge M. Starck sur les 57.408 euros reçus pour la "conception" du logo de la présidence française de l'Union Européenne après une procédure d'attribution que la Cour des Comptes juge pour le moins curieuse (cf. entre autres http://www.lesechos.fr/info/france/300385523.htm)...
Mais il est vrai que l'argent même public n'a pas d'odeur...

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La mouche du Coche - le 26/10/2009 à 12h06
Appas, je vous sens complètement lobotomisé par la pensée du maître mais ce n'est pas grave, je vais vous aider.
Pour commencer, essayez de vous demander dans quelle mesure ses objets sont les exactes contraires de son discours. Est-ce que vous y arrivez ?
cordialement

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Appas - le 26/10/2009 à 10h32
femme aimée, de sa fille qui l'est tout autant, de sa famille, de jeunes collaborateurs, ce qui est réconfortant en ces temps de JE sarkozyens.

 

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Appas - le 26/10/2009 à 09h10
Chère Mouche du coche avant de parler il faut connaitre, votre brosse à dent est-elle en bois ? Il travaille de nombreux matériaux et cela ne m'étonne qu'à moitié que vous n'ayez pas ça chez vous... il faut avoir du goût...

Plus sérieusement quand un créateur – qui a une immense culture à présent – essaie d'embellir notre quotidien il faut au moins avoir un minimum de respect, moi j'ai aussi de l'admiration. Merci Mr Starck.

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pleroma - le 25/10/2009 à 19h25
L'interview est super! PS est un grand bavard, non? Ce qu'il dit mérite réflexion, il y a de bonnes choses a retenir. Je n'ai lu que des critiques de son design, sur un ton un peu aigri d'ailleurs, qui n'ont pas de rapport avec l'interview...Je ne peux pas me permettre de ''Starckiser'' mon intérieur, mais je ne refuserai pas quelques jet-Starck si on me les offrait...

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PAT THE ROCK - le 25/10/2009 à 18h31
c'est forcément génial Philippe Starck c'est l'apôtre du designer bobo.

RIEN A FAIRE DU DISIGNE DE STARCK. c'est moche et froid :perso je préfère le bois ,oui le bois vive les matériaux noble et non le plastique poubelle.

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La mouche du Coche - le 25/10/2009 à 16h49

Ph Starck est l'apôtre d'un design international "sans culture" comme il l'a écrit lui-même dans ses livres. Ses matériaux sont le plastique issu du pétrole. Qui a ça chez soi à part les journalistes ?

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18/09/2009

Télérama - Les images d’archives peuvent-elles mentir ?

 

http://television.telerama.fr/television/debat-peut-on-fa...

Le 17 septembre 2009 à 16h00
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Tags : documentaire histoire archives débat

LE FIL TéLéVISION - Changement de sens, colorisation, recadrage… La télévision ne se prive pas d'utiliser à toutes les sauces les images du passé pour les “moderniser”. Liberté des documentaristes ou abus ?


Un navire torpillé, vu dans le périscope d'un U-Boot. Une scène colorisée d'"Apocalypse". - France 2

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Histoire : Ruse de guerre | 8 septembre 2009

Plans sibyllins de la révolution d’octobre 1917 ou, plus spectaculaires, des événements de Mai 1968, vues charbonneuses de la Grande Dépression ou images en couleur des années Pompidou, plans silencieux de la Première Guerre mondiale, ou sonores de la Seconde, qu’évoque Isabelle Clarke dans les six épisodes d'Apocalypse diffusés sur France 2 depuis le 8 septembre… La prodigieuse masse d’archives tournées depuis plus de cent ans par les opérateurs d’actualités, les reporters du monde entier et les propagandistes de tous bords, est une véritable manne pour les documentaires historiques consacrés aux événements d’un siècle qui fut aussi celui du cinéma.

Apocalypse, la 2e Guerre Mondiale

Nombreux sont les programmes abordant l’histoire contemporaine qui exploitent cette matière audiovisuelle sans prendre en compte les intentions à l’œuvre dans les archives, leur teneur idéologique, leur part de subjectivité. « Bien des documentaires de montage se contentent de remonter (sans se poser de question) les images de propagande d’hier en les commentant avec la propagande d’aujourd’hui ; comme si ces vues étaient porteuses du plein sens de l’histoire, souligne le philosophe François Niney dans Le Documentaire et ses faux-semblants (Klincksieck, 2009). Or, il n’y a pas plus de raisons de voir dans ces actualités d’hier la vérité d’alors nous sauter aux yeux que de croire la vérité d’aujourd’hui révélée dans nos actualités quotidiennes ! Même s’il est indéniable que ces images-là (tout comme celles-ci) portent bien une empreinte de la réalité de leur temps, leur sens ne relève pas de l’évidence. » François Niney cite l’historien Marc Ferro, pour qui « tous les documents doivent être analysés comme des documents de propagande ».
Peu de documentaires s’imposent une telle discipline. Généralement, les archives sont juste là pour animer le cadre, abandonnant au commentaire le soin de porter le propos du film. Leur valeur de document s’y trouve détrônée par une fonction illustrative, qui privilégie leur caractère spectaculaire. Et les détournements d’images sont fréquents, comme le soulignent les documentalistes Anne Connan et Valérie Combard, familières de cette mémoire audiovisuelle qu’elles explorent à longueur de journée. « Les seules vues aériennes de camps nazis que l’on connaisse ont été tournées à Auschwitz. Or, elles sont fréquemment utilisées pour figurer d’autres camps », relève la première. La seconde se souvient notamment d’« une archive utilisée en tant qu’image de la Shoah, alors qu’elle datait de 1947 et représentait des passagers d’un train ayant vainement cherché à émigrer en Palestine ». Une simple phrase de commentaire suffit à transformer Auschwitz en Treblinka ou à changer du tout au tout la perspective d’un voyage ferroviaire. C’est dire la fragilité sémantique de l’image…

(extrait) Lettres de Sibérie - Chris Marker


Dans Lettre de Sibérie, Chris Marker s'ingénia en 1958 à plaquer sur le même assemblage de plans de la ville de Iakoutsk trois commentaires très différents – l’un farouchement pro-soviétique, l’autre furieusement anti, le troisième affectant l’objectivité –, produisant trois versions également convaincantes. Preuve éclatante que « les archives sont muettes », comme le répète Patrick Barbéris, dont certains films (Roman Karmen, un cinéaste au service de la révolution ou Vietnam, la trahison des médias) décryptent justement les rapports de l’image à l’histoire. « Comme l’historien interprète un cahier de doléances sans jamais prendre ce qu’il y trouve pour des vérités révélées, le documentariste doit interpréter les archives et ne pas entretenir avec elles un rapport de consommation. » On ajoutera qu’en exploitant ces vues sans en extraire le sens on accoutume le spectateur à les gober sans les penser.

Dans son solide ouvrage sur La Grande Guerre au cinéma (Ramsay, 2008), l’historien Laurent Véray déplore que les archives soient devenues « des marchandises comme les autres, qui doivent être consommées. L’exigence de facilité, de formatage des programmes destinés à un large public, pousse de plus en plus à “actualiser” le passé, à lui donner un autre statut médiatique, (…) en conformant les images qui subsistent aux modalités de la perception actuelle ». L’un des moyens est la représentation colorée de périodes historiques liées au noir et blanc dans la mémoire du spectateur. C’est ainsi que fleurissent, depuis bientôt dix ans, des documentaires à base d’images tournées sur pellicule couleur : La Guerre en couleurs, L’Empire britannique en couleurs, Ils ont filmé la guerre en couleurs, Ils ont filmé la Libération en couleurs… En assujettissant l’élaboration de leur récit à cette condition formelle, les auteurs de ces fresques s’exposent à des lacunes historiques inhérentes à l’absence de certaines images.
La diffusion sur M6 de Quand l’Algérie était française, 1830-1962, de Serge de Sampigny, inspira ainsi à Benjamin Stora une tribune cinglante : « La fabrique d’une fausse Algérie » (Libération du 31 mai 2006), dans laquelle l’historien s’en prenait notamment à l’utilisation, par ce programme, d’images d’amateurs. « Il fallait être bien fortuné [dans les années 1940 et 1950] pour tourner de petits films en couleurs, et rares étaient les familles algériennes d’Algérie pouvant se permettre de telles pratiques. (…) Le téléspectateur voit donc surtout de riches Européens faire du ski en Kabylie, se promener au Sahara ou assister aux courses de chevaux à Alger. Ce qui ne manque pas de surprendre quand on connaît le niveau de vie des familles européennes de cette époque… bien inférieur à ceux des habitants de métropole. »
La rareté des archives en couleurs, alliée aux succès engendrés par cette forme d’« actualisation » du passé, incite certains réalisateurs à colorier numériquement les images noir et blanc. Celles de la Grande Guerre (14-18, le bruit et la fureur, sur France 2), de l’Italie mussolinienne (Le Fascisme italien en couleurs, sur Arte), de la Russie de 1917 ou de l’URSS (La Révolution russe en couleurs, sur Arte, Staline, le tyran rouge, sur M6), comme bientôt celles du Front populaire et de la crise de 1929 (sur France 2). « Pourquoi pas, si c’est pour faire du spectacle, admet en souriant le documentariste Serge Viallet, qui interroge scrupuleusement les documents audiovisuels dans sa série Mystères d’archives, diffusée tout l’été sur Arte. Voilà cent ans, la société Pathé employait des centaines de femmes à colorier quotidiennement des films noir et blanc, afin qu’ils soient vendus quatre fois plus cher et attirent un plus large public. Aujourd’hui, la colorisation remplit toujours le même office. »
Pionniers en la matière, les réalisateurs Daniel Costelle et Isabelle Clarke affirment que ce traitement de l’image vise moins à séduire qu’à se rapprocher du réel, n’hésitant pas à qualifier le noir et blanc d’« amputation » et préférant au terme de « colorisation » celui de « restitution des couleurs » ! « Les événements ont été vécus en couleurs, rappelle le « restitueur de couleurs » François Montpellier, qui travaille avec eux depuis Les Ailes des héros (en 2003). S’ils nous ont été transmis en noir et blanc, c’est uniquement pour des raisons d’insuffisance technique… que l’on est aujourd’hui capable de corriger ! » Une telle confusion entre le réel et l’archive, l’histoire et ses représentations, se double dans Apocalypse, d’Isabelle Clarke, d’une volonté revendiquée de réactiver l’impact émotionnel des événements eux-mêmes. « La couleur rend une proximité à des images qui peuvent sembler très lointaines à des jeunes », explique Louis Vaudeville, qui a produit cette série dont France 2 diffuse mardi 22 les deux derniers volets. Mais chercher à rendre proche ce qui est lointain en le conformant aux standards du flux télévisuel, c’est aussi sacrifier au « présentisme » dénoncé par l’historien François Hartog dans Régimes d'historicité. Présentisme et expérience du temps (Le Seuil, 2003) – cette propension très actuelle à rapprocher l’hier de l’aujourd’hui.
D’autres traitements des archives participent pareillement de cette double logique d’actualisation et de standardisation. Tel le bruitage de vues souvent muettes, auquel recourt abondamment Apocalypse ; et la mise au format 16/9 de documents généralement tournés en 4/3 – autrement dit, plus carrés. Le résultat ? « Une image amputée d’un tiers environ, réparti en haut et en bas de l’image. Et, à la diffusion, pour bien remplir l’écran tout neuf que vous venez d’acquérir, une image gonflée, granuleuse, sale, floue », relève sur son blog le documentariste Patrick Jeudy (Marilyn, dernières séances, Eliot Ness contre Al Capone…). Serge Viallet ajoute à ces deux formes de dégradation « la recomposition de l’image, qui lui fait perdre de sa force et la déséquilibre ». D’autres professionnels s’élèvent aujourd’hui contre la banalisation d’un tel procédé, devenu monnaie courante à la télévision.
« La plupart des grandes chaînes dans le monde exigent le format 16/9, se défend Patricia Boutinard-Rouelle, directrice de l’unité documentaires et magazines de France 2. A France Télévisions, cette norme existe depuis environ un an. Il est donc souhaitable que les films utilisant des archives 4/3 soient pensés pour une diffusion à cette norme, afin de ne pas se fermer le marché international. Mais aucune directive n’a été donnée aux réalisateurs quant au choix ou non du recadrage. »
Si certains réalisateurs défendent la possibilité d’insérer dans un documentaire en 16/9 des archives au format 4/3 (en les plaçant entre deux barres noires verticales), d’autres préfèrent éviter les changements de format incessants en étant prêts à rogner les archives. C’est le cas de Michaël Prazan, auteur du mémorable Einsatzgruppen, les commandos de la mort , diffusé sur France 2 au printemps dernier. « Recadrer les archives représente le plus souvent un sacrifice, avoue-t-il cependant. Cela demande beaucoup de soin, beaucoup de temps, mais cela peut aussi présenter quelques avantages. En créant un mouvement dans l’image, on peut la faire vivre autrement. »
Et si la pertinence de tels procédés (colorisation, sonorisation, changement de format) appliqués aux archives dépendait avant tout de leur application ? Que l’on songe à la façon dont Serge Viallet pratique le recadrage pour isoler l’élément d’un plan ou dont Yves Jeuland use de la couleur jaune dans le générique de Comme un juif en France.

 

On découvrira le 25 octobre (sur France 5) l’astuce avec laquelle Jean-Christophe Rosé utilise le rouge pour signaler les instants décisifs des combats de Marcel Cerdan Sans oublier les audaces créatives de Jean-Luc Godard (Histoire(s) du cinéma) ou du tandem Yervant Gianikian-Angela Ricci-Lucchi (Prisonniers de guerre, Sur les cimes tout est calme et Oh ! uomo). Les possibilités de traitement des archives sont vastes, pourvu que l’on affirme une liberté esthétique aux antipodes du « relookage-ripolinage » des images du passé. Qu’au lieu de réchauffer les archives, on se décide à les penser.

.

François Ekchajzer

 

Le 17 septembre 2009 à 16h00
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Tags : documentaire histoire archives débat

 

VOS REACTIONS (10 commentaires)

acanthe06 - le 18/09/2009 à 11h40
L'article est très intéressant,mais finalement trop technique ,trop spécialisé.
"Apocalypse" ne ment pas sur l'essentiel,il remplit sa fonction pédagogique ,sa mission de "mémoire" ,dans l'ensemble juste.Et c'est ce qui importe.
Le spectateur lambda se moque bien de savoir si les couleurs sont réalistes et transmettent la "réalité" de l'époque(?).Le montage est le plus important et de fait, aucune image d'archives ne peut être objective.
Mais ce film restitue-t-il ,autant que possible,la réalité des événements,de décisions politiques ,de l'enchaînement des faits ,de l'horreur de la guerre,et apprend-il quelque chose d'utile aux jeunes?
le perfectionnisme en matière de réalisation importe peu,il ne s'agit pas uniquement d'un spectacle.

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cointet - le 18/09/2009 à 10h58
Une fois de plus Télérama essaye de nous manipuler en se présentant comme un parangon de vertu et d’objectivité. Mon âge vénérable fait que j’ai connu « Radio-Cinéma » puis « Radio-Cinéma-Télévision » puis Télérama. Il faut bien des lecteurs pour vivre et au gré des titres et des années, cette publication a dragué les familles chrétiennes, les familles moins chrétiennes et aujourd’hui les bobos.
Alors, aujourd’hui, on donne dans l’objectivité (« Qu’est-ce que la vérité ? ») cible illusoire puisque la « vérité » du téléspectateur que je suis ne peut pas être la même que celle de mon petit-fils de 15 ans. Alors, ces émissions m’ont déçu alors que je pense qu’elle conviendrait parfaitement à un public d’ados actuels.
Alors, que Télérama cesse de vouloir notre maître à penser ; mais c’est sans doute un vœu pieux !

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googeline - le 18/09/2009 à 10h26
j' aimerai ajouter quelques petites choses à cet article, brillant, de télérama. Posons nous la question, pour ce qui concerne Apocalypse, de l'utilisation de la couleur ET du noir et blanc. L'explication de la réalisatrice, reprise en coeur par les dirigeants de France 2, serait que la couleur amène une proximité et une réalité plus forte aux événements. Nous avons aussi entendu que la colorisation était plus juste puisque que les gens de l'époque voyaient en couleur (!!). DAns ce cas, comment expliquer l'utilisation du noir et blanc sur toutes les séquences concernant la déportation, l'extermination et les pogromes dont la population juive a été victime durant ces années monstrueuses? Quand au format 16/9, je vous invite à téléphoner au directeur de l'antenne de France 2 : le format 16/9 est devenu obligatoire, par contrat, y compris sur les films ayant été tournée en 4/3 même letter box (bandes noires en haut et en bas). Je vous laisse imaginer et regarder sur vos écrans le résultat catastrophique de cette politique imposée.

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Hawkeye - le 18/09/2009 à 10h26
Une image est une création culturelle.
Toute image est donc imprégnée d'une idéologie - mas pas nécessairement œuvre de propagande. On cherche donc à convaincre par l'image; elle ne devient propagande que lorsqu'on cherche à la faire mentir.
La colorisation, le recadrage et toute autre déformation technique de l'image doit être fait avec circonspection - et clairement signalé, surtout dans un cadre documentaire, qui cherche à re-présenter la réalité. Ce qui me désole c'est à quel point les documentaristes prennent le 'grand public' pour une bande d'abrutis à qui on doit faciliter tout, au point de falsifier les sources.
Ceci dit, "Apocalypse" reste un documentaire fort intéressant.

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alexh444 - le 18/09/2009 à 10h25
Eh oui, chaque fois que l'on représente l'histoire, il faut toujours des contestataires. Certains diront que la veste de la petite fille anglaise était verte est non rose, ce qui signifie que l'histoire a été déformée et rend caduque le documentaire.
Par ailleurs, il me semble évident que ce documentaire ne fait pas de la description des images, mais relate les évènements de la guerre accompagnée d'images, ce qui n'est pas la même chose. C'est en somme un faux procès.
Et puis au tout un chacun de ne pas être naïf, pour des anciennes images comme pour des modernes. Il est tellement simple aujourd'hui de faire dire ce que l'on veut aux évènements, par le biais d'internet, de la TV ou de la presse. Il y a toujours de quoi redire de tout.
A nous de prendre du recul, de retenir l'essentiel et de ne pas nous attarder, de ne pas nous laisser berner par une actualité ou un passé toujours subjectifs...

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natoma - le 18/09/2009 à 08h25
J'aussi pense que ce documentaire est très bien faite, et et l'ai regardé avec plaisir. Le spectacularizion est un péché véniel, et si ceci aide à atteindre un plus grand public, il peut être positif. Il y a d'autres manipulations, bien plus dangereux. Croyez-moi, je suis italien et je suis dégoûté des manipulations de la télé italienne.
D'abord l'image n'est pas neutre, le cameraman a le choix de ce qu'à inclure ou exclure dans les images. Et puisque presque toutes les images tournées en temps de guerre sont des images de propagande, il sera bien difficile de voir des atrocités (aujourd'hui nous parlons des crimes de guerre) documentées par ses propres réalisateurs. Il faut dire que nous avons quelques images des crimes des nazis parce que (a) ils ont perdu la guerre et (b) ils croyaient fermement montrer un exemple positif.

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Philippakos - le 18/09/2009 à 08h18
Certaines évidences méritent d'être rappelées, comme celle que toute expression n'est pas neutre. Ce fameux mythe de l'objectivité, qui reste toutefois un état vers lequel on doit tendre mais en sachant bien qu'on ne l'atteindra jamais ne devrait plus faire débat depuis longtemps. Comme le rappelle l'article, Chris Marker l'avait déjà démonté dans les années cinquante. Quand à la couleur vérité, en opposition au noir et blanc falsification, il suffit de posséder quelques rudiments techniques pour savoir que, par exemple, le contraste couleur d'une image admise comme "acceptable" par un spectateur moyen (statistiquement) est deux fois supérieur à celui de la réalité. Maintenant, colorier une image, c'est-à-dire mettre des ciels bleus là où ils étaient peut-être gris (les coloristes consultent-ils les archives météo ?), relève davantage de la décoration que du réalisme. Je suis pour ma part un professionnel de l'image sachant fort bien que les couleurs d'une images sont modulables à souhait, au gré des goûts, des demandes et même des modes. Et ceci avec une incroyable facilité depuis l'avènement du numérique. Alors parler de réalisme pour des images coloriées... Une image est une information, forcément réduite en rapport avec la réalité, forcément liée à un contexte indispensable à sa compréhension. Le débat image-réalité n'a plus lieu d'être aujourd'hui. Une image est nécessairement liée à une culture et donc orientée.

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micheleaymard - le 18/09/2009 à 03h38
Comme d'habitude, quand un programme, un film, un livre, un disque, fonctionne auprès du grand public, Télérama fait la fine bouche.
Je suis depuis toujours choquée par la colorisation, films de fiction ou documentaire et je ne crois pas que la couleur ajoute à la dramatisation. J'ai 50 ans et la 2e guerre mondiale est l'histoire de ma famille et celle qui a fait l'Europe d'aujourd'hui. C'est le guerre qui a fait les jeunes des années 60 et 70.
Aujourd'hui, elle est incompréhensible pour les jeunes.
J'ai trouvé les deux premiers épisodes d'Apocalypse (les seuls qui soient passés à ce jour sur l'île de la Réunion) remarquables parce que pédagogiques et émouvants. Les guerres me bouleversent toujours.
Je n'ai pas eu l'impression d'être manipulée. Seulement, qu'il faut de temps en temps rappeler à l'Homme son Histoire parce qu'il a la mémoire courte.
Surtout dans un monde qui achète en ce moment même des millions d'armes.

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ortf - le 17/09/2009 à 21h05
UNE VRAI QUESTION, UN FAUX DÉBAT
Par définition, l'image n'est rien. C'est comme un mot sans une phrase, interprétatif à souhait. Avoir un débat sur les nouvelles techniques de gestion de l'image, induit que l'on tienne compte de tous les paramètres. Le premier à ne pas perdre de vue: 99% des images tournées en temps de guerre sont des images de propagande. Entendez par là quelles sont tournées avec l'autorisation du camps qui va les diffuser dans les salles de cinéma de l'époque. Que ce soit la mise en scène rigoureusement froide des allemands, "l'héroïsme" enflammé des russes, la fantaisie calculée des anglo saxons ou l'amateurisme lyrique des italiens et des français, cela demeure au départ de la propagande. Le second paramètre est celui de l'époque où l'on diffuse une nouvelle version. La "manipulation" n'est pas dans le choix de nouvelles technologies, il est dans le montage si celui ci mène à l'expression d'une contre vérité. Enfin, simplement, tout est dans l'intention. Le plus gros des mensonges est de laisser croire qu'il n'existe qu'une seule écriture possible de l'Histoire (écrite ou filmée). Nous sommes dans le camps des vainqueurs, le compte rendu historique tient compte de cette donnée incontournable. Une fois l'objectif défini, il reste à savoir si il est tenu. Le reste n'est que technique narrative. Pour d'APOCALYPSE, le but annoncé est atteint. Un historien ou un féru d'Histoire, n'apprend rien. Mais la pédagogie fonctionne.

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anebleu - le 17/09/2009 à 18h47
C'est un grand classique, au montage, de se justifier de tout. Mais bien entendu toutes ces manipulations sont insupportables et dénaturent le plan brut. … Mais il n'y a pas d'autre issue; dès que "je" mets deux plans côte à côte j'accède à la manipulation. Le montage est manipulation.
Une superbe trituration quand vous avez de bons éléments, mais il ne faut jamais oublier que le réalisateur de films 100% archives ne tourne aucune image… il peut créer une écriture… s'il est vraiment bon.
Les trucages variés? La chantilly du gâteau.

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06/06/2009

Télérama 6 Juin 2009 - Clic et déclic à l'école


LE CARTABLE…
NUMÉRIQUE

Tags : spécial innovation école

NOUVELLES TECHNOS - Ordinateurs, mais aussi palettes graphiques, tableaux interactifs et logiciels ludo-pédagogiques : le développement des outils numériques dans les classes bouscule la relation au savoir et annonce une révolution dans l’enseignement. Avec ses partisans et ses adversaires…


- Photo : Laurent Troude

Devant l'écran de son iMac, Sami, 7 ans, reste perplexe : un mini-Dark Vador l'enjoint de conjuguer des verbes au futur de l'indicatif, mais il hésite sur la première case à remplir : « Vous... aimerai ? » Dark Vador pousse un couinement réprobateur. Sami extirpe de son pupitre son cahier de grammaire, vérifie, corrige : « Vous aimerez », puis passe à la case suivante.

Comme lui, grâce au système de la « classe mobile », c'est-à-dire un réseau d'ordinateurs portables reliés à un ordinateur maître et à Internet, une quinzaine de ses camarades de CP-CE1 planchent de manière autonome, qui sur un exercice de calcul, qui sur un exercice de français, choisi en fonction de ses besoins.

Pendant ce temps, la maîtresse, face au tableau numérique interactif (TNI), s'occupe d'un autre groupe. Sur un vaste écran, relié à l'ordinateur de l'enseignante, est projeté un court texte suivi d'un questionnaire à choix multiples (QCM). Les enfants répondent grâce à un boîtier de vote individuel. L'affichage des résultats est immédiat : les erreurs de chacun sont commentées. « Avec ces outils, je peux enfin appliquer la pédagogie différenciée ! » s'enthousiasme Régine Bontemps, institutrice de l'école Willy-Brandt, qui, en 2006, a fait partie des treize enseignants volontaires pour démarrer L'Ecole du futur, voulue par le député-maire d'Elancourt (Yvelines).

“L'aspect ludique décomplexe les enfants et les incite à davantage participer.”

Aujourd'hui toutes les classes de la ville sont équipées. Ce matin, en maternelle, une élève doit recopier sur l'écran tactile le mot « LUNDI ». Armée du stylet numérique, elle se lance. Le L part à l'envers ? Qu'à cela ne tienne : un coup d'« outil gomme », et l'erreur est effacée. Puis chacun retourne à sa place pour ­effectuer, avec papier et crayon « classiques », ses lignes d'écriture.

Quelle différence par rapport au bon vieux tableau noir ? Les enseignants sont unanimes :« Les possibilités infinies d'affichage et de modification des images, de recherche de documents audiovisuels pour illustrer le cours, et l'aspect ludique, qui décomplexe les enfants et les incite à davantage participer. » Malgré quelques bugs, une formation encore insuffisante et la rareté des ressources numériques disponibles, le TNI rafle tous les suffrages : « Je ne pourrais plus m'en passer ! »avoue Régine Bontemps.

A l'heure actuelle, 1 200 tableaux numériques interactifs sont installés en France. Le cas d'Elancourt relève d'initiatives locales, il en est de même à Limoges et dans les Landes (où un « cartable numérique » a été distribué à tous les collégiens). Grâce aux efforts des collectivités territoriales depuis dix ans, il y a désormais environ huit élèves pour un ordinateur, ce qui situe la France dans la moyenne européenne. Les inégalités subsistent toutefois, surtout entre l'élémentaire, sous-équipé, et le secondaire. Le ministère de l'Education nationale entend y remédier, par exemple en débloquant 50 millions d'euros pour doter 5 000 écoles rurales.

Il faut faire entrer définitivement le « mammouth » dans l'ère numérique. « Aujourd'hui, nous accompagnons les enseignants dans l'usage des nouvelles technologies », explique Jean-Yves Capul, de la sous-direction des Tice (technologies de l'information et de la communication pour l'éducation), qui rappelle que « les profs n'ont plus le choix ». En effet, en intégrant en 2006 la « culture numérique » dans le socle de connaissances et de compétences de la scolarité obligatoire, et en couplant le B2i (brevet informatique et Internet) au brevet des collèges, l'école s'est donné officiellement une nouvelle mission : « réduire la fracture numérique et initier les élèves à un usage raisonné et responsable de ces techniques ».

Photo : Laurent Troude

Mais, du côté des profs, il y a toujours dans ce domaine « les athées et les croyants », pour reprendre le mot de Serge Pouts-Lajus, responsable de l'Observatoire des technologies pour l'éducation en Europe. Si 95 % utilisent désormais l'informatique pour préparer leurs cours, par exemple en consultant les ressources en ligne développées par des associations pionnières (Sésamath en mathématiques, Clionautes en histoire-géographie, et WebLettres en français), seulement 66 % déclarent avoir utilisé un ordinateur en classe au cours de l'année écoulée (1).

Les choses pourraient bien changer avec les outils nouvelle génération, très séduisants. En cours de langue, les collégiens de l'académie de Bordeaux s'entraînent sur des baladeurs numériques. Dans 40 écoles pilotes, les enfants discutent avec des camarades étrangers via un dispositif de visioconférence. Et bientôt, peut-être, les étudiants goûteront aux joies des « jeux sérieux », ces jeux vidéo à contenu éducatif déjà très développés aux Etats-Unis pour la formation des adultes. 30 millions d'euros viennent d'être débloqués à cette fin par le Conseil des ministres.

“Tout professeur doit y trouver son compte, en termes de motivation des élèves,
de renouvellement de son enseignement.”

Preuve de l'évolution en marche : la multiplication des blogs de classe - les trois principaux hébergeurs, Le Café pédagogique, Le Web pédagogique et Curiosphere, en répertorient près de 8 000. Vitrines des travaux d'élèves, cours en ligne ou interface de communication et de création collaborative, il y a autant de sortes de blogs que de méthodes pédagogiques. « Tout professeur doit y trouver son compte, en termes de motivation des élèves, de renouvellement de son enseignement », affirme Alain Lamotte, animateur du Groupe de réflexion et d'expérimentation en informatique dans les disciplines, mis en place par l'académie de Créteil. Mais attention : ces outils « quasi miraculeux » ne font pas le bon prof. Il ne s'agit pas de rendre les enfants ou les adolescents cyber-dépendants. Un équilibre reste donc à trouver « entre Google Earth, les cartes murales et les manuels ».

La médiation de l'écran modifie déjà la relation prof-élève, la relation au savoir, voire le savoir lui-même. Avec l'ordinateur, le maître n'est plus la seule source d'informations de ses élèves, mais un organisateur d'activités, souvent en petits groupes. Il enseigne moins des connaissances que des compétences - autonomie, travail en équipe, etc. Pour Eric Weill, inspecteur de l'Education nationale à Elancourt, nous sommes au seuil d'une « révolution pédagogique »qui remettra en cause, à terme, les examens académiques, comme au Danemark, où l'on vient d'autoriser Internet au bac. La technologie moderne ringardiserait donc définitivement la leçon du maître ? C'est ce que déplore Antoine Drancey, professeur de français dans un collège du Calvados, fondateur de la liste de discussion Profs.fr et président de l'association Dictame, qui gère un portail de ressources en ligne. Loin d'être technophobe, il utilise quotidiennement en classe un vidéo-projecteur, mais à la manière d'un « super-tableau », pour mieux capter l'attention de toute la classe. Il refuse d'« enchaîner ses élèves à des claviers »,craignant qu'ils « ne substituent le clic à une réelle démarche cognitive ».

Au-delà de l'éternelle querelle des Anciens et des Modernes, quel est le bénéfice réel des TIC en termes d'apprentissage ? Selon l'INRP (2), les études internationales s'avèrent contradictoires. Sûr que les élèves sont plus motivés, pas sûr qu'ils apprennent mieux. Quoi qu'il en soit, le passage de l'école au tout-numérique constitue une manne pour les entreprises qui produisent matériel et ressources. Jean-Yves Capul a beau rappeler le principe de neutralité économique de l'Education nationale, nombreux sont les enseignants qui s'inquiètent, par exemple, de l'emprise de Microsoft, via, entre autres, un accord-cadre signé en 2003…

Fanny Capel
Télérama n° 3099

 

(1) Sondage cité dans le rapport d'audit de l'Inspection des finances et de l'Inspection générale de l'Education nationale, « Contribution des TIC à la modernisation du système éducatif », mars 2007.

(2) Institut national de recherche pédagogique, dossier d'actualité no 41, « Impact des TIC dans l'enseignement », janvier 2009.

 

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04/06/2009

Télérama 4 juin - Bernard Stiegler : “Il y a beaucoup d’inventions qui ne produisent aucune innovation”


LE PHILOSOPHE ET…
LA MODERNITÉ

Le 4 juin 2009 à 13h01
Tags : spécial innovation philosophie

NOUVELLES TECHNOS - Constatant l'échec du consumérisme, le philosophe Bernard Stiegler soutient que seule l'intelligence collective permettra une économie innovante. Entretien, dans le cadre d’un “spécial innovation” que nous déclinerons jusqu’à ce week-end.


- photo : Pierre-Emmanuel Rastoin

C'est la bonne nouvelle de ces temps de crise, l'innovation innove ! Quelque chose semble mourir : le système capitaliste consumériste qui, à force d'avoir détourné le désir et la création en pulsions d'achat, a fabriqué des sociétés démotivées, autodestructrices.

Mais quelque chose d'autre est en train de naître : une innovation non plus conçue par le haut, par des ingénieurs et du marketing, mais émergeant de réseaux, d'échanges de savoirs, d'amateurs passionnés.

En quelques années, les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont renversé le modèle de l'innovation. Infatigable penseur du monde moderne, le philosophe Bernard Stiegler est au cœur de la construction de cette « économie de la contribution » (il publie ces jours-ci Pour une critique de l'économie politique). Avec l'Institut de recherche et d'innovation (IRI), qu'il a fondé au centre Pompidou, à Paris, il réfléchit aux industries culturelles de demain. Dans l'association Ars Industrialis, il a réuni un réseau international de compétences (intellectuels, artistes, scientifiques, ingénieurs, banquiers...) pour penser une « politique internationale des technologies de l'esprit ». Pour lui, une seule voie pour l'innovation : l'intelligence collective.

L'innovation a une histoire, liée à celle de l'entreprise, de l'industrie, des technologies de pointe. Quand l'innovation a-t-elle été... inventée ?
J'aime situer sa naissance vers 1780. Cette année-là, en Angleterre, deux personnages se rencontrent : l'ingénieur James Watt, qui a donné son nom à l'unité de mesure de la puissance et mis au point la première machine à vapeur exploitable, et l'entrepreneur Matthew Boulton. De la rencontre entre l'ingénieur et l'entrepreneur va naître l'économie industrielle. En effet, ils créent ensemble une entreprise où ils développent ce qui va devenir les machines-outils. Boulton a très vite compris que l'industrie allait connaître avec le machinisme de perpétuelles transformations. L'économiste Joseph Schumpeter (1883-1950) théorisera les lois du changement économique cent trente ans plus tard. Mais c'est dès la fin du XVIIIe siècle que commence l'ère industrielle de l'innovation permanente. L'innovation caractérise en cela la société moderne et elle est rendue possible par l'apparition de la technologie.

Qu'est-ce qui distingue invention et innovation ?
Il n'y a pas d'innovation sans invention, mais il existe beaucoup d'inventions qui ne produisent aucune innovation. L'innovation consiste à socialiser des inventions technologiques, elles-mêmes issues de découvertes scientifiques.

Innover, c'est produire du nouveau (méthodes, objets, services) pour l'installer sur un marché. Et la guerre économique se livre sur ce terrain de l'innovation. France Télécom a largement contribué à établir la norme GSM (en téléphonie mobile), mais c'est Nokia qui l'a socialisée, donc qui a été innovante. Le Cnet (Centre national d'études des télécommunications), ancêtre d'Orange Labs, était un des meilleurs laboratoires de recherche au monde. Mais en France, où il y a d'excellents chercheurs, le management ne sait pas valoriser la recherche - le nez collé sur le court terme, il accuse d'autant plus les chercheurs de conservatisme qu'il manque de vision de l'avenir et refuse de prendre des risques.

Quels sont les risques de l'innovation ?
Selon Jeremy Rifkin, dans la seule année 1995, Sony a produit cinq mille produits nouveaux. La plupart ont disparu très vite. Pour innover industriellement, c'est-à-dire sur des marchés mondiaux, il faut être capable de risquer dans la recherche et le développement beaucoup d'argent, et souvent à perte. Mais lorsqu'il y a des gains, ils constituent l'avantage concurrentiel - c'est-à-dire le nerf de la guerre économique.

Mais ce modèle d'innovation n'est-il pas à bout de souffle, à force de courir après une technologie qui change de plus en plus vite ?
Il l'est pour plusieurs raisons. La première, en effet, est l'accélération exponentielle du changement technologique - c'est aujourd'hui le plus rapide qui gagne le marché. Cette accélération tend à fragiliser la société, qui n'a plus le temps de faire de cette innovation technologique un apprentissage social, c'est-à-dire un nouveau savoir-vivre.

En plus, si Sony est en train de mettre au point un nouveau procédé, il y a toutes les chances pour qu'en Californie ou ailleurs quelqu'un travaille sur un sujet proche. C'est alors le marketing qui fait la différence en imposant une nouvelle pratique sociale sous le nom d'une marque et par un véritable matraquage psychologique. Cette concurrence effrénée est le signe d'un autre essoufflement, que Karl Marx avait en partie anticipé, en disant que la compétition économique conduisait à la baisse tendancielle du taux de profit et que le capitalisme n'y survivrait pas. Il n'avait pas prévu cependant qu'après le modèle productiviste du XIXe siècle d'autres modèles de production et de socialisation de l'innovation seraient inventés, en particulier par Henry Ford aux Etats-Unis, et qui allaient conduire au consumérisme.

“En inventant la figure du consommateur, Ford a résolu - très provisoirement - le problème du chômage par une production de masse profitant à tout le monde, y compris aux travailleurs.”

En quoi le fordisme a-t-il résolu les problèmes du capitalisme ?
Ce modèle industriel, en inventant la figure du consommateur, permet de résoudre - très provisoirement - le problème du chômage par une production de masse profitant à tout le monde, y compris aux travailleurs. Dans le modèle du XIXe siècle, celui qu'illustrent les romans de Dickens, les prolétaires n'avaient aucun pouvoir d'achat. Ils avaient seulement, comme disait Marx, la possibilité de renouveler leur force de travail : à peu près de quoi se nourrir très mal dans leurs taudis et y faire des enfants qui, lorsqu'ils survivaient, fournissaient la nouvelle main-d'oeuvre. Avec Ford, les Etats-Unis ont inventé le fameux « mode de vie américain », qui repose sur une nouvelle organisation de l'innovation : il ne s'agit plus seulement de mettre au point de nouveaux produits, mais de nouvelles manières de les vendre à tous, et dans le monde entier. Autrement dit, le marketing est consubstantiel à cet âge de l'innovation. Le marketing a d'abord été pensé par Edward Bernays, un neveu de Freud, inventeur des public relations. Avec les théories de son oncle, Bernays a pu conceptualiser en économie la différence entre le besoin et le désir. Si, en 1992, vous demandez à la population française si elle est prête à acheter un téléphone portable et à s'abonner au service qu'il requiert, elle répond négativement : cela ne correspond à rien dans son mode de vie. Les populations sont structurées par des systèmes sociaux qui tentent de résister aux changements. Edward Bernays, qui l'avait compris, savait aussi qu'on ne transforme pas le comportement des individus en s'adressant à leur raison ou à leur conscience pour des « besoins » qu'ils n'ont pas, mais en captant leur attention pour détourner leur désir - ce que Freud appelle leur « énergie libidinale » - vers les marchandises. L'innovation associée au marketing pour capter le désir constitue dès lors l'économie libidinale capitaliste.


Vous en êtes un critique virulent, puisque, selon vous, le consumérisme a finalement détruit tous nos repères sociaux...


Pour innover, il faut sans cesse conquérir des marchés, si bien que tout devient marché. Or, généralement, ce qui fait la valeur de la vie (aimer quelqu'un, admirer une oeuvre, défendre une idée...) n'a pas de prix : les objets du désir sont par structure infinis, c'est-à-dire incalculables. En les soumettant au marché, on détruit le désir, qui est réduit à un calcul. Cela produit une société démotivée, qui a perdu toute confiance en elle, où il n'y a plus de relations sociales, et où triomphe le contraire du désir, à savoir la pulsion : la guerre de tous contre tous, une société policière, comme tend à le devenir la société sarkozyenne. Une société très dangereuse.

 

N'est-ce pas la consommation elle-même qui fait problème aujourd'hui ?
En effet, le modèle économique de cette innovation n'est plus viable puisque la consommation y est soutenue par des moyens toxiques : le surendettement organisé fabrique des consommateurs irresponsables, accros et honteux de l'être. Nous savons que le consumérisme détruit notre santé et la planète. Nous rejetons des déchets polluants qui compromettent l'avenir de nos enfants tout en lésant les milliards de gens qui crèvent de faim dans le monde... Le temps est bien fini du rêve américain, qui promettait progrès et bonheur pour tous par le marché : tout cela aboutit à la crise de 2008. Cent ans après le succès de la Ford T, le fordisme est épuisé, et le consumérisme apparaît pour ce qu'il est : une mécroissance.

“A l'époque des technologies industrielles numériques, une nouvelle culture émerge, qui appelle l'invention d'une nouvelle civilisation.”

Sombre tableau ! Quelle innovation est encore possible ?
Un nouveau modèle d'innovation est en train de s'inventer : on est passé d'un processus hiérarchique, produit par le haut pour redescendre vers les applications, à l'« innovation ascendante ». Les technologies numériques ont permis ce renversement. Une véritable infrastructure de la contribution se développe depuis vingt ans via Internet, où il n'y a plus des producteurs d'un côté et des consommateurs de l'autre, mais toutes sortes de « contributeurs ».

C'est ainsi que se forme un nouveau modèle industriel, celui d'une « économie de la contribution ». Apparu dès les années 1990 d'abord avec les logiciels gratuits, il s'est étendu à d'autres domaines avec les médias numériques. L'encyclopédie en réseau Wikipédia, qui devient un passage obligé pour tout utilisateur d'Internet, en est un exemple frappant. Quelles que soient les critiques que l'on peut en faire, Wikipédia a conçu un système d'intelligence collective en réseau auquel contribuent des millions de gens.

Est-ce que parfois, avec ces systèmes participatifs, on ne se paye pas de mots ?
Disons « contributifs » plutôt que « participatifs » - ce terme ayant été galvaudé par le populisme rampant. La duplicité de ces technologies est évidente : elles appartiennent au genre de ce que les Grecs appelaient des pharmaka, qui sont des réalités à double face, à la fois des remèdes et des poisons.

Platon montre dans Phèdre que l'écriture est un pharmakon qui, entre les mains des sophistes, devient le poison qui impose les clichés du « prêt-à-penser ». Mais c'est aussi l'écriture qui fonde la rationalité mathématique et scientifique aussi bien que le droit public, l'histoire et la géographie. Cela suppose cependant un projet de civilisation, en l'occurrence la culture occidentale. A l'époque des technologies industrielles numériques, une nouvelle culture émerge, qui appelle l'invention d'une nouvelle civilisation.

“La spéculation a détruit l'investissement, c'est-à-dire la motivation créative à l'origine de l'innovation durable.”

Que pensez-vous de ce que l'on appelle l'« économie créative » ?
Depuis la fin du XXe siècle, cette démotivation dont nous avons parlé à propos des consommateurs affecte tous les acteurs économiques, aussi bien les producteurs, les concepteurs, les investisseurs que les populations auxquelles ils s'adressent. La spéculation a détruit l'investissement, c'est-à-dire la motivation créative à l'origine de l'innovation durable.

C'est pour lutter contre cet état de fait que se mettent en place depuis quelques années les économies créatives promues par John Howkins ou Richard Florida. Il s'agit de remettre en marche la machine à innover. En clair, rassembler sur des territoires privilégiés (des « clusters ») artistes et ingénieurs, musiciens et managers (une « creative class »), pour former une sorte de bouillon de culture.

Le problème de ces économies créatives est que celles-ci restent pensées dans le modèle consumériste : on cherche à utiliser les talents des « créatifs » pour lutter contre la débandade de la consommation. Or, c'est aussi pour retrouver le désir, pour construire une société créative, qu'une partie croissante des jeunes générations s'éloigne progressivement du modèle consumériste, rejette un modèle qui ne la fait plus du tout ni rêver ni désirer, et s'engage dans des pratiques contributives singulières que le marketing tente évidemment de récupérer. Je pense que cette économie de la contribution est le véritable enjeu d'une société créative, bien au-delà de la supposée « creative class ».

Comment, dans le domaine culturel, un système contributif peut-il fonctionner ?
Les industries culturelles ont fabriqué un consumérisme culturel qui est incompatible avec une véritable expérience artistique et intellectuelle. Nous voyons donc apparaître là aussi, avec les nouvelles technologies culturelles, d'autres comportements face aux oeuvres, aux arts et aux savoirs sous toutes leurs formes. Des communautés de passionnés se forment, échangent des savoirs et reconstituent une faculté de juger. Le public est la nouvelle avant-garde : c'est lui qui inventera les institutions culturelles de demain. Dans cet esprit, nous avons développé à l'Institut de recherche et d'innovation le logiciel Lignes de temps, qui est désormais en usage dans des universités et des écoles d'art du monde entier. Ce logiciel permet d'analyser des films (ou d'autres oeuvres, spectacles, colloques...) et de constituer un appareil critique autour duquel se forme un réseau de cinéphiles. Il y a cinquante ans, la politique culturelle de Malraux était destinée à former des amateurs d'art, et non des consommateurs de culture. Les technologies culturelles et l'économie de la contribution revalorisent cette figure de l'amateur - c'est-à-dire du public capable de discerner et d'apprécier.

Cette économie de la contribution peut-elle durablement fonctionner si la contribution n'est pas rémunérée, fût-elle produite avec la passion de l'amateur ?
Je soutiens une vieille idée défendue par le plus libéral des libéraux, Milton Friedman : le revenu minimum d'existence. Idée qui a été relancée par André Gorz et que promeuvent en ce moment Olivier Aubert, Maurizio Lazzarato et Yann Moulier-Boutang. Ils prennent l'exemple de l'abeille, qui produit du miel, mais dont la valeur tient bien plus à sa fonction de pollinisation, qui permet la reproduction des végétaux, la nourriture des animaux et notre propre survie... Aujourd'hui, de plus en plus de contributeurs créent une valeur qui ne s'évalue pas sur le marché mais permet aux autres activités économiques de se développer. Cette « pollinisation » doit être rémunérée et mutualisée. Einstein aurait dit que l'humanité mourra d'avoir détruit les abeilles.

Devenons collectivement plus intelligents pour ne pas en arriver là.

Propos recueillis par Catherine Portevin
Télérama n° 3099

Photos : Pierre-Emmanuel Rastoin pour Télérama

A lire :
Le Design de nos existences à l'époque de l'innovation ascendante,
sous la direction de B. Stiegler, éd. Mille et Une Nuits, 336 p., 23 €.
Pour en finir avec la mécroissance, Quelques réflexions d'Ars Industrialis, de B. Stiegler, A. Giffard et C. Fauré, éd. Flammarion, 310 p., 20 €.
Pour une nouvelle critique de l'économie politique, de B. Stiegler, éd. Galilée, 105 p., 17 €.

A suivre :
Rencontres européennes de la création et de l'innovation au festival d'Aix-en-Provence et d'Avignon : « création artistique et créativité ».
Le 10 juillet au Centre des congrès d'Aix, les 11 et 12 juillet au lycée Saint-Joseph d'Avignon.

 

 

VOS REACTIONS (5 commentaires)

lynch007 - le 4/06/2009 à 14h24
Monsieur Stiegler,
J'ai bcp aimé certains de vos livres dont la télécratie contre la démocratie mais je trouve que vous tombez de plus en plus dans l'angélisme inverse.
Il y a un équilibre à trouver, on n'est plus à l'époque de Marx. Et arrêtez votre populisme indigne d'un intellectuel qui se veut visionnaire. Vous savez bien que la société est aujourd'hui très individualiste et que tous les gens ne sort pas forcément des génies intellos humanistes capables de discerner et d'apprécier quoi que ce soit. Je travaille dans le milieu éducatif et les blogs, forums sont devenus la plaie culturelle de notre époque, sorte d'exutoire raciste, de haine, de frustration terrifiant. Internet c'est très bien sur le plan culturel pour certaines pratiques mais aussi terrifiant pour d'autres. C'est le débat de la fracture culturelle. Soyez un peu réaliste vous aussi...

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oledeuff - le 4/06/2009 à 21h18
Je crois que penser que tous les blogs et les forums sont mauvais témoignent d'une forte méconnaissance du commentateur précédent. Certes, ces techniques ont un côté double et elles ne sont pas toujours utilisées à bon escient. Mais en faire un tel descriptif entièrement négatif quand on travaille dans le milieu éducatif est effectivement gênant. Il convient de montrer les côté positifs (et donc aussi négatifs) de ces techniques et non pas de les bouter hors de la sphère scolaire. Ce n'est pas le débat de la fracture culturelle en fait si ce n'est que dans votre esprit il s'agit de défendre une culture littéraire normée face à une culture dite de masse. Bernard Stiegler cherche plutôt à montrer que ces techniques peuvent aussi constituer des moyens de construire des systèmes de transmission, de partage, d'innovation et de veille. Faut-il pour cela sortir quelque peu de ces dogmatismes. Il s'agit non pas de surveiller ou de décrier mais de construire de la confiance et des systèmes de veille et de prise de soin.

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nitot - le 6/06/2009 à 13h43
Excellent article, bravo Télérama ! Ca fait plaisir de voir que l'innovation contributive est de plus en plus reconnue. Petit reproche toutefois, là où M. Stiegler parle de "logiciels gratuits apparus dans les années 1990", je pense qu'il faudrait parler de "logiciels libres (et accessoirement gratuits)" (qui sont en fait antérieurs, mais Internet a rendu leur distribution plus facile). Sur la distinction entre libre et gratuit, voir deux articles que j'ai écrit :
http://standblog.org/blog/post/2006/06/29/93114842-a-prop... et http://standblog.org/blog/post/2009/06/04/A-propos-de-gra... .
--Tristan Nitot, contributeur au projet Mozilla (Firefox) et Wikipedia.

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Uiox - le 6/06/2009 à 14h49
wouahhh!!! La poule et l'oeuf revisité: c'est la poule ou la poule qui fait la poule? Je vous invite à aller voir un wikipédia sur papier qu'est le Larousse (non, non elle ne l'a pas fait toute seule) les définitions de invention et innovation. Ensuite quand on parle de marché et consommation il pourrait être utile d'avoir un peu appris ce qu'est le marketing et la segmentation d'un marché. Pour finir il faut être bien naif (ou un marxiste recyclé roublard) pour faire l'apologie du gratuit.

 

 

 

 

Uiox - le 6/06/2009 à 15h01
Suite precedent - quand tous les économistes se grattent la tête pour trouver un moyen de vendre ce qui est gratuit. Dans le systéme d'Apple ya bien 80% d'un bon vieux UNIX...

22:38 Publié dans Modernité, Télérama | Lien permanent | | Tags : bernard stiegler, intelligence collective | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |